Trois femmes, trois cultures, trois histoires de vie que des milliers de kilomètres séparent, et pourtant… Pour son premier roman intitulé La Tresse, véritable bestseller également adapté pour les enfants, Laetitia Colombani retrace la lutte de celles que leur refus de la fatalité relie.
S’opposer ne veut nullement dire renoncer. Smita, Giulia et Sarah l’ont bien compris. Maman forte, épouse fière, fille déterminée, aucune ne se laissera dicter son chemin. Ces parfaites inconnues partagent un lien fort qui les aidera à surmonter les épreuves que la vie met parfois sur notre route. Laetitia Colombani raconte dans son livre un entrelacs de destins noués, comme La Tresse qui empêche les mèches rebelles d’une longue chevelure d’entraver la liberté de celle qui la porte.
LA TRESSE, LE LIVRE
Inde. Smita est une Intouchable. Elle rêve de voir sa fille échapper à sa condition misérable et entrer à l’école. Sicile. Giulia travaille dans l’atelier de son père. Lorsqu’il est victime d’un accident, elle découvre que l’entreprise familiale est ruinée. Canada. Sarah avocate réputée, va être promue à la tête de son cabinet quand elle apprend qu’elle est gravement malade. Liées sans le savoir par ce qu’elles ont de plus intime et de plus singulier, Smita Giulia et Sarah refusent le sort qui leur est réservé et décident de se battre. Vibrantes d’humanité, leurs histoires tissent une tresse d’espoir et de solidarité. Trois femmes, trois vies, trois continents, une même soif de liberté.
Publié chez Bernard Grasset en 2017, la Tresse est un roman écrit par l’autrice française Laetitia Colombani. Il obtient très vite de nombreuses récompenses comme le Globe de Cristal du meilleur roman en 2018, le trophée littéraire des femmes de l’économie et le prix Relay des voyageurs lecteurs en 2017.
Pourquoi la tresse ?
La tresse est la coiffure la plus ancienne de l’histoire de l’humanité. On retrouve, encore de nos jours, des statuettes remontant à la Préhistoire représentant des femmes tressées. Dans l’Egypte Antique, la tresse, souvent ornée de bijoux, était synonyme de haut statut social. Les momies datant de cette époque démontrent que la tresse était d’ailleurs autant portée par les femmes que par les hommes.
Cette coiffure s’est ensuite répandue dans le continent africain avant que son essor soit stoppé par la traite négrière (les esclaves étaient forcés de se raser la tête). Des années plus tard, la tresse devient symbole de rébellion, d’affirmation et de liberté pour finalement perdre peu à peu de son symbolisme. Elle est aujourd’hui une coiffure populaire sans genre, ni foi, ni lieu – bien que plus fréquemment portée par les femmes – simple ou stylisée aux variations multiples.
Le dessin de la tresse évoque un épis de blé et son emplacement, un prolongement de la colonne vertébrale, les deux symbolisant respectivement la fertilité, la beauté et la sagesse. Le choix du chiffre trois, en référence aux trois mèches qui forment la tresse, a une symbolique féminine et sacrée très forte. Dans le livre, les trois histoires tissent entre elles, au fil des chapitres, un lien étroit, à l’image d’une tresse.
Trois brins de tresse, trois lieux : Canada, Italie, Inde
Les lieux où les histoires se déroulent ne résultent pas d’un choix anodin de l’autrice. Le Canada, l’Italie et l’Inde se trouvent sur des continents très différents, aux cultures, économies et systèmes politiques distincts.
L’Inde, pays en voie de développement peuplé d’une multitude d’ethnies et à la richesse culturelle très ancienne se distingue clairement du Canada, riche et plus “moderne”, aux moeurs diverses issues de la descendance des colons. L’Italie, quant à elle, est une sorte d’entre deux : les traditions patriotiques y sont fortement ancrées mais, malgré son statut de pays du premier monde, elle rencontre de grandes difficultés économiques et politiques.
En dépit de toutes ces différences, les trois pays révèlent un même socle, celui-là même qui forcera nos héroïnes à se battre, le patriarcat. À échelles différentes et aux conséquences concrètes plus ou moins dramatiques, les trois femmes lutteront contre leur condition pour une indépendance et une liberté qui devraient leur être dues.
Maladie, faillite et condition sociale
Chacune des trois histoires est bouleversée par un événement. La maladie qui touche Sarah, la faillite de l’entreprise familiale qui frappe Giulia, la condition sociale dont souffre Smita. Si les trois problématiques n’ont a priori rien de similaire, leur fatalité sera le déclencheur d’un courage commun pour en surmonter les épreuves. Afin de suivre leur destinée, les trois femmes seront obligées de s’émanciper et de repousser les limites du cadre de leur vie. Un bel hommage au courage de la femme d’hier et d’aujourd’hui. À tel point que cette fameuse Tresse se transmet de mère en fille, de mère en fils, transcendant les générations, notamment à l’aide des illustrations de Clémence Pollet dans l’adaptation du livre initial en voyage de Lalita.
La place de l’homme dans le roman
La Tresse est par essence un livre féministe et engagé qui dénonce la place de la femme dans un monde globalement patriarcal et dont l’oppression des femmes et des filles s’illustre différemment en fonction de l’endroit où elle s’exerce. Le livre contient néanmoins de nombreux personnages masculins, tous d’une grande importance pour chacune des trois femmes : le père de Giulia et son copain Kamal, le baby-sitter de Sarah, l’époux de Smita. Comme le féminisme est, à la base, un combat pour l’équité ces personnages sont importants à la bonne compréhension de la cause.
Le but n’étant en aucun cas d’exclure mais de pointer du doigts des faits avérés, de les dénoncer. Les protagonistes féminines sont des figures fortes et indépendantes qui ne nécessitent aucunement le consentement ou l’accord de l’homme, ce qui ne les empêchent pas d’apprécier leurs conseils, leur amour, leur aide et leur bienveillance.
Pourquoi lire ce livre
Percutant, intime et bouleversant, La Tresse est un roman qui s’inscrit dans l’ère du temps. En offrant une grande diversité dans le choix de ses personnages (âge, situation, culture) et en les peignant en êtres imparfaits et humains, Laetitia Colombani permet à tous lecteurs de s’identifier. Le roman est ainsi accessible à tous, délivrant son message de courage enveloppé d’une touchante sensibilité rassembleuse qui donne de l’espoir. Au delà des frontières de la discrimination, des traditions ou de la maladie, les femmes se battent et se battront encore pour un avenir meilleur.