Cellulite, capitons, bourrelets, vergetures, mollesse, largeur, épaisseur, lourdeur. Que des gros mots. C’est du moins ce qu’on a assimilé depuis toujours et ce que tente de déconstruire une nouvelle mouvance d’influenceuses. Comme Danae Mercer sur Instagram qui dénonce la pseudo perfection de ce que nous faisons défiler sur nos téléphones portables. Puisque le beach body parfait n’existe pas, aime-toi telle que tu es !
Aime-toi, tout simplement. Chérir un corps parfait dans son imperfection, écouter ce qu’il nous dit sans le contraindre. Vivre en se soustrayant des diktats, des injonctions, des côtes apparentes, des regards, des comparaisons et des concours de thigh gap (espace entre les cuisses). Oh joie ! C’est possible, vous savez… Ton beach body n’est pas mon beach body. Et c’est très bien comme ça.
Les publicités de marques populaires de vêtements commencent à intégrer plusieurs formes de corps, différents types de femmes. Certaines Unes de certains magazines laissent entrevoir d’autres messages que celui du fameux régime miracle à deux semaines de la plage et des corps uniformes minces, voire très minces. C’est, nous l’espérons, l’avènement d’une nouvelle ère qui offre aux femmes, et aux hommes, la possibilité d’être eux-mêmes. Et de se sentir bien comme ça.
Instagram, un mensonge en images
Danae Mercer n’est pas la seule. Mais son histoire laisse songeuse. Elle nous interpelle parce qu’elle a justement expérimenté les deux côtés de la force. Rescapée de troubles alimentaires sévères, d’une anorexie qui a failli la tuer, Danae a pris la meilleure décision de sa vie : aime-toi telle que tu es ! Avec son enthousiasme débordant, son sourire gigantesque et son auto-dérision à toute épreuve, elle démystifie la pin up tout en os et en fesses lisses d’Instagram. Sa légitimité réside également dans sa profession, ex-journaliste de Cosmopolitan, elle a visité toutes les coulisses et connaît tous les secrets de fabrication des modèles sur papier glacé.
Son expérience est loin d’être unique. Ainsi, elle publie sur son compte Instagram autant de clichés que de manières de prendre son corps en photo. La réalité est ailleurs. Certainement pas dans les plastiques “beach body”soit disant parfaites qui défilent, figées, mises en scène, sur nos téléphones portables. Soyez certains qu’il n’y a pas que des maigrichonnes qui font du yoga…
Selon la pose, la lumière, le cadrage, l’illusion est parfaite. Un peu de cambrure par-là, un muscle tendu par-ci, les abdos serrés, le popotin de côté, et hop ! Tu as 10 kilos de moins ! Des photos qui frustrent toute femme mal dans ses baskets, toute jeune fille en quête d’identité. Jamais assez mince. Une impression de but à atteindre, de Saint-Graal qui pousse à se restreindre, à se torturer mentalement et physiquement et qui dénombre chaque année ses victimes.
L’éducation, la base de l’estime de soi
Ceci-dit, loin de nous l’idée de diaboliser les réseaux sociaux, notamment Instagram. Mais ce n’est pas pour rien qu’ils ne sont pas (sensés être) accessibles aux mineurs de moins de 16 ans. Une éducation est nécessaire pour les utiliser tels qu’ils sont : une fenêtre photographique sur ce que l’auteur du compte souhaite montrer, sur ce qu’il souhaite donner comme image de sa personne, de son entourage, de son univers. Ce n’est donc pas une fenêtre ouverte sur le réel. Si les publications n’ont pas de but ou de sens artistiques, la volonté éditoriale, le story tellingn’y sont pas moins présents. Promotionnel, commercial, narcissique, militant, personne ne publie de photo sans objectif, avoué ou non.
Est-ce un problème ? Non. À condition d’en être conscient et de ne pas se laisser happer ou déprimer par l’idée de vie de rêve, de beach body idéal que l’on ingurgite. Voyeur captif. Consommateur aveuglé. Humain dénigré. Être très mince n’est pas un problème, être toute en rondeurs non plus, tant que rien n’est vécu dans la souffrance ou la privation. Aime-toi telle que tu es, une gageure pas si simple à assumer mais que nous sommes heureuses de voir (timidement) surgir.
Beach body : aime-toi toi-même !
Même si nous sommes conditionnées à ne pas aimer, ne pas trouver esthétiques, les vergetures, la cellulite et autres disproportions grasses des corps que nous disséquons d’un regard juge, il est sain et, je dirais même plus, salvateur, pour nous et nos filles, d’en voir de plus en plus. À la télévision, dans les films et les séries, les publicités et, surtout, les murs des réseaux sociaux, toutes ces instances qui imposent une image de ce que doit être la norme. Afin que nos yeux si critiques s’habituent et finissent par ne plus faire de jugements de valeur comparatifs entre un corps ou un autre. Que nous les regardions uniquement comme étant une représentation de la diversité humaine. Et puis c’est tout. Vous imaginez si la nature nous avait faites toutes pareilles ?
Alors merci Danae Mercer. Merci Louise Aubery. Merci à toutes celles qui nous montrent que la beauté est ailleurs. Dans une attitude, dans un sourire, dans un trait d’esprit. Dans ce qui est vrai, peut-être ? Est-ce que vous choisissez vos amis en fonction de leur tour de taille ? Vous passez une bonne soirée grâce au ventre plat de votre voisine de droite ? La plus romantique de vos nuits a-t-elle été organisée par les clavicules apparentes ou les abdos en béton de votre dulciné(e) ?
Qu’est-ce qui donne de la substance à votre vie, dans le fond ? Et si pour s’en rendre compte, il faut voir la danse du bourrelet de demoiselles bien dans leur féminité, à l’aise dans leur maillot, prêtes à dévoiler un corps réel, sain, tel qu’il doit être pour être en bonne santé, soit. Aime-toi, ton beach body te le rendra !
