– “Avec tous les moyens qu’on a aujourd’hui, pourquoi est-ce qu’on n’est pas plus raisonnable ?” Et si la modernité se trouvait dans l’ancien ? Dans ce qu’on sait faire depuis des siècles : planter, aimer, élever, laisser pousser ? (Enfin, pas nous directement parce que Josiane fait flétrir les plantes rien qu’en les regardant…) Et si la révolution, la vraie, prenait sa source dans la terre ? Et si le pain était la vie (et pas que le gras) ?
Nous avons découvert un révolutionnaire solaire, tout en sourires et en mèches rousses, et il nous a plu. Profondément. Rencontrez-le aussi, lui et sa magnifique famille, en allant voir Révolution Silencieuse. Un voyage à travers champ dont Cédric Chezeaux est le capitaine éclairé.
Notre interview de Lila Ribi et Cédric Chezeaux
Lila Ribi, jeune documentariste aux grands yeux clairs, a suivi pendant près de 3 ans la famille Chezeaux établie dans le Jura vaudois. Discrète avec sa caméra, elle capture les moments de vie, de doute, de joie de Cédric, agriculteur, de sa femme Christine, pilier inébranlable de la famille (elle a d’ailleurs quelques pouvoirs magiques) et de leurs six enfants, garçons et filles de 17 à 4 ans.
Ils ont fait le choix de se séparer de Pirouette, de Ratatouille et de toutes leurs frangines productrices assidues de lait. Il quitte (non sans quelques larmes) les dong incessants des cloches pour les chaudes vibrations du gong miraculeux de Christine. Elle fait appel aux êtres élémentaires, à l’optimisme et aux croyances premières pour envelopper d’ondes positives sa famille et la nouvelle orientation de toute l’exploitation. Car, après les vaches, ils regardent le blé pousser.
Du blé ancien pour une agriculture moderne
Mais pas n’importe quel blé ! Cédric a eu comme une révélation avant de lancer sa révolution silencieuse, faisant fi de la mine dubitative de son père et des critiques des exploitations voisines. Il a mangé du pain. Du vrai pain, du bon pain, du pain digne de ce nom, du pain comme Jésus le rompit. Avec de la croûte qui croustille et du goût. Il a alors envie de collaborer avec des boulangers qui pétrissent avec amour, conscient soudain que toute son éducation l’a mené à travailler la terre à l’envers du bon sens, dans l’ignorance des effets destructeurs d’une agriculture consumériste.
Il rejoint l’Association Kokopelli, qui oeuvre pour la libération des semences et la sauvegarde de la biodiversité en rassemblant tous les cultivateurs, professionnels ou non, désireux de planter des graines bios, libres de droits, non OGM et reproductibles (contrairement au lobby de Monsanto, notamment). Depuis, il sème avec son fils Marius des variétés anciennes de blé qui donneront une farine plus riche en protéines, moins “glutotoxique” et des pains d’exception, à l’ancienne, au levain naturel, grâce à Marc Haller. Ses champs ont vêtu des robes multicolores et les épis sont d’une rare beauté.
Révolution Silencieuse : Le pari du plaisir retrouvé
Un pari qui semble incroyable et qui est pourtant d’une simplicité déconcertante. À l’image du film, le premier de Lila Ribi, qui relate avec l’authenticité la plus sincère, sans effet de style ou autre brumeuse complication, l’aventure de ces héros du quotidien. Une bouffée d’air frais, un appel à la conscience, la cohérence, une nouvelle marche vers la révolution… tout en douceur. La famille Chezeaux ne subit pas sa vie et fait ses propres choix, de l’éducation à l’assiette (ce qui revient au même, non ?). Sans aucunement culpabiliser ceux qui ne feraient pas comme eux, ils racontent une fable moderne et tracent un sentier hors norme vers les générations futures. On vous a dit qu’on a aimé ? Un film à consommer en famille sans aucune modération.
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