En ce 8 mars 2021, Journée de lutte pour les droits des femmes, nous avons envie de faire un appel à la liberté, d’être et de devenir la femme que l’on souhaite. N’en déplaise aux autres… et même à nous-mêmes.
Injonction d’estime de soi. Obligation de se sentir normale et de s’aimer comme on est. Certes, c’est un virage vers la liberté, un souffle d’air sur les diktats de la minceur imposés depuis que la pub est pub, que l’image de la femme est image. Ceci-dit, même si c’est la patriarcat qui a décidé que le poil n’était pas féminin, est-ce qu’on peut avoir le droit de trouver ça moche ? Est-ce que la liberté de la femme ne serait pas d’avoir le choix… de s’aimer ou pas ?
Le body positive a désormais le vent en poupe. Mais ne serait-ce pas justement un nouveau diktat ? Sans doute moins “invasif” que les fameux idéaux physiques “toujours rêvés jamais égalés” mais qui laissent également les pudiques et les complexées sur le bord de la route. Pas si simple de s’aimer soi-même. Pas si simple d’accepter d’être différente de sa voisine et d’aimer ça, notamment à un âge où tout ce qui sort du lot, de la meute, est détestable et voué à être dissimulé.
S’aimer… ou pas ?
Alors que tous les corps s’affichent, même les rondelettes ont des formes extraordinaires, hors norme, avec une peau lisse et d’une pureté indécente sans une once de bouton ou de cellulite. Comment alors ressentir que ce qu’on nomme des imperfections soient normales et majoritaires chez nos congénères ? Mais ce qui interpelle, c’est qu’il FAUT, à nouveau une injonction, aimer ces imperfections. Mais pourquoi ?
Un drôle de mélange qui embrouille, entre les mensonges des photos retouchées d’Instagram et cette mode qui veut que tout soit digne d’être montré. L’intimité n’existe. L’exhibition est un art de vivre et un moyen de dénonciation et de revendication. Au point d’en devenir également un diktat. Sens-toi bien dans ton corps ou soit vouée à l’échec cuisant d’être une pauvre victime de toi-même et du patriarcat. What ?
Égalité, variété, diversité… liberté
La marque de savon au PH neutre qui a, la première, mis la diversité des corps des femmes sur des affiches gigantesques était pionnière dans la représentation diversifiée de la femme. Une manière de s’identifier pour toutes les femmes, une démarche inclusive, décisive et saine. Or…
Toutes ces femmes étaient belles, voluptueuses, semblaient heureuses. Pas sûr néanmoins qu’elles-mêmes étaient satisfaites de leur silhouette. La pub est par essence mensongère. La preuve, dans les pubs, les gens (les femmes, avouons-le, encore une bataille à mener) font la vaisselle avec le sourire ! Donc, non. La femme Dove n’est pas toujours bien dans sa peau. Elle est aussi embêtée par les hormones, ballonnée, gonflée, défigurée par des sorties d’acné incongrues, parfois dans un timing simultané cruel avec les rides et les cheveux blancs.
Je n’aime pas les poils, les culottes menstruelles me font frémir, et alors ! Toutes les beautés sont dans la nature, oui. Dès qu’il s’agit d’une norme, c’est un problème, oui. La différence, la diversité est belle, oui. Mais est-ce qu’on peut enfin nous ficher la paix si on a envie de se trouver moche de temps et temps ou quand, effectivement, ce n’est pas notre jour ? Est-ce qu’on peut avoir envie de perdre 5 kilos sans pour autant être jugée parce qu’on n’est pas amoureuse de ses bourrelets ?
L’éloge du choix
L’éloge du choix. D’avoir un enfant ou pas. Privilégier sa carrière au détriment d’une vie de famille, et alors ! Et puis si le poil est épilé au millimètre, est-ce pour autant que la femme imberbe est soumise et méprisable ? Confus et perclus de contradictions, les combats féministes se mélangent parfois les pinceaux. Au pluriel, oui, parce que là aussi, nous les femmes (nous le charme, bla bla) sommes les premières à nous tirer dans les pattes. Il y a alors des féminismes.
En faisant ce constat, le premier pas serait sans doute d’accepter nos différences. Sous notre étiquette biologique, nous égrenons un catalogue des féminités, infini listing de différences et de nuances qui méritent, toutes, d’être respectées en tant que telles. Comme une fierté à protéger et à préserver. Même s’il s’agit de pudeur ou de malêtre. Nulle ne devrait être jugée parce qu’elle préfère se maquiller le matin ou se jucher sur de hauts talons le soir. Ce sont des injonctions patriarcales ? Certainement. Mais c’est mon choix, et qui es-tu pour le remettre en question ?
Et puis, à force de se perdre dans de stériles batailles, nous perdons notre temps. De l’énergie qui devrait être mise à profit pour lever le poing pour (tellement) de droits encore bafoués, tellement de libertés encore restreintes. Par sûr que Mesdames Simone Veil et Bader Ginsburg se soient triturées les méninges sur la raison profonde de leur envie de mettre du mascara avant de partir au boulot… pour défendre nos fesses à toutes.
Le B.A.BA de la liberté de la femme et de toutes les femmes en série
Avec ou sans poil, petite ou grande, mince ou grosse, tout est dans la nature et rien est mieux ou moins bien. Chacune a le droit de suivre ses envies. Et parlons-en justement des envies. Rien ni personne, que ce soit des films, des hommes, des copines, des parents, n’ont de droit de citer en ce qui concerne la sexualité. Répondre à une question, soit. Imposer son avis comme une norme, ses habitudes sexuelles comme une marche à suivre universelle, surtout pas.
Outre l’acceptation de son corps, l’apprentissage de sa personnalité, la femme est encore soumise aux “il-faut-tu-dois” s’agissant de sexualité. L’intime se discute et se décide sur la place publique. Et prendre conscience qu’ici aussi il n’y a ni règles ni normalité. L’unique loi est celle de ses envies et de ses désirs qui doivent être respectés par son ou ses partenaires. Point.
La liberté en série
La série de mini-vidéos diffusée en ligne sur ARTE, crée par Ovidie et Sophie-Marie Larrouy, est salvatrice. Parce qu’elle aborde sans aucun tabou toutes les idées reçues et les injonctions cachées en matière de sexualité. Si cachées qu’on en a fait des sacro saints manuels de conduite qui brident plaisir, consentement et épanouissement sexuel.
Les règles, les kilos, la chirurgie esthétique, les positions, la fréquence, la sodomie. Une dizaine d’épisodes courts adaptés de la bande-dessinée éditée chez Delcourt Libres ! Manifeste pour s’affranchir des diktats sexuels d’Ovidie et Diglee qui nous confirment que le choix est la clé. Quel qu’il soit. Petit manuel à lire, à voir, digérer et diffuser. Et diantre, faites ce que vous voulez ! Liberté !
Série LIBRES !
Une série créée par Ovidie et Sophie-Marie Larrouy
Acheter la bande dessinée Libres ! Manifeste pour s’affranchir des diktats sexuels, de Ovidie et Diglee, Éditions Delcourt
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SOPHIE-MARIE LARROUY
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