On l’adore et chaque fois qu’il intègre un casting, c’est un délice. Javier Bardem en patron sous pression d’une entreprise porte le film El Buen Patrón du réalisateur madrilène Fernando León de Aranoa , connu pour les excellents Escobar et A Perfect Day. Une réussite à ne pas manquer, dès aujourd’hui au cinéma.
Critique assumée du capitalisme, la comédie grinçante du réalisateur Fernando León de Aranoa, s’offre un Javier Bardem en pleine forme comme patron. Chef d’une entreprise familiale et patron incontesté de l’écran. El Buen Patrón. Avec toute la désagréable antipathie que l’acteur sait incarner à la perfection. Le film qui a fait fureur en Espagne et rafflé 6 Goyas, les Oscar/César/Bafta espagnols, arrive enfin dans nos salles de cinéma.
Encore une histoire d’entreprise qui rappelle le boulot ? Alors… oui. Mais surtout non. Parce qu’on rit, on s’offusque, on se délecte du politiquement incorrect cynisme étalé en couche épaisse. Dans les pas de sa magnifique épouse, Pénélope Cruz qui campe une réalisatrice flamboyante et insupportable aux cheveux aussi imposants que l’est sa prétention dans le film Compétition Officielle, Javier Bardem s’amuse à jouer les « têtes de con ». Un délice.
Javier Bardem est "El Buen Patrón" : trailer
Entre le « beauf » d’un patron de province un peu imbu de sa personne et une facette bien moins reluisante, presqu’inquiétante, qui ne fait que croître, Javier Bardem ne tombe jamais dans la caricature. Au point de faire grincer des dents, tant le personnage, sous prétexte de devoir faire face à des situations qui mettent à mal son sang-froid, cède aux plus vils des instincts que le pouvoir peut révéler. Tout ça en douceur, en émotions contenues, en mécanisme mesquins. C’est cinglant, c’est méchant, c’est acide… c’est jouissif. Le rire est jaune, la critique de la société capitaliste dans laquelle on baigne sans s’en défendre est évidente, la remise en question est nécessaire. Celle du Buen Patrón ? Évidemment. Entre autres…
EL BUEN PATRON
Un ex-employé viré qui proteste bruyamment et campe devant l’usine.
Un contremaître qui met en danger la production parce que sa femme le trompe.
Une stagiaire irrésistible…
À la veille de recevoir un prix censé honorer son entreprise, Juan Blanco, héritier de l’ancestrale fabrique familiale de balances, doit d’urgence sauver la boîte. Il s’y attelle, à sa manière, paternaliste et autoritaire : en bon patron ?
Effort, équilibre, fidélité : Cynisme social ou comédie patronale ?
Rhôoooo. C’est sans doute le son de votre réaction. Fernando León de Aranoa pousse le bouchon, millimètre par millimètre, et chatouille là où ça fait mal. Où ça fait peur, même. Inquiétude, parce que c’est peut-être un peu facile de stigmatiser ce fameux patron, bon ou mauvais, qui nous ressemble, tout compte fait. Sommes-nous foncièrement meilleurs que lui ? Paternaliste de prime abord, moins recommandable au premier accroc, El Buen Patrón perd l’équilibre. Effort et fidélité aussi.
EL BUEN PATRON
Un film de Fernando León de Aranoa
Avec Javier Bardem, Manolo Solo, Almudena Amor
Au cinéma dès le 22 juin 2022