Coup de massue dès les premières lignes, Fred Vargas s’adresse directement au lecteur pour lui confier chiffres et constats alarmants. L’Humanité est en péril ! Mais les perspectives peuvent être lumineuses, alors Virons de bord, toute !
La reine du polar est de retour ! Celle dont nous avions pris l’habitude de vous vanter les lectures estivales aux personnages aussi truculents qu’étranges est revenue sur le devant de la scène pour nous livrer son opus le plus sombre. Le plus angoissant, le plus réaliste. Point de fiction cette fois. Fred Vargas colle au réel et nous fait frissonner plus que jamais avec son livre L’Humanité en péril. Virons de bord, toute ! Le meilleur ami de votre chair de poule, à faire se dresser les poils les plus réchauffés.
Fred Vargas rappelle à l'humanité que c'est elle qui est en péril
On le sait, mais on ne sait rien.
L’incertitude des informations que l’on entend, qui se fraient un chemin dans un creux de notre tête, est notre bouc émissaire pour nous permettre de faire la sourde oreille. “Ce ne sont que quelques farfelus. Ils exagèrent. Et si c’était vrai ? Bah, une alerte franche et massive se serait déclenchée. C’est l’histoire des bobos. Ou des altermondialistes. Mais quand même, il paraît réel cet ours blanc tout seul sur son tout petit morceau d’iceberg.”
Fred Vargas prend le parti de nous transmettre tout ce qu’elle est allée glaner au fil des mois : rapports scientifiques, descriptions physiques, études académiques. Elle passe tout au crible pour mieux nous le résumer et nous le vulgariser. Les gaz à effet de serre, les mots en -ate en -ol en -ite ne doivent plus avoir de secrets pour nous.
Et… comment dire… ça fait peur. Ce n’est pas glorieux. Nous nous en doutions un peu. La transition écologique ne peut se faire sans quelques concessions. En lisant le livre de Fred Vargas, nous nous permettons de reformuler cette intuition : la nécessaire et urgentissime mutation des comportements pour la survie de l’espèce humaine ne se fera qu’en modifiant immédiatement, drastiquement et durablement nos habitudes. Au détriment bien entendu du confort dans lequel nous nous sommes construits. C’était mieux avant ?
Fred Vargas, militante intuitive
Nous connaissons sa plume hors pair. Nous ne connaissions pas sa passion pour la planète, son militantisme écologiste. Pourtant, c’est elle qui a rédigé intuitivement il y a 10 ans un tout petit texte coup de poing sur l’écologie. Lu par Charlotte Gainsbourg à l’inauguration de la COP24 en décembre 2018, il a fait le tour du monde sur les réseaux sociaux. Néanmoins, l’urgence d’écrire à ce sujet est revenue. Peut-être due à l’urgence d’éveiller les consciences. Pour de bon. Elle s’est donc documentée, l’intuition est devenue connaissance. Savoir pour transmettre.
Avec son écriture franche qui ne s’embarrasse pas de fioritures Fred Vargas va droit au but. Ou presque. Un censeur virtuel la traque et l’empêche de digresser dans un va-et-vient qui nous encourage à poursuivre notre lecture malgré le haut-le coeur qui nous étreint. L’angoisse ? Nous promettant des solutions au bout de l’étalage de toutes les imbécilités et aberrations humaines accumulées depuis des dizaines d’années et tues par les politiques, nous poursuivons. Courageux.
Virons de bord, toute !
Préférer le bio, limiter drastiquement la viande ou toute autre produit issu de l’agriculture intensive, bannir le sucre, boycotter le Coca, protéger l’eau, respecter les saisons, adopter une gourde… À nous, donc, de porter la “bonne parole”, l’unique en fait, qui se doit d’être partagée, diffusée, massivement. La pression doit venir d’en-bas, de la masse que nous sommes.
Et, comme pour le livre d’Allen Carr à la fin duquel on est sensé arrêter de fumer, à la fin du livre de Fred Vargas, serons-nous prêts pour la révolution écologique ? Le climat, c’est maintenant.
