Dire qu’on l’attendait relève presque du pléonasme. Pour les fans et les autres, l’épopée tirée de la série courte aux 458 épisodes passe au cinéma : Kaamelott – Premier volet sort (enfin) le 21 juillet ! Amen.
Tin-Ouin, tin-ouin, tin-ouin… Impossible de ne pas esquisser un sourire de jubilation quand les cors font sonner leurs notes reconnaissables entre toutes. Deux notes, fois trois, composées par Alexandre Astier, qui plongent immédiatement le spectateur dans l’univers médiéval de la table ronde. Blam, on y est, directement dans la forteresse du roi Arthur, fils Pendragon, souverain de Bretagne. Souverain ? Il l’était mais ne l’est plus. Il s’est enfui, a laissé sa place sur le trône à son rival, ancien chevalier fidèle, Lancelot du Lac. Le film Kaamelott – Premier volet commence ainsi. Mais où est Arthur ?
Le retour d'une bande d'incapables
Quel plaisir de retrouver ces bouilles (ou ces mouilles) qui n’ont pas tellement pris de rides (ou si peu) en dix ans. Et certainement pas leur verve ! Du livre au volet, Kaamelott a réuni tout au long de ses pages et de ses 5 ans d’existence sur le petit écran un nombre incommensurable de fans inconditionnels aux répliques cinglantes devenues des gimmicks. “C’est pas faux”, “le gras c’est la vie”, “on en a gros”, “ah ben tout à fait”. Toute une série d’expressions fleuries qui ont fait à elles seules le succès du programme court diffusé par M6.
Kaamelott – Premier volet
Le tyrannique Lancelot-du-Lac et ses mercenaires saxons font régner la terreur sur le royaume de Logres. Les Dieux, insultés par cette cruelle dictature, provoquent le retour d’Arthur Pendragon et l’avènement de la résistance. Arthur parviendra-t-il à fédérer les clans rebelles, renverser son rival, reprendre Kaamelott et restaurer la paix sur l’île de Bretagne ?
Quand le verbe est le roi
Car, avant les personnages, avant l’histoire épique de la table ronde et de ses chevaliers, c’est indéniablement la langue qui a la vedette dans Kaamelott. Et dans le film aussi. La succession de scènettes qui se vivent un peu comme des épisodes contraste par ses décors mais surtout par sa musique. La musique du verbe, du phrasé porté haut et fort, parfois un peu trop tant les répliques et les invectives sont balancées avec force pendant les 2h que dure le film. Alexandre Astier fait manger du mot à ses acteurs avec la malice et le talent d’un grand chef, qui manie aussi bien la fine gastronomie que la tarte au quetsche du dimanche.
On peut sans aucun doute dire que c’est ce qui nous a le plus manqué pendant cette longue absence. La langue qui a façonné les personnages. La bêtise explosive de Perceval et Karadoc désormais lancés dans la résistance souterraine. La mollesse d’un Merlin incapable. Le patois syndicaliste des paysans des terres de Logres. La perfidie froide de Lancelot et de ses acolytes. La bougonnerie fatiguée de Léodagan. Le verbe mielleux et doux du duc d’Aquitaine. Les proverbes inadaptés du roi Loth.
Une scansion. Le choix méticuleux des mots et des intonations. Comme celui du roi Burgonde qui tente, une fois de plus, d’attaquer château et langue sans y parvenir. Et puis une nouvelle partition, celle des Saxons, grandement incarnés par les musiciens Sting et Jehnny Beth qui mêlent vieil anglican et accent british à couper au couteau.
Des personnages qui reviennent en masse pour un casting tonitruant
Alain Chabat, Christian Clavier, François Morel, Géraldine Nakache, Antoine de Caunes, François Rollin. Outre les personnages récurrents de la série qui ont fait de ce programme une comédie culte, les invités, les guests stars, se sont aussi offert le voyage du petit au grand écran. Avec des bonus, de nouvelles frimousses veules et théâtrales qui n’ont pas été épargnées par les costumes ou les bouclettes grasses. Guillaume Gallienne, Clovis Cornillac, Sting ont rejoint le casting et s’y incorporent comme s’ils faisaient partie de la famille Astier & co depuis le début.
Au générique, on repère d’ailleurs que la tribu Astier n’a pas fini de jouer la comédie. Filles et fils font leur apparition et grandissent les rangs des oncles, tantes, grands, cousins, de sang ou d’amitié, qui n’ont jamais quitté les côtés d’Alexandre.
Mention spéciale à Alain Chabat qui interprète un duc d’Aquitaine plein de douceur, vêtu de soieries chamarrées et amateur de journées bien-être…
Alexandre Astier à la baguette
Qu’elle se prononce ou qu’elle se joue, la musique est omniprésente dans ce premier volet de Kaamelott. Le disque de la bande-originale sorti l’hiver dernier annonçait déjà la couleur. La partition est épique, symphonique et accompagne les images larges. Alexandre Astier à la baguette s’est adonné à son métier préféré. Ce n’est pas comme s’il n’avait qu’une seule corde à son arc, le roi Arthur ! On comprend ici à quel point ce sont les notes et les rythmes qui meuvent l’artiste virtuose depuis toujours. Quel que soit l’instrument, à cordes, à vent, à bouche. Tant et si bien qu’on se demanderait même s’il ne fait pas des films pour pouvoir faire de la musique…
La mention “premier volet” sous-entend qu’il y aura effectivement et comme prévu une trilogie qui clôturera définitivement (on verra…) la saga épique. Trouveront-ils le Graal ? Se lanceront-ils seulement sur les chemins de la quête, sous la houlette du roi Arthur Pendragon ? Sera-t-il de retour ? Qu’est-ce que ces flashbacks dans l’adolescence romaine d’Arthur veulent nous dire ?
Ce premier Kaamelott plante le cadre. On peut imaginer que ce format triptique étend l’action et que ce chapitre prend ses marques, remet les spectateurs dans le bain (avec quelques fleurs et des sent-bon). Passant d’une atmosphère à l’autre, on refait connaissance avec ces vieux amis perdus de vue et on retrouve, sourire aux lèvres, la fantaisie des costumes et (surtout) des couvre-chefs qui n’aident pas les personnages à sortir du ridicule. Du grand-guignolesque avec panache. On attend la suite pour que ça bouge… C’est pour quand ?
Kaamelott – Premier volet
Un film de Alexandre Astier, avec Alexandre Astier, Lionnel Astier, Alain Chabat, Joëlle Sévilla, Guillaume Gallienne, Anne Girouard, Sting…
En salle dès le 21 juillet 2021