Les corps tressautent. Dans un flux de pouces levés, les corps se cabrent, trébuchent, se désarticulent, se retiennent, se relèvent. Nous sommes face à cinq danseurs et leur chorégraphe. Assises dans un coin du studio F, tout en bas de Dance Area, silencieuses, nous observons avec attention. Schlak, Fffcchht, Bam, Wouah. Plutôt Tac, Ziiiim, Fffou, Clac. Mouvements, respirations, Marine Besnard mène sa troupe. Elle encourage, corrige ses danseurs-comédiens-personnages mais écoute aussi leurs suggestions, crée en collaboration sous nos yeux. Tatamm Tooowam. Aïe. Une cloque sous le pied a cédé. Une chaussette, une seule, est enfilée. On reprend. Schlak…
Marine a grandit et fait ses classes à Genève avant de s’envoler pour Leeds, Londres et autres contrées britanniques pour parfaire sa formation. Ayant eu son lot d’entrechats, elle a eu une révélation pour la danse contemporaine, plus ancrée, plus animale, plus instinctive. Elle lui parle plus. Le problème ? C’est une discipline qui n’intéresse qu’un public restreint et averti. C’est donc un défi qu’elle se lance : démocratiser la danse contemporaine, rhabiller ses acteurs et diffuser ses chorégraphies autrement.
Suite à une blessure, la danse a fait un peu de place à l’apprentissage du théâtre, du jeu scénique, de l’interaction avec les spectateurs, ce qui enrichit aujourd’hui sa pratique. Elle souhaite effectivement raconter une histoire, incarner des personnages et transmettre un message, de l’émotion par le mouvement. À l’initiative de la compagnie Ciemulator Dance Theatre, c’est sa troisième création (après un duo sur scène et un court-métrage dansé), la première en tant que directrice de troupe. Une expérience qui la passionne et la stimule(ator).
Ces danseurs attentifs, ce sont Alice, Sophia, Eluna, Julien et Jeanne. Des jeunes hyperconnectés qui peinent à s’ouvrir aux autres. Comment se définir aujourd’hui dans un monde qui se défait des rapports directs ? Comment repenser la relation à autrui à l’ère de la “sur”communication virtuelle ? Ce sont les questions que souhaite poser Marine Besnard en présentant #rencontre. Sous forme de triptyque atypique, cette création a emmené ses spectateurs en promenade dans la commune de Plan-les-Ouates en mai dernier. Ecouteurs vissés sur les oreilles, en immersion individuelle totale, chacun a pu profiter de la bande originale de cette déambulation hors du commun, sur les traces des personnages imaginés par Marine. Deux soeurs, un animateur, un guide un peu magique, une amie… Et si la danse permettait de réfléchir son propre quotidien ?
Depuis, trois courts-métrages ont prolongé l’expérience et donné plus de corps à la narration. Il est possible de les visionner sur la page Vimeo de la compagnie.
Et pour conclure, les danseurs renouerons avec leur mode d’expression sur les planches de l’Espace Vélodrome de Plan-les-Ouates à la fin du mois. Ils répètent d’arrache-pied. Tellement d’arrache que le pied de Marine a souffert. Mais Isabelle veille.
Alors ? Qui a encore peur de la danse contemporaine ? Pas nous !
Rejoignez-nous pour découvrir l’univers de cette jeune femme pleine d’énergie, d’ambition et de grâce… au risque qu’elle ne s’enfuie à nouveau vers le nord. Avec elle, les jeunes, beaux et talentueux Rosana Ribeiro (Alice), Sabrina Gargano (Sophia), Erin O’Reilly (Eluna) et Tom Tindall (Julien). À suivre…
#rencontre
Espace Vélodrome, Chemin de la Mère-Voie 60, 1228 Plan-les-Ouates
Samedi 25 juin à 19h30 et Dimanche 26 juin à 18h
Billetterie
À suivre :
Marine Besnard, Ciemulator Dance Theatre
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