À coup de 10 épisodes par saison, les personnages de la série Engrenages partagent leurs déboires depuis 2005 avec succès. Ils vivent leur dernière enquête dans la 8e et ultime saison en ligne depuis lundi 7 septembre sur Canal+.
Sans en avoir l’air, ça fait 15 ans que la série française Engrenages, diffusée sur Canal+, capte l’attention de spectateurs, de fans, passionnés par les aventures plutôt houleuses (voire malheureuses) des personnages imaginés par Alexandra Clert, avocate pénaliste dans une vie précédente. Caroline Proust et Thierry Godard, entre autres, portent haut la barque du 2e DPJ.
La série policière validée par les policiers eux-mêmes a su conquérir le coeur du public qui aime son réalisme et l’humanité de ses acteurs. Humanité, qui ne veut pas forcément dire bon coeur. On aurait plutôt tendance à noter les aspects faillibles de chaque rouages, à tous les étages du corps de justice. Du juge au flic, ça coince, les lourdeurs administratives abondent, les abus de pouvoir, les jalousies et les coups en traîtres ne manquent pas. Pour notre plus grand plaisir. Tous pourris ! Mais avec des nuances.
Laure et Gilou, sans Tintin parti à l’IGPN depuis la saison 7, rament chacun sur un bateau. Le juge Roban prend sa retraite et Joséphine Karlsson dévoile ses failles depuis son passage en prison. L’équipe a volé en éclat. Face à leur dernière enquête sur écran, les personnages d’Engrenages continuent de transpirer leurs déboires avec réalisme et émotions.
Guest star tout à fait convaincante dans ce dernier volet, Kool Shen, la moitié du groupe de rap iconique français NTM, joue le bad guy. Un bandit qui a du plomb dans la tête… et dans le calibre. Membre d’un gang de braqueur, il rencontre Gilou en prison et engage le flic sur la sellette qui va en profiter pour mener une enquête en infiltration.
En parallèle, Laure et son équipe, sur la touche, sont envoyés sur l’overdose d’un jeune marocain sans papier. Mais les apparences sont trompeuses et les voici embarqués dans l’engrenage… Une bande de très jeunes délinquants immigrés, des barons de la drogue et quelques vieux briscards, les rues de Barbès sont le théâtre de trafics et de drôles de transactions.
Si vous n’avez pas encore vu la série Engrenages
Sans conteste, une série policière “à la française” qui n’a rien à envier aux autres. Bien écrite, bien jouée, haletante sans que jamais l’intrigue ne prenne le pas sur l’épaisseur de chaque protagoniste.
Du haut en bas, de long en large de la machine judiciaire, chaque strate est incarnée par des femmes et des hommes complexes. Ni bons ni totalement mauvais (même si pour certains on pourrait en douter), la position anti manichéenne des auteurs en fait un programme d’une qualité rare et bienvenue. Rien n’est rose sans tomber pour autant dans la noirceur complète, comme pourrait le faire Olivier Marchal. Sauf que… comme toute bonne chose, Engrenages a une fin.
Et cette ultime saison garde en tous points les traces des précédentes. Questions de société, misère sociale, relations humaines compliquées, tensions et déceptions, tout y est. Comme si le shaker des ingrédients emblématiques d’Engrenages versait son dernier Smoothie sur un Paris grisâtre. Avant de faire ses adieux.
Une performance de jeu
Ce qui fait sans doute la qualité de la série et l’unanimité des critiques saison après saison, c’est le casting irréprochable. Plutôt composés de comédiens méconnus au tout début, on ne doute pas un instant de la pertinence de ces choix. Caroline Proust incarne à la perfection Laure Berthaud, flic jusqu’au bout des ongles qui vit, qui mange, qui dort son job et en oublie vie privée et vie tout court. Mélange de force et de fragilité, petit bout de femme qui transmet l’émotion sans fard avec une justesse rare.
Mention spéciale pour Ali, inspecteur qui rejoint à grands fracas la 2e DPJ lors de la saison 7. Flic ambitieux et droit, il ne se satisfait pas des libertés que peuvent prendre ses collègues avec la hiérarchie ou les règles. Un jeune loup interprété par Tewfik Jallab qui ne reste pas à l’ombre des autres membres du casting.
Une fin, d’accord. Encore faut-il qu’elle soit à la hauteur des 8 saisons diffusées sur Canal+. C’est le cas. Loin de décevoir ses aficionados, Engrenages a su conclure en beauté.
Engrenages – Ultime saison
Série créée par Alexandra Clert avec Caroline Proust, Audrey Fleurot, Thierry Godard, Tewfik Jallab, Bruno Debrandt, Valentin Merlet, Kool Shen…
Engrenages, Saison 1 à 8, intégrale sur Canal Plus