Pianiste et compositeur suisse expatrié depuis plus de 10 ans à New York, Sebastien Ammann est prolixe ! Il vient de sortir Resilence un nouvel album avec son groupe Color Wheel et joue en live, en solo, depuis son salon, sur la plateforme Art is Live !
Un pianiste, encore un, un noiraud, encore un, en interview, encore, un Sebastien, et ça c’est le premier. Sebastien Ammann, depuis Brooklyn, pianote et compose. Notamment un nouvel album, Resilience, à lire en anglais comme en français, avec son groupe Color Wheel. Et puis en ces temps de confinement, il nous offre un peu de musique, en direct ou non, depuis sa page Instagram. Depuis aussi la plateforme solidaire et collaborative en soutien aux artistes en quarantaine lancée au début du confinement par la saxophoniste Caroline Davis et la pianiste Marta Sánchez. Art is Live. Art is Life.
Pas besoin de nous dévisager comme ça. Pas besoin de nous passer à la questionnette ou de nous faire subir le supplice de la langue de chèvre. Nous avouons. Sans torture ni menace, nous avouons que nous avons un faible pour les musiciens. Pour les musiciennes aussi, bien entendu, mais ce n’est pas pareil. En mettant de côté tout l’aspect fan club de midinettes, ce qui nous fascine, c’est la virtuosité, la capacité à faire chanter un morceau de bois ou de cuivre, la porosité du corps en transe qui laisse échapper son âme. Le langage des doigts sur l’objet, la sensualité de l’accouplement entre air et chair. C’est chaud. Nous revoilà prises au piège.
La musique de Sebastien Ammann
Dissonances et mélancolie douce, les compositions de Sebastien sèment une sorte de moue perplexe sur les bouches les moins initiées. Les nôtres, donc. Il recherche l’expérimentation, le son qui transcende l’instant, le rythme syncopé qui claque, quitte à provoquer des moues, justement.
Inspiré par les plus grands musiciens du siècle dernier, il s’approprie leur héritage et l’assaisonne, le pimente, l’Ammannise. Le jazz, ce n’est pas toujours aisé à écouter mais ce n’est pas parce qu’on n’est pas capable de disserter sur le processus d’improvisation des saxophonistes primitifs au troisième siècle avant notre ère qu’on ne peut pas ressentir une émotion et prendre plaisir à fermer les yeux en s’imaginant, bondissant sur les cordes d’une contrebasse.
Ceci-dit, il est capable de tout jouer et surfe entre son quartet, le double clavier du Gary Douglas Band, un groupe de rock à l’américaine pure souche, et les petites menottes d’élèves appliqués, les jambes croisées sous leur piano, il n’arrête pas. Il griffonne aussi quelques notes à ses heures perdues dans son appartement de Brooklyn. Milliers de pattes de mouche sur des portées qui ont donné naissance à des disques. Et à des amitiés.
Comme celle qui lie les membres du groupe Color Wheel, Michael Attias au sax, Samuel Blaser au trombone, Noah Garabedian à la contrebasse et Nathan Ellman-Bell aux percussions. Sebastien assure le clavier et la composition. Leur ensemble fusionnel et virtuose a sorti son deuxième opus, Resilience, aux influences sautant d’un art à l’autre avec désinvolture.
Nous les voyons pousser les portes de l’entrée des artistes du mythique club de jazz Village Vanguard.
L’interview “portrait jazz” de JJSphere
Nous avions réalisé cette interview en 2017, elle n’a néanmoins pas pris une ride. Une multitude de projets et un nouvel album de Color Wheel plus tard, Sebastien n’en a pas pris non plus. Presque.
Ce qu’on retient de Sebastien quand on le croise ? Outre ses mains qui filent sur les touches à la vitesse de grandes araignées agiles, c’est son éternel sourire jovial, la naïveté enfantine et enthousiaste qui pétille dans ses yeux et son envie, toujours intacte, de jouer. Chaque rencontre est prétexte à un nouveau projet et il enchaîne les aventures humaines et musicales avec coeur et passion. Un chic type, quoi.
Un peu de piano jazz en live
Si vous voulez partager une bière avec lui, surveillez ses dates de concerts, quand ce sera de nouveau possible, de ce côté de l’Atlantique ou de l’autre. Mais en attendant, vous pouvez le retrouver en ligne, sur la plateforme Art is Live ou sur les réseaux sociaux.
Sinon, il est évidemment possible de se procurer ses disques, mais il vous manquera le petit supplément de bonne humeur qui est servi avec un Sebastien en chair et en os. Et ça c’est sacrément dommage…
Allez, saute petit cabri, vole vers le succès, marche après marche. Et on s’offrira le voyage pour assister à ta première au Village Vanguard… Mais juste pour ça, qu’est-ce qu’on pourrait bien avoir envie de faire d’autre à New-York, hein ?
Bah… On a bien quelques idées, que vous pouvez retrouver dans notre petit guide new-yorkais ICI.