Réalisatrice mais aussi anthropologue, Céline Pernet pose ses interrogations sur la table, sans tabou, et attend des réponses des intéressés : les hommes. Qui sont-ils aujourd’hui, quelles sont leurs envies, leurs désirs et leur place dans la société et dans les relations ? Garçonnières donne la parole aux masculins divers et variés… et assez semblables au final.
Bousculés par la vague #metoo, sensibles aux mutations des genres et des pouvoirs, les hommes d’aujourd’hui se sentent-ils compris et entendus, notamment dans les rapports de séduction ? On peut se demander ce qu’ils veulent, encore, en plus. N’ont-ils pas déjà tout ? Étriqué dans la poche arrière d’un jean entre éducation et aspirations dans un jeu qui rebat ses cartes, la nouvelle génération masculine, l’homme d’aujourd’hui, veut être digne de ce nom… sans trop savoir ce que ça signifie. Perdu dans son caleçon, il est mis à nu, face caméra, dans le faisceau du projecteur de Céline Pernet qui, sans trop de gants, n’hésite pas à poser toutes les questions, même les plus impudiques. Garçonnières, au pluriel, comme un boudoir à barbe dont on entrouvre une porte.
Garçonnières, un documentaire de Céline Pernet
Abordant majoritairement le thème (élargi) de la sexualité, Garçonnières documente en images les points de vue variés des célibataires endurcis, des coureurs de jupons, des homosexuels qui ont essayé, au début, avec les filles, des moitiés de couple. Premières fois désastreuses, malaise physique, drague, timidité, râteaux, rien n’est oublié, au fil d’une conversation qui ne s’embarrasse pas de faux semblants.
GARÇONNIÈRES
Réalisatrice et anthropologue, Céline Pernet questionne son rapport aux hommes de sa génération. Répondant à une annonce, des hommes de 30 à 45 ans se prêtent au jeu de l’interview, dans une quête tant intime que sociétale. Avec un regard amusé et bienveillant, “Garçonnières” témoigne d’un besoin urgent de discuter des modèles de masculinités contemporains.
Et le plus impudique n’est pas tant les questions de sexualité. Ce sont les décors, les intérieurs de ces Messieurs. Toutes chaussettes à l’air, ils se confient dans leur nid, dans leur Garçonnière à eux, qu’elle soit partagée ou non. Des jeux d’enfants à l’arrière-plan, le mur d’une cave qui accueille encore les répétitions à la bière d’un boys band au sens propre. On ne peut pas leur enlever une certaine forme de courage, à ce confier de la sorte, un brin d’humour assumé pour certains d’entre eux. Exit le mâle Alpha pour réinventer un mode d’exister et surtout de se séduire et de se plaire ?
"Ils ont une vraie envie d'essayer de se redéfinir et sont conscients des injonctions du système dans lequel ils vivent. Lors de la projection du film, ils ont réalisé qu'ils n'étaient pas seuls à traverser des doutes et des interrogations et cela les a beaucoup rassurés. Oui, ils sont perdus, mais être perdu c'est aussi une belle promesse de se redéfinir, de changer. C'est fertile, ils se posent des questions et je trouve cela très positif"
Homme, qui es-tu ?
Sont-ils en crise existentielle ? Et finalement, on a beau se poser des questions, leur poser des questions, nous comprendrons-nous réellement un jour ? Parce qu’au final, les Garçonnières sont un arrêt sur visages à l’instant T, un paysage peint, arrêté. Elles ne permettent évidemment pas de tirer de conclusions. Encore moins de trouver de vraies réponses. Et n’est-ce pas finalement le propre de l’humain, de ne pas se laisser emprisonner dans un schéma ? Chaque homme est une nouvelle boîte de Pandore. Et s’il est drôle, on signe tout de suite.