Chez Tof. Soit. Mais d’abord, avant toute chose, il va falloir nous dire si le Tof en question est de la région de Bruxelles ou de celles d’Orléans. Parce que ce n’est pas du tout pareil ! De chic, super, excellent, tof peut passer en un clin d’oeil (ou quelques kilomètre) à benêt, dupe, voire même bolosse ou faigeon (si toutefois ces expressions s’utilisent encore de nos jours). Il nous a fallu faire le tour de Wiki et Larousse pour décrypter ces trois lettres. Peut-être, tout tof soit-il, ce sobriquet fait simplement référence à Christophe ou Christoph ou Kristof, ou Christobald. Mais dans ce cas-là, ça serait chez Bald et ça n’a rien à voir.

Serviettes à carreaux, tables en bois ou en formica, cuisine et bar qui se succèdent sur toute la longueur de la grande pièce en “L” qui contient aussi la salle de restaurant. On peut observer les cuisiniers qui travaillent à la lumière du jour qui pénètre par de grandes baies vitrées qui leur font face. La simplicité est le maître mot, pas de chichi, pas d’extravagance, on est chez Christophe et on est accueilli avec la convivialité d’un ami. Pour la carte, c’est pareil.

Des recettes roboratives, mais surtout des spécialités agrémentées de produits qui pourraient sortir directement de nos placards. Point de truffades et autres fourrades, point de mystérieux assaisonnements et appellations alambiquées. Enfin, presque. Rien n’est clairement nommé ici, vous l’aurez compris, même le patron, et la carte ne déroge pas à la règle. Loin des jeux de jambes soit-disant poétiques de certaines tables raffinées, Tof fait néanmoins dans la dentelle du dialecte à grand renfort d’expressions colorées. Des “ris-ris aux champipis”, du “panard”, des rognons à la lie de Louis (ça doit être un pote), le tout accompagné de riz “Pitof”et pour terminer “L’Tof Chrétien” qui, si bourre-tube soit-il, n’a pas à rougir de sa réputation. Il y a aussi des burgers, traditionnel ou du jour, selon l’inspiration du chef, avec une sauce secrète qui pourrait vous donner envie de revenir…

Nous avons eu le grand plaisir de déguster le lapin à la moutarde de la Grandma Tof , en cocotte à partager, servie sur table à la louche, à la bonne franquette, et nous pouvons affirmer sans complexe que nous nous sommes fait péter la panse. Assurément, la Grand-Mère de Christophe a su lui transmettre de belles compétences au fourneau !

La grande particularité de cette brasserie, mais pas que, c’est effectivement de retrouver sur les tables et dans les assiettes ce que la Suisse fait de mieux (ou en tout cas de plus caractéristique) en éléments comestibles. La sauce est à la tomme vaudoise, la mayonnaise au Cénovis, la salade est assaisonnée au Maggi, on boit du Vivi Kola, on déglace à la bière d’Echallens, la crème brûlée est à l’Ovomaltine, la panacotta au ricola. C’est à coup sûr une belle vitrine pour ce qui a titillé nos narines et nos papilles depuis l’enfance et que nous retrouvons avec plaisir, du bout de la langue. En fermant les yeux, en caressant le formica sur lequel reposent nos couverts, on emprunte les chemins tortueux de notre mémoire et on atterrit chez Mamie Jeanne, quand elle sort du placard un Dar-Vida pour y étaler une bonne couche de Gala.

Et pour préparer la nouvelle génération, pour intégrer dans son cerveau curieux des petites madeleines de Proust, Tof a prévu un coin qui lui est réservé. Avec des livres, des fauteuils confortables, une grande table basse pour dessiner et un menu à CHF 22.- juste pour eux, les enfants sont les bienvenus. La décoration industrielle faite de gris, de métal et de touches colorées est rehaussées d’objets récupérés qui, eux aussi, offrent un voyage dans le temps, comme si on traversait la vie de Christophe, de son enfance, désuète, à l’entrée, avec le téléphone qui trônait sur un guéridon chez ses parents, le grille-pain qui brûlait autant les tartines que les doigts imprudents, la balance de l’épicière du village, jusqu’à la relève, tout au fond de la salle de restaurant, où les plus jeunes d’aujourd’hui, de demain, s’approprient l’espace.

Et entre les deux ? Des adultes, des bons vivants, des gourmands. Au masculin ? En majorité, oui. Si vous vous demandiez où étaient les hommes, nous avons un élément de réponse : Chez Tof, Mesdames ! En bleu de travail, en pull cachemire ou en costard décontracté, les hommes déjeunent en masse ici. Il y en a pour tous les goûts. Comme en cuisine. Bref, un lieu à connaître, sans aucun doute.

Chez Tof
Chemin de Maillefer 145, 1052 Le Mont-sur-Lausanne
Tél. +41 21 625 01 45
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Ouvert en continu, de 9h à 23h du mardi au samedi,
de 9h à 16h le dimanche et le lundi
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