Le film réunissant Keira Knightley et Carrie Coon sur les traces de L’Étrangleur de Boston mêle thriller, enquête journalistique et propos sociétal à l’heure où les femmes retrouvent une (toute) petite place dans l’histoire.
Au début des années 60 à Boston, les femmes journalistes ne sont pas investigatrices et ne quittent pas les rubriques mode et électroménager. Ce qui intéresse les femmes, quoi. Or, l’une d’elle n’est pas de cet avis et compte bien prouver qu’elle est capable d’enquêter. Et pourquoi pas sur les meurtres en série d’un mystérieux tueur, un étrangleur qui s’introduit chez ses victimes pour leur passer le bas nylon autour du cou ?
Loretta McLaughlin, recrue du Record Americain, ayant l’intuition que les mortes qui se succèdent sont victimes du même tueur convainc son rédacteur en chef de traiter le sujet en profondeur, avec un angle nouveau. Oui, mais pas toute seule. Jean Cole, ancienne infirmière et chroniqueuse désabusée va l’accompagner sur les traces de L’Étrangleur de Boston.
Les journalistes sont des femmes
Carrie Coon, plus expérimentée et Keira Knightley enveloppée dans une ambition déterminée vont se confronter aux portes closes et aux Messieurs de mauvaise foi, appelées à « retourner à leur place ». Phénomène dérangeant pour beaucoup, les deux femmes sont aussi bêtes de foire, au point de devenir elles-mêmes et malgré elles l’objet de leur enquête. Pour faire vendre du papier, elles se font photographier sur les lieux d’un crime, au cœur de la rédaction du Journal, devenant alors des cibles identifiées.
Whisky et poupées, ambiance 60’s
Une image grisâtre, allant jusqu’au sépia jaunasse, rappelle un peu l’ambiance glauque des thrillers urbains. Des interrogatoires en noir et faisceau jaune Entre deux verres des whisky et une claque sur les fesses, les deux femmes gravitent dans un univers rendu flou par la fumée de cigarette. Le décor est dressé, l’époque identifiée. Sans surprise mais sans réelle fausse note, L’Étrangleur de Boston a toute sa place dans le catalogue d’un Disney+ éclectique et bien décidé à offrir un large panel de programmes divertissants, sans trop prendre parti.
« On couvre l’actu, on ne fait pas l’actu.»
Si le polar est intéressant historiquement parlant, il n’explore le prisme du statut de la femme que du bout des pincettes. En revenant sur leur rôle domestique et matrimonial, on peut alors distinguer un parti pris (involontaire ?) féministe puisqu’égalitaire. Quand un mari « compréhensif » qui « laisse » sa femme partir travailler tous les soirs alors qu’ils s’occupe des enfants commence à se plaindre de ses absences, est-il machiste et rétrograde pour autant ?
Soyons honnêtes, Mesdames, n’avons-nous pas râlé moult fois (mais en vain), nous aussi, quand ces rôles étaient inversés ? Ne serait-ce pas là la vraie et réelle égalité ?
L’ÉTRANGLEUR DE BOSTON (Boston Strangler)
Un film de Matt Ruskin
Avec Keira Knightley, Carrie Coon, Chris Cooper, Alessandro Nivola
À voir dès le 17 mars 2023 sur Disney+
© 2023 20th Century Studios