Genève pluvieuse mais Genève heureuse. Parce qu’elle est fière, Genève, de ne pas avoir froid aux yeux, de ne pas avoir peur de s’attaquer à ce qui rampe, ce qui grouille, ce qui grimpe, ce qui creuse. Oui, elle n’a pas peur de remplir les salles obscures de son Muséum à chaque apparition nuageuse avec des hordes d’enfants humidifiés voire détrempés. Elle ne craint pas de parler de larves, de pattes, d’antennes et de mandibules à des citadins trop civilisés pour supporter que d’autres espèces, même les plus microscopiques, s’attaquent à leur sandwich ou s’infiltrent dans leur salle-de-bain. Même si le béton laisse peu de place à l’expression animale, les enfants des villes savent néanmoins à quoi ressemble une girafe, un phacochère, une mangouste ou un dodo, un vrai, grâce à cette institution qui a vu grandir plusieurs générations de petits d’homme. Et depuis le mois de mai, à l’instar de l’odeur du musée que chaque genevois saurait reconnaître entre mille, la fourmi n’a plus aucun secret pour personne.

Effectivement, la fourmi, ou LES fourmis devrions-nous dire, s’exhibe sous toutes les coutures, de tous ses petits poils. Espèces connues ou moins, minuscules ou géantes (elles n’atteignent pas encore la taille de l’éléphant mais ne sont tout de même pas les bienvenues sur la table du pique-nique) le Muséum recense et raconte la vie de cet insecte qui, lui aussi, vit dans une mégalopole. Hong-Kong peut aller se rhabiller ! Et à échelle de fourmi, la Suisse c’est une boulinette de terreau les amis.

Les princesses, les mâles reproducteurs bien vites sacrifiés, les ouvrières, les soldates, les tisserandes et les reines se sont installés au troisième étage du musée genevois cinquantenaire qui décrypte les différents modes de vie de ces petites bêtes futées et organisées, fascinantes pour tous ceux qui ont lu un jour Bernard Werber. Visuelle, ludique, tactile et interactive, la visite ravit les plus grands comme les plus jeunes. On fait un quizz ?

Une différence de taille à souligner ici, la totalité des installations est accessible aux sourds et aux aveugles. Les vidéos sont signées et les commentaires des panneaux également écrits en Braille. Personne ne sortira de là en ayant l’impression d’avoir été oublié… Enfin sauf les enfants de Josiane qui se sont retrouvés abandonnés pendant que celle-ci suivait une course de fourmis, endiablée et pleine de suspense, sans omettre les obstacles à franchir et les charges-sur-mandibules des challengers. Une poursuite de folie que l’insecte numéro 27 a fini par remporter au prix d’un slalom interminable et épuisant entre ses congénères désorientées. Incroyable. Sont où mes enfants ?

Une fois les couvains retrouvés, on se pose la grande question de la reine fourmi. Parce que tous les visiteurs n’ont que ce mot à la bouche : “Elle est où la reine ? T’as vu la reine ? Mais non, mon chat, elle est bien plus grosse la reine ! Pfffff, t’as rien compris, il ne peut pas y en avoir plusieurs dans la même fourmilière ! Siiiiiiiii, je l’ai lu ! Et toi maman, toi aussi tu es une reine.”
Alors on vous arrête tout de suite. Quelle horreur ! Cette pauvre fourmi atteinte de gigantisme, après avoir survécu à un vol traumatisant au cours duquel elle a perdu la totalité de ses frangines, se voit enfermée à vie au fond du nid avec sa réserve de spermatozoïdes pour ne plus jamais voir la lumière du jour, condamnée à pondre des larves jusqu’à ce que mort s’en suive. Du pur esclavagisme. Il n’y a pas de droit des fourmis ? De journée de la reine fourmi pour protester contre cette négation des libertés fondamentales ? Peanuts ! Tiens, voilà ta vie majesté. Et il faudrait encore qu’elle remercie d’avoir le privilège d’être la plus grande. Pfff !

– “Non, c’est juste que tu es ma reine à moi maman.”
– “Oui, bien sûr que je suis ta reine, et tu es mon prince mon canard, pour toute la vie, jusqu’au bout de l’univers et retour.”
Excusez-nous, on va poser nos couronnes un instant et regarder comment n°27, vainqueur incontestée du transport de feuille en conduit étanche, va se débrouiller pour se frayer un chemin dans le champignon qui lui sert de maison. Et puis si ça vous intrigue, vous pouvez toujours nous rejoindre au Muséum. Nous sommes juste devant le vivarium, sur notre trône en hermine, vous ne pouvez pas nous louper.

ENJOY THE SUMMER !

Museum d’Histoire Naturelle
Route de Malagnou 1, 1208 Genève
Tél. +41 22 418 63 00
Ouvert du mardi au dimanche de 10h à 17h
Entrée libre
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Exposition Fourmis
Jusqu’au 7 janvier 2018
Gratuit jusqu’à 18 ans, plein tarif CHF 9.-
Entrée libre chaque 1er dimanche du mois

Cet article vous a été concocté par le blog JJSphere :
les bons plans, où sortir à Genève et les voyages des blogueuses Josiane & Josette !