Tentacule réussie des films, la série réalisée par Tim Burton reprend les personnages de sa Famille Addams et réserve le rôle principal à Wednesday. Héroïne d’une conte fantastique à épisodes, l’adolescente au sourire inversement proportionnel à l’intelligence se lance dans une lutte contre mal, le plus grand mal, l’intolérance et la ségrégation, avec comme toile de fond, un lycée à la population bien spéciale (mais pas si fictionnelle).
Il fallait vivre dans une grotte pour ne pas savoir que le grand réalisateur fantasque et gothique Tim Burton avait sorti une série sur Netflix. Pas besoin de pub, donc. Or, si le temps ou l’envie n’a pas encore été au rendez-vous, nous pouvons vous donner nos 5 bonnes (sont-elles bonnes ?) raisons de ne pas résister plus longtemps. Si vous êtes un enfant de La Famille Addams ou de Beetlejuice, si vous avez aimé la poésie de cet étrange Mister Jack, si vous avez le cœur qui se serre à la simple évocation des mains d’argent d’Edward, la série Wednesday est pour vous. Et si vous n’avez rien vu de tout ça, plongez-vous dans cet univers si reconnaissable et si particulier en même temps, vous allez aimer.
Nos 5 bonnes raisons de regarder Wednesday
Du Tim Burton, du vrai, du bon
Une esthétique caractéristique mi effrayante, mi carton-pâte, une maîtrise totale de l’utilisation des couleurs en opposition au noir profond, dès la première image, c’est « du » Tim Burton. Laissés pour compte, profils atypiques, fluo, coupes de cheveux stylisées, costumes, rayures, difformités, passages secrets, tout y est.
Les objets sont rétros retrouvant ainsi la stylistique de la famille Addams, séculaire et étrange, arrêtée dans le temps. Wednesday n’a pas de téléphone portable, écoute des chansons déprimantes sur son gramophone et écrit en tapant à la machine, tout en se frottant à des sujets bien contemporains.
Rigide, silencieuse, butée, sûre d’elle, même dans l’erreur, la demoiselle est une allégorie de l’adolescence à elle toute seule. Tim Burton raconte sa version de la famille et de l’école à travers Wednesday qui porte son regard implacable et intelligent sur ses semblables et les adultes, révélant leurs travers et leurs monstruosités. Ah. Il y a un monstre aussi. Merci Tim.
Un casting 5 étoiles
Comment évoquer la série Wednesday sans mentionner son excellent casting ? à commencer, évidemment, par cette nouvelle version de demoiselle Addams à longues tresses, Wednesday elle-même, incarnée avec brio par Jenna Ortega. Du visage impassible à la silhouette rigide, elle s’est glissée dans l’uniforme noir charbon avec talent.
À ses côtés, Morticia et Gomez, les parents impudiques interprétés par Catherine Zeta-Jones et Luis Guzmán (Il est vrai que ce n’est pas simple de remplacer Anjelica Huston et Raúl Julia, couple irremplaçable de 1991) et la Chose, Thing (Victor Dorobantu) qui apportent leur lot de comédie décalée.
Un gros clin d’œil de Christina Ricci, une des égéries de Tim Burton et historique Wednesday en professeur sous la direction d’une magistrale et inquiétante Gwendoline Christie, inoubliable Brienne of Tarth dans la série Game of Thrones.
Et pour finir, les pensionnaires de la fameuse école Nevermore Academy ont tous leur place dans la série et des noms qu’il va falloir suivre, à commencer par la fluorescente louve Emma Myers.
Il n’y a pas de Tim Burton sans Danny Elfman
Dès le générique, on est envahi par la Burton « vibe » ! Résultat d’une collaboration qui a uni deux carrières mémorables, celle du réalisateur et celle de son compositeur attitré Danny Elfman. Wednesday ne fait pas exception, évidemment. On retrouve le rythme, les sons, l’ambiance excentrique instillée par les notes d’un clavecin soulignée d’un trait d’archet sanglant.
Et de l’archet, il y en a ! Du violoncelle, joué avec verve et virtuosité par l’héroïne de la série qui, sur les toits de la Nevermore Academy se lance dans une version enragée de Paint it Black ou, devant une fontaine en feu, amorce un hiver de Vivaldi bien à elle. La musique, un personnage à part entière ? Certainement.
Une ode à la différence
On le sait, Tim Burton est mu par une profonde affection pour les personnages hors normes et tous les profils à la marge. Quoi de plus représentatif qu’un collège, en pleine période d’adolescence, pour mettre en scène stigmatisations, réflexes communautaires et toute la valse des popularités et des moqueries diverses qui caractérisent toutes les masses humaines, quelle que soit leur appartenance.
Car oui, même chez les outcasts (comprenez : marginaux), il y a des outcastés. Les nerds n’ont décidément bonne presse nulle part et nous avons une affection particulière pour Eugene, l’ami des abeilles. Aurait-il d’ailleurs le pouvoir suprême d’instiller une once d’empathie à la froide Mercredi ?
Une seule scène qui donne envie de voir Wednesday ?
Si tout ce qui précède ne vous a toujours pas décidé, sachez qu’il y a une scène de danse, magnifique, qui a tous nos suffrages. Loufoque et d’une folle liberté à la fois, la chorégraphie de vampiresse en robe longue incarnée avec brio par une Wednesday envoutée vaut à elle seule de s’enfoncer dans son canapé et de lancer Netflix. Tindin dindin. Clap ! Clap !