Achile, tout jeune prodige, auteur et compositeur, vient de publier sur toutes les plateformes son premier album. Des chansons et des clips, dont le single KAPPA qui l’a fait connaître, un duo avec Oxmo Puccino, des collaborations magistrales et un sens du flegme dans le verbe. Il nous en avait parlé en interview depuis son jardin. Remember.
Reconnu désormais dans le paysage français des artistes de MAO (musique assistée par ordinateur), Achile c’est des sorties, single après single et les clips assortis, à commencer par une chanson portant l’insigne KAPPA qui a compté ses vues sur YouTube par centaines de milliers. Quand il nous a accordé une interview, il était confiné chez ses parents à Tours, à peine sorti du nid, il était de retour. Compositions et musique dans sa chambre où il s’est lancé, seul, il comptait les heures avant de pouvoir retrouver ses potes et son public. Pour fêter dignement son succès, sans aucun doute. C’est aujourd’hui fait avec, en prime, la sortie de son premier album qui regroupe les chapitres d’une vie qui se prend des gifles… et de sacrés bonheurs aussi. Pas si simple, certes, mais n’est-ce pas ce qui donne du goût à la réussite ?
L’interview confinée mais en plein air de Monsieur Achile
Le prodige d’une nouvelle chanson française
Mélange entre hip hop et chanson française, Achile scande autant qu’il sollicite ses cordes vocales. Un genre hybride qu’on ne saurait cataloguer. Ses titres font la part belle aux orchestrations, des notes de piano qui dressent un décor parfois mélancolique, un brin désinvolte. Sous ses lunettes cernées de noir, une moue qui lance un flow au rythme des vagues. Des va et viens tranchés de vocabulaire trahissant l’appartenance d’Achile à une génération connectée, un rien désabusée.
Mais qui n’est pas pour autant épargnée par les déceptions, les attentes, professionnelles ou amoureuses, qui n’ont pas d’âge. Et qui restent des sujets universels qui inspirent les plus belles chansons, comme celle, très réussie, d’Achile intitulée Pas si simple… Rêver…
Du survêt’ à l’album, de Kappa à Pas si simple
Repéré par le rappeur poète Oxmo Puccino (à retrouver en interview pour JJSphere ICI), Achile a distillé ses compositions en ligne avant la sortie d’un album , enfin là, qu’il espérait plus tôt, Pas si simple. Mais quand on écoute la succession de mélodies, les refrains qui claquent, on ne regrette pas s’avoir attendu. Avec KAPPA, single et premier clip de l’artiste piquant le nom d’une grande marque de sportswear, Achile prenait de la distance et ironisait sur son statut, en survêt’. À point nommé, puisque le training avait clairement la cote en 2020… On peut l’imaginer visionnaire, Achile. Ou juste solidement ancré dans son époque, avec ses nuances, ses contradictions, ses questionnements. Et son talent.
Inspiré par sa vie, influencé par Stromae, comparé à Roméo Elvis, dire qu’Achile a de l’avenir est un euphémisme. Il a tout le temps devant lui. Évoluer, grandir, apprendre, maturer, trébucher, se relever, voler, briller. Les débuts du jeune autodidacte talentueux plantent de belle racines pour une carrière prometteuse. Malgré une petite crainte récurrente de l’échec…
Achile vs Hector
L’apologie du chill sans la défaite quand même (P.S. On se détend, quoi), Hector peut compiler tout ce qu’on déteste, tout ce qu’on voit défiler sur Instagram : plaques de chocolat (pas celles qui se mangent), sketchs hilarants l’air de rien, débonnaire, et épaules carrées. Hector, c’est le Blond de Gad Elmaleh, la virilité décomplexée, c’est le muscle qu’on n’aura jamais, c’est la perfection… qui n’existe pas !
Une génération qui se défait de la course à la performance pour prendre du temps pour s’accepter ? Peut-être que c’est la clé mais c’est pas gagné. Merci les réseaux sociaux. Dans le doute, on peut toujours tirer des fléchette sur un portrait d’Hector… ou d’Hectorette. Idem.
Achile n’a rien d’un Hector et il s’en fout ? Nous on s’en fout. Il cultive cette différence qui fait de lui une figure à la moue un rien négative, un tout ironique. À suivre avec intérêt, le volume à fond, donc.
L’interview intégrale du prodige de la chanson Achile, retour en 2020 !
Bonjour Achile, petite question rituelle pour commencer : peux-tu te présenter à ta manière ? Tu as carte blanche.
Achile : Donc, moi, je m’appelle Achile, j’ai 18 ans. Je suis confiné à Tours dans ma ville d’enfance et je fais de la musique depuis… 2 ans ou 3 ans, je ne sais plus. Voilà, j’ai sorti un clip il y a deux semaines… Je suis toujours nul pour me présenter ! (Rires)
Comment ça va, ce confinement ?
Achile : Pfffff… Ça commence à être un peu long mais je fais de la musique donc ça va, c’est cool. Je ne suis pas le plus impacté par ça. Franchement pour l’instant c’est cool. Ça va être long, mais c’est cool.
Qu’est-ce que ça fait de sortir un single et un clip (KAPPA) en plein confinement, dans cette période si particulière ?
Achile : C’est hyper bizarre. En plus, j’ai toujours l’habitude de fêter ça avec mes potes, avec toute ma famille. Bon, du coup avec ma famille, je l’ai fêté. Mais au final, c’est très chelou à vivre. En plus il a bien marché par rapport aux autres. Il se passe plein de trucs autour de moi et moi je suis là, je ne bouge pas. C’est spécial.
Et le fait d’être déjà connu, extrêmement connecté, avec des followers déjà bien établis, est-ce que c’était aussi la clé du succès de cette sortie « confinée » ?
Achile : Mes abonnés ont été multipliés par 3 ces derniers jours en fait. Je ne sais plus combien j’avais d’abonnés exactement mais au final je vois qu’il y a plein de nouvelles personnes qui me suivent. Les gens qui me suivaient déjà l’attendaient, parce que ça faisait aussi pas mal de temps que je n’avais pas sorti quelque chose. Même moi ! Ça faisait un moment que le clip était dans mon portable et j’avais trop envie de le sortir, de le partager.
Et au sujet de ce clip, cette chanson, KAPPA, qu’est-ce que ça représente pour toi ?
Achile : Je fais toujours des trucs assez sérieux, pas forcément joyeux. Enfin, ça dépend. Mais tout ce que j’avais sorti était toujours un peu plus sombre. Là, c’était vraiment un morceau plutôt cool, le truc qui parle de liberté, je pense. Beaucoup plus second degré que les autres. C’était aussi pour ça que j’avais hâte de le sortir, pour voir ce que je pouvais faire d’autre, de montrer que j’arrivais à le faire. Pas que des trucs un peu sentimentaux.
Et tu fais preuve d’une grande autodérision. Est-ce que c’est la clé de la sincérité ?
Achile : Ouais je pense. Je m’en fous moi, je ne veux pas mentir. Mais je fais preuve d’autodérision ? Tant mieux, tant mieux qu’on puisse voir cette image-là. En tout cas, c’est ce que je voulais, ne pas me prendre trop au sérieux à faire des trucs trop sombres et trop… Surtout sur ce clip-là. On a mis longtemps à trouver le bon pitch pour que ça ressemble vraiment à la musique, pour vraiment mettre en images cette chanson.
Ton titre “Rêver » fait sens en ce moment (avril 2020), à quoi tu rêves, toi ?
Achile : Déjà, je rêve beaucoup en ce moment, je ne sais pas ce qu’il se passe ! Bizarrement, je rêve beaucoup de mon jardin (Rires). Je vois plein de trucs dans mon jardin, avec une voiture… c’était mon rêve il n’y a pas longtemps. Mais sinon, je ne me souviens jamais de mes rêves (rires). En fait, je rêve surtout de sortir !
Est-ce que pour toi, en tant que musicien, c’est une nécessité d’avoir une orchestration très fournie pour tes titres ?
Achile : J’adore la musique et je compose aussi mes titres. C’est hyper important pour moi d’avoir aussi de la musique. Dans « Rêver », quand il y a l’espèce de solo de piano, j’adore ce truc-là. Et en fait, je ne pensais pas que les gens allaient autant aimer. C’est hyper musical mais ça me représente aussi. Dans mon prochain titre, il y a des violons de ouf. Avant, je n’osais pas trop le faire, je pense, mais maintenant qu’on en a peut-être aussi plus les moyens, on le fait de plus en plus.
Et quel est ton instrument préféré ?
Achile : Oh, c’est le piano. C’est toujours le piano. Je n’en joue pas tellement bien, amis en tout cas, je sais que toutes mes chansons ont commencé par le piano. Peut-être à part KAPPA, peut-être, l’exception. Le piano je l’utilise tous les jours, c’est important pour moi.
Est-ce que le confinement te donne des ailes pour créer de nouvelles chansons ou ça plombe ton inspiration ?
Achile : Ça dépend des jours. Au tout début, j’étais vraiment chaud, je voulais vraiment faire des trucs, tout le temps sur mon ordi et tout. Là, ça commence à se calmer, parce qu’au final je fais ça tous les jours et qu’au niveau inspiration c’est pas fou. Mais j’ai fait des morceaux, il y a des trucs super cool que je pense garder pour l’album. Au début c’était trop facile, ça commence à être un peu plus dur, mais ça ne m’a pas mis dans la merde dans tous les cas. Je ne peux pas non plus créer 15 morceaux par semaine, mais je pense que ça va par rapport à d’autres artistes que j’entends galérer.
