Impossible de l’éviter, il est partout. À la télévision, au cinéma, sur les plateformes de streaming. Et encore sur scène il y a peu. Une occasion de croiser le comédien protéiforme, caméléon, multi-casquettes, Artus. Portrait en images et en sourires, il faut bien le dire.
Humour et décalage, talent et filtres absents, un extrait des qualificatifs qui pourraient décrire le phénomène Artus. Plus qu’un prénom, qu’un nom de scène, une manière d’envoyer de la vanne sans s’épargner, de rire sans concession, quitte à choquer. Pas longtemps. L’adhésion arrive vite, parce qu’il a aussi ce petit “je ne sais quoi” d’innocent, de touchant. C’est pour mieux brouiller les pistes, sans aucun doute. Raison pour laquelle nous avons voulu en savoir plus sur le comédien, l’acteur, l’auteur, producteur, metteur-en-scène aussi, Artus.
L’interview « Les plus grands » d’Artus
Le génie d'un poisson dans l'eau
Dans des comédies, évidemment, mais pas que, le comédien Artus traverse tous les écrans, grands, petits, moyens, peu importe comme un poisson dans l’eau ou un aigle dans les airs, avec une apparente facilité désinvolte. Agent de la DGSE spécialiste de Daech (Le Bureau des Légendes) comme vétérinaire de grands fauves dans un zoo (King), il sait se glisser dans tous les costumes, avec ce grain de folie, cette personnalité qui développe immédiatement chez le spectateur un sentiment d’adhésion. De profonde sympathie. Même en sale gosse pourri gâté et incapable, on l’adore. Parce qu’on le sait, il a un bon fond. On pourrait en douter, si on compte le nombre de vannes qu’il sort à la minute, mais il a beau tenter d’être désagréable, on ne peut s’empêcher de sourire.
Équilibriste, il saute du coq à l’âne avec la souplesse d’un grand-écart comme il enchaîne les incarnations qui ne se ressemblent pas. Humour trash d’un côté, Jacques Audiard de l’autre, un pas de danse sur TF1, un entrechat, et il réapparaît sur Canal+. Alors qu’en France, on aime encore cerner les artistes en les mettant dans des boîtes bien étiquetées, Artus fait honneur à son statut et à sa profession avec l’appétit de celui qui n’a rien à perdre. Tout à gagner. Et nous aussi.
L’interview en intégralité du comédien Artus
Bonjour ! Petite question rituelle pour commencer… Pourriez-vous vous présenter à votre manière ? Vous avez carte blanche.
ARTUS : Bonjour, je m’appelle Artus. Je suis comédien, auteur, metteur en scène, producteur (sur le projet de Davidéjonatown). « Briii » ! Ça, ça claque ! Voilà. Et je ne vais pas vous présenter ma troupe parce qu’elle n’a aucun intérêt.
Et comment va la famille ? Parce qu’Artus c’est aussi une histoire familiale…
ARTUS : Tout à fait et la famille va très bien. La famille me quitte, petit-à-petit. Pas « me quittent » ils meurent, mais parce qu’ils quittent le projet. Mon papa a 75 ans et il y a un moment où il faut que chacun profite de sa retraite. Pour eux en tout cas. Mais il y a ma femme qui du coup récupère toutes ces petites parts comme ça, donc c’est bien.
Quel est pour vous le plus grand truand de tous les temps ?
ARTUS : Vous avez la voix de Sophie Davant. Je suis désolé. Parce qu’en plus, ce n’est pas « ouf » comme compliment. Là, vous avez posé la question et j’ai vu Sophie Davant qui dit : « Alors, il vient d’où ce tableau de la grand-mère ? » Ouais. Pardon. Ce n’est pas la personne la plus agréable du paf.
Ah c’est vrai ? Elle n’est pas sympa ?
ARTUS : Non, je ne crois pas. Je ne la connais pas personnellement, mais… je trouve qu’elle a un truc… qu’elle dégage un truc… je ne sais pas…
Vous n’aimez pas les vieilles.
ARTUS : (Rires) non, rien à voir avec l’âge ! C’est le capital sympathie, je trouve. Mouais, je sens le vice. Hum. Mais de toute façon, tout ça restera entre nous (Rires). Alors, le plus grand truand de tous les temps ? Y’en a eu pas mal, de tous les temps… Là, j’aime bien les Balkany en ce moment. Je trouve qu’ils sont bien au niveau… Autant qu’il fasse un doigt d’honneur directement aux gens, je trouve que ça serait plus honnête.
Parce que là, donc, on les a laissés sortir de prison avec des bracelets. Ils ont continué, ils ont voyagé, ils sont allés manger des huitres… Et là, apparemment, je crois qu’elle a gobé des médicaments. Mais là, vraiment, ça ne sert à rien. Personne n’aura de pitié. Je préfère les prévenir. Tout le monde s’en fout ! Faites ce que vous voulez. Mangez des médicaments, mangez des lames de rasoir, mangez ce que vous voulez, on s’en fout !
Quelle est la plus grande arnaque que vous ayez imaginée ? Et même peut-être réalisée…
ARTUS : C’est plus un braquage qu’une arnaque. J’ai réussi à voler ma femme et ça c’est le plus beau… Elle était mariée, j’étais pacsé et j’ai réussi à la dé-marier. Et à la voler.
Si c’était vous, le prochain président de la République, quelle serait votre première grande mesure ?
ARTUS : Ma première grande mesure ? Je me suis toujours posé la question, mais je suis toujours resté loin de la politique. Mais je crois que ça serait d’obliger chaque homme politique à avoir un casier vierge. Ce qui me paraîtrait assez normal, mais ce qui en fait ne l’est pas, apparemment. Voilà. Mais je trouve fou qu’encore à notre époque les mecs continuent à dire : « Mais si ! Ça va passer ! Mais bien sûr que si, tu rigoles ou quoi ! Ils sont complètement débiles, ils regardent là-bas ! Oh ! Je me suis fait prendre !» Je trouve ça fou ! Il n’y en a pas un, en fait, qui a les mains propres. C’est dingue !
Quelle est votre plus grande rencontre dans un bar ?
ARTUS : Alors ça a été une rencontre seul, parce que lui ne m’a pas rencontré. C’était John Malkovich, quand j’étais jeune, que je venais d’arriver à Paris. Je me disais que Paris c’était la ville où il y avait tous les acteurs, et je suis tombé sur John Malkovich le premier jour de mon arrivée. Je me suis dit : « C’est ça Paris ? Il y a vraiment des John Malkovich partout ? »
Après, non, j’ai croisé Julien Lepers, je suis redescendu tout de suite. (Rires) En tout cas, j’ai croisé John Malkovich. J’étais à côté de lui et je le regardais en faisant le mec détaché, parce que je ne voulais pas lui dire : « Ah mon Dieu ! » Je ne voulais pas faire le fan relou, mais… c’était John Malkovich.
Pauvre Julien Lepers…
ARTUS : Non, mais c’était pour créer une échelle, quand même, de classe, tu vois. Et il est très classe, Julien Lepers. Mais ce n’est pas John Malkovich.
Quel est le plus grand talent qu’on puisse avoir ?
ARTUS : Ah… Je fais vraiment des réponses « Miss France ». Mais je pense que le plus grand talent c’est vraiment l’écoute et la compréhension. Et surtout, que le pire défaut c’est la bêtise. Comme disais Jacques Brel : « La bêtise est la mauvaise fée du monde. » Je suis tout à fait d’accord avec lui, je pense qu’il n’y a pas de gens méchants, il n’y a que des gens bêtes. Malheureusement. Et il y en a beau…coup !
Après cette pièce que vous avez tourné pendant plusieurs années dans toute la France et plus encore, quel sera votre prochain projet ? Quel est votre plus grand scoop, aujourd’hui ?
ARTUS : Sur scène, le lancement du nouveau spectacle, en 2024. Encore une petite année, on se concentre sur le cinéma pour l’instant. 2024. Et je peux vous donner en exclu le titre du spectacle qui sera « Sylvain ». C’est un personnage que je fais un peu sur les réseaux et qui va prendre une place importante dans le spectacle. (Avec la voix de Sylvain) « C’est Sylvain et c’est mon copain, il est gentil. C’est Sylvain. »
Le JJQUIZ d'Artus... en bonus !
UN MOT
Chat. Je ne sais pas d’où il sort. En plus je suis allergique, je déteste les chats. Ben, bite, alors ! Ouf ! En plus, je ne sais pas, je pense à une bite et c’est un chat qu’est sorti ! Comme quoi…
UN SON, UN BRUIT
« Mwraaah » (sorte de râle mi-chat mi-corbeau)
UN PÉCHÉ
Euh… l’avarice ! L’avarice mon Dieu !
UN JURON
Ferme ta gueule !
UNE BOISSON
Ferme ta gueule ! Il l’ont fait en light, aussi. Il y a le Ferme ta gueule light qui est hyper bon, sans colorant, je vous le conseille. Pack de 6 de Ferme ta gueule.
UNE CHANSON
Les Vieux Amants de Jacques Brel
« Oh mon amour, mon doux, mon tendre, mon merveilleux amour… » Il est là (Artus montre son avant-bras gauche tatoué – comme le droit d’ailleurs). Je ne sais pas si on le voit mais il est là le Jacquot.
UNE CULTURE
Je dirais…. Argh… L’art contemporain.
UNE RÉINCARNATION
Une guêpe. Vraiment. Nul. Aucun intérêt. Non ? C’est pas bon, c’est pas bien une guêpe ? Ben une bite ! Je ne sais pas quoi te dire ! (Rires) Mais pas la mienne. Si c’est pour ne jamais voir le mec à qui j’appartiens. (Rires) Ça y est, t’as compris ? Non, euh… une réincarnation… Un oiseau, non ? Un truc qui vole, c’est cool. Mais pas un moustique. Un truc qui vole, classe.
UNE CAUSE
L’inclusion des personnes atteintes de handicap
UNE FEMME
Sébastien Chartier (Rires) – (un comédien de sa troupe fait du bruit en coulisses)
Sébastien, je suis en interview, ta gueule ! Ferme ta gueule ! C’est une boisson.
Une femme ?
Sarah
@mlle.sarouche
UN HOMME
Mon papa, Jean-Pierre (avé l’accent du Sud)
Nous c’est Josiane & Josette
C’est pas grave.
JJ, COMME…
Jambon. Et… Javiar. C’est du caviar mais avec un J. (Rires) Jambon et… Putain, y a bien un truc avec J ! Jambon… jambon… euh.. jammmm… Jambon-Jambon. Mets-moi deux tranches de jambon, c’est très bien.
Ah ! Ça devait être ce qui me fait penser à vous ? Ah non, alors je dirais Joie et Jolies, mais je ne sais pas si on a encore le droit de dire des mots comme ça en 2022. Ça va ? Bon. Il faudra bien mettre, attention, que ce terme a été utilisé dans des circonstances qui n’ont blessé personne. (Rires)
© Jessica Forde / CANAL+ / Just Be Com / Paul et Paulette Production / Capel Paris