Qui oserait dire que la musique ne fait pas voyager ? On pourrait trouver le séjour un peu morne quand on écoute Michel Sardou, peut-être. Mais ne seriez-vous pas un peu de mauvaise foi ? Ne suffirait-il pas de changer de playlist ? D’embarquer dans un navire, puisque l’avion n’est plus à la mode, de voguer sur l’Océan Indien, de débarquer sur le continent africain tout en gardant bien au chaud nos racines européennes ? Mettez du Grèn Sémé dans votre vie ! Les paillettes qui vous manquent pour avoir chaud.
Et qui aurait pu croire voir un jour Grèn Sémé et Michel Sardou dans le même paragraphe, hein ? Ça fait partie des petits grains de sel, des épices improbables et inattendus de l’existence. Un nuage de poussière. D’étoile, cela va sans dire.
En attendant l’EP
D’ailleurs, parlons-en de la poussière. (Quelle magistrale transition) Michael Beaulieu, Bruno Cadet, Carlo De Sacco, membres fondateurs du groupe Grèn Sémé, leurs nouvelles recrues Germain Lebot et Rémi Cazal, sortent le 8 novembre un nouvel opus. Un EP intitulé Poussière.
On reçoit ce titre avec curiosité, entre mystère et éternuement, et bien vite on est conquis par ce premier extrait, en musique et en vidéo, en rythme et en poésie, en Grèn Sémé et en Gaël Faye. Play.
La Poussière de Grèn Sémé
Un pamphlet, des mots scandés, mâchés, articulés qui racontent la poussière qui s’élève des sols arides, des villes au sud du sud, des quartiers que l’on oublie. Ces fines particules qui dansent avec les vivants, qui s’échappent des cheveux qu’on secoue. Qui s’insinuent et qui étouffent aussi. Qui ensevelissent ceux qu’on n’entend pas, qu’on n’écoute plus. Des morceaux infimes d’une planète qui se consume.
Les tirades au cordeau de Gaël Faye et de Carlo de Sacco percutent et lancent le nouveau voyage musical que nous offre Grèn Sémé. Des Antilles aux métropoles, des sonorités qui fusionnent, des styles qui s’entremêlent, métissage groove et coloré qui, l’air de rien, appelle à l’action. À la révolution ?
Avec cet extrait, la Poussière de Grèn Sémé s’élève, s’envole vers nos oreilles et peut-être un peu, espérons-le, vers nos consciences. En dansant ? Pourquoi pas.
Musique et photos : © Grèn Semé © Markotaz @ The Garden 2019
