Asaf Avidan sort son 7e album nommé énigmatiquement Anagnorisis. Et le résultat est absolument splendide. Nous avons eu le plaisir d’en discuter avec lui lors d’une interview JJTV.
L’interview JJTV de Asaf Avidan
Philosophie, humanité et douceur de vivre, il émane du chanteur une aura particulière. Comme si le talent avait une couleur. Ou un arc-en-ciel de teintes : du bleu, du vert, du orange, sortes de filtres visuels pour émotions. Nous avons eu le plaisir de rencontrer l’artiste peintre Asaf Avidan pour une interview polychrome à l’occasion de la sortie de son 7ème album Anagnorisis.
Ana… quoi ? Magie d’Aristote, l’anagnorisis c’est passer de l’ignorance à la connaissance. C’est se confronter à soi-même, laisser son identité profonde se révéler. Lever le voile, chercher la vérité, interrompre le mouvement et s’observer. Anagno(c)risis ? Quelques éléments de réponses Monsieur Avidan dans votre interview ?
Asaf Avidan en introspection
Aussi mystérieux que sa voix est reconnaissable entre toutes, incontournable aussi depuis le remix de sa chanson One Day Baby We’ll Be Old par DJ Jason Medallion, Asaf Avidan s’est lancé dans une introspection à l’aube de sa quarantaine. Une crise ? Sans doute. Heureusement pour nous qu’il n’est pas un amateur de voiture rouge. Le chanteur a préféré s’isoler dans la cambrousse italienne pour faire un bilan de mi-parcours.
Il alors pris le temps. Celui de la découverte de lui-même, de sa multitude de facettes, de sa pléiade de voix, de ses “moi” si divers, à la limite de la schizophrénie. Ces personnages, il les incarne tous. Toutes les voix, c’est lui.
De cette conquête de l’inné, il en reste un album. Loin des interférences humaines, Asaf Avidan s’est mis au diapason de la nature et a écouté ses chansons grandir d’elles-mêmes. Jardinier de leur épanouissement, il les a taillées afin de n’en garder que l’essentiel. Chaque note suit alors la précédente avec la simplicité d’une évidence.
Avec le talent naît une sorte de clairvoyance, de lucidité qui déconstruit les illusions. Parce qu’en définitive, nous allons tous disparaître et mourir, non ?
Et que la beauté soit. En musique et en images. Les clips du chanteurs, comme appendices en mouvements de ses titres, mettent en scène des danseurs. L’un, Anangnorisis, sous la direction de Wim Wenders, un autre, Earth Odyssey, réalisé à travers le monde par les danseurs improvisant eux-mêmes leurs gestes et nommé au Berlin Commercial.
À l’écoute d’Anagnorisis
L’auteur, compositeur, interprète magistral de morceaux aussi riches que variés se révèle. À ses auditeurs et à lui-même. Une dizaine de titres rassemblés et autant de voyages référentiels : jazz, pop, hip hop old school, gospel. Des Fugees à Billie Eilish en passant par David Bowie. Portes qui claquent et sons gutturaux, cris aigus qui finissent dans un craquement à fendre l’âme, Asaf Avidan gronde et nous donne la chair de poule. Des styles qui s’entremêlent pour ne faire qu’un : le sien.
Cet album est celui du contraste. Enregistré ce printemps, il est né des allers-retours entre Tel Aviv et l’Italie, nourri des fourmillements de la ville et du calme de la campagne, de l’immensité des oliviers à perte de vue et de la claustrophobie du confinement. Par strates, chaque couche de couleur s’est ajoutée pour modeler un tout complexe et magnifique.
Depuis que l’album est entre nos mains, il ne quitte plus nos oreilles. Que dire de plus ? Un petit bijou qui fait vibrer nos tympans d’une multitude d’émotions.