On ne jure que par elle, on ne voit qu’elle, on à envie de l’essayer, de la toucher, de l’éprouver : la cuisine qui fait du bien à la santé. Au corps et à l’âme. Aux animaux et à l’environnement aussi. Du moins, c’est ce qu’on voit en photo sur Instagram… Cuisine Healthy, info ou intox ?
Quand c’est Josiane qui choisit le resto, Josette se méfie. Un lunch vegan cuisine healthy saine et décomplexée ? Avec ses grands airs d’épicurienne, Josiane a des goûts très éclectiques. C’est quitte ou double. Parce que c’est une carnivore qui aime les pousses germées vegan bio, un bec à miel qui s’enfile des biscuits militaires Gerblé capables d’assécher la Méditerranée, une dingue qui fait toujours une salade avec la fondue (qu’est-ce qu’on s’en fiche de ta salade Josiane, on est là pour manger du gras !). De l’art d’être cohérente en toutes circonstance…
Bref, Josette se méfie. Le test du jour ? Un endroit, petit mais cosy sur photo, qui propose salades, soupes et sandwichs mais surtout de se faire plaisir en se faisant du bien. Un petit écrin déniché grâce à Instagram. De la cuisine créative “de la nouvelle ère” healthy, yummy et vegan (oui, quand on parle sain, on parle anglais). Saine, inventive et en accord avec le temps et la nature. Et des couleurs à foison. Tout ce qui fait papillonner les pupilles, frétiller les papilles, tout en tranquillisant la fameuse arrière-pensée balance-abdos-fessiers-taille38.
L’art de rendre la cuisine saine appétissante
De magnifiques photos, des bowls débordant de crudités saisonnières, des snacks faits maison sans gluten, sans lactose, sans matière animale. Et une seule envie, un seul but dans la vie : prendre soin de vous, de votre petit corps agressé par les menaces extérieures, bactériennes, virales, pléthore de particules fines qui attaquent notre organisme en mode “protection extrême”. Vive les vitamines et les fibres !
Mais Instagram nous ment…
Où sont prises ces photos ? Certainement pas dans le minuscule lieu sombre dans lequel nous avons pénétré. Pas de tables, pas de chaises, pas de toilettes. Et les assiettes bien dressées, colorées, alléchantes, débordante de vie et de vitamine B12 ? Pas là non plus. Où sont le quinoa croquant, la lentille corail et le pain au levain ? Vous voulez savoir ce qu’on en pense de la nouvelle ère ?
Nous ne sommes pas dupes. Que notre ami Cédric Chezeaux nous dise si ce pain est de fermentation longue, avec du bon gluten, d’une farine issue d’un blé élevé avec amour et patience ! Parce que c’est possible. Mais ici, on n’y croit pas une seconde.
Notre menu healthy, vegan et… yummy ?
Trois graines dans du pain blanc industriel tartiné au tofu et à la tapenade (locale, cela va de soi, les olives des Alpes c’est connu comme le loup blanc), un bout de concombre, une tranche de fenouil et – bim ! – pas loin de CHF 10.-/9€ le sandwich. Parce que oui, c’est cher le concombre hors saison.
Et nous ne vous racontons pas la grimace de Josette quand elle a porté à sa bouche dubitative la première fourchette (en plastique) de son Kale aux champignons assaisonné de bouillasse sans goût blanchâtre. Ce n’est pas de la cuisine ! Et ce n’est surtout pas parce que c’est (sensé être) sain que ça doit être à la limite du comestible.
Vous ne nous ferez pas croire qu’avec la tendance actuelle il est compliqué de se fournir en produits de saison locaux de qualité. Oui, encore faut-il savoir les apprêter, leur donner vie, prestance et saveurs. Mais là, personne ne force l’établissement en question à le faire… Ah si ! Son message. C’est un peu facile de vouloir surfer sur la vague du “bien-faire pour le bien-être”, encore faut-il se donner la peine de le faire avec un soupçon de cohérence et de sincérité. Non ?
De la cohérence, que diable !
Bilan : un tabouret dans un coin près du frigo, du plastique autour des sandwichs, autour des salades et dans nos bouches, pas de service, des boissons venues directement à cheval depuis l’Angleterre, du pain de supermarché, des muffins collants et mouillés, des quantités toutes relatives pour une addition qui, elle, était parfaitement relevée.
Nous sommes sorties frustrées, pas calées pour un sou, aussi vides que nos bourses avec une envie de grignoter qui nous a envahies dès le pas de porte franchi. On va se payer une Branche Cailler ma Jo ?
On veut du sain, on veut du bio, on veut du raisonné MAIS du vrai, de l’authentique, du potager de la tante Jacqueline ! Ce n’est pas parce que la barquette contient du Kale qu’elle nous fera du bien. Le plaisir de manger ne doit pas se définir par les calories ou le diktat des influenceuses californiennes, mais par l’évaluation gustative du plat.
Bien manger commence avec les yeux, avec le nez. Et tout ce plastique empêche le fumet de s’échapper – pour autant qu’il y en ait eu un – tout en faisant sa petite part de destruction planétaire. C’est alors impossible que notre corps ne soit pas en joie et en pleine santé (à voir notre article sur l’alimentation et la nutrition ici)
Nous pas contentes ! À midi, vous nous retrouverez chez Hamburger Foundation. Parce qu’il y en a ras le chia !
P.S. C’est marrant, quand c’est Soraya Bakhtiar, blogueuse internationale aux milliers de followers, qui vient manger, ce n’est pas servi pareil…