On pourrait dire, toutes folles d’Alex. Ou toutes folles de Catherine. Parce qu’il est tous ces hommes et toutes ces femmes. Vous le connaissez forcément, vous l’avez forcément déjà vu. Si ce n’est pas au cinéma, c’est à la télévision ou sur Internet. Ou sur scène, dans son premier ou son second one man show. Une frimousse toute en blondeur et en sourire à l’allemande, le jeune homme s’appelle Lutz. On ne le connaît pas encore, on le découvre et d’emblée on l’adore. Son humour précis, ses descriptions jusqu’au-boutistes, jusqu’à l’absurde, provoquent une hilarité bienfaitrice. C’est que le Monsieur a du talent. Une montagne de talent. Qu’il incarne un ami de ses amis, une secrétaire de Canal Plus, un cheval, un crooner ringard un rien bedonnant, il est juste. Il est juste juste, Lutz.
D’une affiche à l’autre, une vie entière est passée. Son visage lisse s’est creusée de sillons, il n’est plus Alex, il est Guy. Un nouveau personnage à son arc qui cumule déjà une flopée de cordes. Guy Jamet, c’est un chanteur yéyé qui a vieilli, c’est une imagerie populaire qui fane, c’est aussi un père qui regrette. Il est le sujet d’un documentaire que réalise Gauthier. Gauthier, c’est le fils illégitime et caché de Guy. Armé de sa caméra, filtre qui le distancie, le protège de ses sentiments, il va à la rencontre de cette star qui fatigue et capture son quotidien.
Avant la première image, une dédicace à nos pères. Ensuite, des cigales. Ça sent les parties de pétanque, les cartes postales de Saint-Trop’ et les soirées d’Eddie Barclay. Un voyage dans les archives des hits en épaulettes. Nous assistons avec une émotion qui grandit au défilé de tranches de vérité, de sincérité. On y croit. À tel point qu’on en oublie l’acteur, on oublie la fiction. C’est Guy Jamet qui nous raconte sa vraie vie. Un documentaire qui parle de chanson, de succès, de cheval, de galas, de coupes de cheveux, de culs. De tendresse.
Les mouvements de bouche, le rythme, la posture, les yeux qui partent dans le vague à la recherche d’un souvenir, qui retournent dans un passé plus fourni que ne l’est l’avenir, Alex Lutz est un vieil homme. Les répliques fusent, parce que l’âge donne aussi une liberté de langage, permet de petits tacles bien sentis qui pimentent délicieusement le scénario. Et puis les détails : une paire de lunettes oubliée, du vocabulaire désuet, un regard qui s’arrête dans un décolleté, des fulgurances, des petites touches d’observations qui habillent et étoffent le personnage, lui donne une consistance. À travers le viseur du fils, on apprend à respecter le père. À nos pères, certes, mais le film raconte les mères, les femmes, qui sont omniprésentes.
Un grand Monsieur incarné par un acteur coup de coeur absolu qui mène sa carrière à grands pas de génie avec ses comparses, non moins talentueux, Tom Dingler et Bruno Sanches, jamais bien loin quand Alex sévit.
Un petit joyau d’intelligence et de sincérité, une sorte d’OVNI du cinéma aussi drôle que touchant. En espérant que le Prix Lumières et le César du meilleur acteur remporté à très juste titre par Alex Lutz pour ce rôle encouragera quelques salles à remettre Guy Jamet en haut d’une affiche qui l’aurait trop vite oublié.
Et comme on ne se lasse pas des performances de l’acteur blond, voici un petit cadeau du week-end, juste pour vous : nos derniers fous rires. Un brin effrayant tant on se retrouve… entre mauvaise foi et pieds dans le plat, il y a Catherine et Liliane, il y a Alex et Bruno et il y a Josiane et Josette. À vos larmes (de rire, évidemment) M’sieurs Dames et mention spéciale à Marina.
Alors merde, soyez vous-mêmes et n’oubliez jamais que le problème, c’est les gens. Bon week-end les cocolets !
Guy
de et avec Alex Lutz, avec Pascale Arbillot, Tom Dingler, Élodie Bouchez…
Catherine et Liliane
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