Le Mexique a reconnu le droit à l’avortement pour les femmes quand d’autres pays, comme certains États d’Amérique ou la Chine, régressent. Une journée mondiale, une journée de lutte pour avoir le droit de disposer de son corps, encore en 2021.
Si, petites, on nous avait dit que nous devrions lever nos voix (et nos poings) encore, adultes, pour que les femmes à travers le monde puissent disposer de leur corps, pas sûr que nous l’aurions cru. C’était le combat de nos mères. De nos grands-mères, même, pour les plus jeunes. Au moment de penser, éventuellement, à devenir mère, ou pas, il était acquis, pour nous, que nous aurions le choix. Moral, religieux, facile, culpabilisant, ou pas, peu importe, nous avons le choix. Or, nous sommes loin d’être toutes sur un pied d’égalité au sujet du droit à l’avortement. À travers le monde, certes, mais pas uniquement. De loin pas. Les pays que nous considérons, certainement à mauvais titre, comme arriérés ou sous-développés ne sont pas toujours les plus mauvais élèves.
Tour d'horizon du droit à l'avortement
Ah, l’Europe ! Celle des droits, de la liberté, de l’égalité. Hum. Sachez qu’il existe encore des pays en Europe qui interdisent l’avortement. Le Vatican, comme on pourrait s’en douter, mais aussi Malte et Andorre. Ou la Pologne, qui n’autorise d’interventions que pour les grossesses issues de viol ou d’inceste. En Italie, l’avortement est légal, mais une immense majorité des médecins et sages-femmes supposés les pratiquer refusent en dressant bien haut leur clause de conscience. Hypocrisie, quand tu nous tiens…
En France, la Loi Veil (veille aussi), depuis 1975. Elle tient bon et ce malgré sa remise en question, plus que régulière, par certains politiques. Comme quoi. Le pays des droits de l’homme ne voit pas encore les droits des femmes comme une évidence, à l’unanimité. Ce fil fragile, ténu, reste au centre des débats.
Source : Wikimedia Commons 2021
Ailleurs, c’est plus complexe encore. Bien entendu, le continent africain ne fait pas figue de précurseur à ce sujet et reste la partie du monde la plus restrictive en terme de droit à l’avortement. En Asie, rien n’est acquis non plus, à l’image de la Chine qui, après l’avoir pratiqué de manière systématique et dictatoriale pour réguler sa démographie à l’aune de l’enfant unique, garçon de préférence, revient sur ses pas et interdit l’avortement par choix pour relancer les naissances. Il saute alors aux yeux qu’il n’est ici pas du tout question de liberté…
Quant à l’Amérique latine, après de nombreux rebondissements, l’Argentine autorise l’avortement par les poils et le Mexique l’inscrit comme droit constitutionnel. Ouf. On s’en réjouit. Pour le moment.
Pourquoi opposition et retour en arrière ?
Mettons d’emblée de côté l’argumentaire des défenseurs de la vie, comme ils s’autoproclament, des “Pro Life”, qui estiment que l’avortement est un meurtre, purement et simplement. Très souvent religieusement radicaux, les partisans Pro Life trouvent dans cette cause visant la protection de la vie le moyen de prôner un idéal rétrograde et patriarcal.
On ne peut que déplorer les durcissements et restrictions survenues aux États-Unis, en 2019 notamment, encouragés par la triste administration Trump. Remise en cause au Congrès, l’Alabama en fait un crime comme 7 autres États comme la Louisiane ou le Texas, diminution en parallèle de l’information, de la contraception, de l’éducation sexuelle à l’école. Dramatique pour les filles, souvent jeunes et issues de milieux sociaux défavorisés, la situation précarise le statut et le droit de disposer de son corps et de sa vie.
Or, les moyens à la disposition des réseaux Pro Life sont considérables et leur communication massive prend souvent le pas sur les messages des voies officielles. Ces militants « anti choix » sont d’ailleurs souvent les mêmes qui s’insurgent contre le masque, soi-disant liberticide. Ma liberté commence… où ? Colère, rage, et perplexité la plus complète. Il est donc primordial de propager une voix forte, informée, libre de tout dogmet qui puisse rivaliser au bras de fer de la propagande des esprits obscurs.
Oui, le droit à l'avortement est indispensable
Les avortements ont toujours existé. Il est alors nécessaire d’en faire un droit pour répondre de manière médicale, sanitaire et égalitaire à ce besoin.
À partir du moment où l’on considère l’être humain comme sortant du règne animal pour former une caste à part, plus évoluée, plus… civilisée, il faut se comporter comme tel. On ne peut pas avoir le beurre, l’argent du beurre, et la crémière en mère pondeuse par-dessus le marché. Non. À partir du moment où le droit inaliénable de construire sa vie comme on l’entend existe, il inclus de fait le choix d’avoir des enfants ou non, maintenant, demain, jamais, dans cinq minutes ou non. Pour les hommes, et pour les femmes aussi. Et pas uniquement quand la conception s’est faite dans la violence ou l’absence de consentement ou quand il est médicalement nécessaire. Tout le temps.
La liberté, cette petite chose fragile
Et comme chacun le sait, un droit implique un devoir, une liberté ne va pas sans responsabilité. Pour taire dans l’oeuf les arguments qui prétendraient que l’accès à l’avortement inciterait les femmes à en user et en abuser (oui, c’est tellement simple et agréable d’interrompre une grossesse… !).
Oui, même doté d’un sens développé des responsabilités, dans la vie, “Shit happens”. Les accidents, ça arrive. Et si quelques instants de folie sexuelle doivent avoir des répercussions majeures pour leurs auteurs (Shame ! Assume ta légèreté !), pourquoi diantre vouloir ajouter à ce monde un enfant non désiré, souvent né dans une situation précaire ?
La contraception, Messieurs, n’est pas uniquement le fait de la femme et il n’est donc pas juste qu’elle soit seule à en subir les conséquences. Quoi qu’en pense la Bible. Notez qu’il n’a pas été très présent pour les biberons et l’éducation le Seigneur, qu’on se le dise.
Alors, il est là, le problème. En ne donnant pas le choix aux femmes de mener une grossesse à son terme ou non, elles en sont réduites à leur fonction reproductrice et basta.
La liberté ? Mais quelle liberté ?
Oh oui, toi, femme, humaine à la lumineuse mission de donner la vie, comment oses-tu t’y refuser ? Il doit forcément y avoir du malin en toi, de l’égoïsme pur et dur, de la poudre de mauvaise graine…
Parce qu’il ne s’agit pas uniquement d’une grossesse, Messieurs Dames. Pour faire les choses convenablement, il s’agit d’un contrat à la vie, à la mort, pour le restant de ses jours. La petite graine devient embryon, qui devient foetus, qui devient bébé, enfant, ado, adulte, le fi-fils ou la fi-fille à sa maman, pour toujours.
Le géniteur peut toujours s’enfuir, la femme reste. Même si, cet enfant, elle ne l’a pas souhaité, elle n’était pas prête à l’avoir, elle en a hérité par la contrainte, la force, la violence, la résignation. Peut-être qu’elle a juste changé d’avis ? Dites… est-ce qu’il pourrait être envisageable des laisser nos corps tranquille ?