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Deux livres pour réinventer la liberté d’expression

'Incorrect' ou 'Les Gros Mots', deux livres, deux manières d'évoquer la liberté. D'expression et d'exister.

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De l’importance de pouvoir exprimer ses opinions sans peur et sans reproche, nous avons pioché deux livres qui font l’éloge des mots, de la parole et de la douce irrévérence. Liberté d’expression : égalité et nostalgie.

Il y a quelques jours sortait en librairie le livre collectif Incorrect : parce que l’irrévérence est trop précieuse pour être laissée aux imbéciles. Écho ironique de l’époque étriquée et restrictive que nous vivons, édité à point nommé, cet ouvrage couronne la liberté d’expression. Et la liberté de vivre.

Un catalogue drolatique et insolent d’images et de coutumes qu’on ne saurait voir aujourd’hui. On feuillette ce livre et on en sort un peu étourdi. Incorrect, comme une soif qui ne s’étanche plus, comme une fenêtre fermée sur un passé trop vite oublié, trop facilement regretté. Qu’avons-nous fait de nos libertés ? Sommes-nous vraiment libres de dire tout ce qui nous passe par la tête ? Et surtout, sommes-nous tous égaux face à la liberté ?

La liberté d’expression, c’est quoi ?

 

Fondement de nos sociétés démocratiques, elle est dénominateur de culture et d’élargissement des esprits, notamment par le progrès scientifique et la création artistique.

Comme le rappelle Jean-Paul Delahaye dans son dossier pour Le Point, rédigé en collaboration avec les services de la Ligue de l’Enseignement, la liberté d’expression est un des principes fondamentaux des droits humains. Elle est donc définie par la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme de 1948.

“Tout individu a droit à la liberté d’opinion et d’expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considération de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d’expression que ce soit.”

Nous pouvons donc parler de tout à condition de ne pas être insultant ou diffamatoire. Soit. Nous avons néanmoins une désagréable impression. Comme une sorte de démangeaison au milieu du dos, celle qu’on n’arrive pas à soulager du fait d’un manque certain de souplesse de nos épaules (et de nos bras mono-articulés mais c’est un autre sujet). L’impression, donc, que tout est inversé, que la liberté d’expression marche à l’envers. Ou à reculons.

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Liberté d’expression ou liberté tout court

 

La liberté d’expression ou la liberté tout court. Une désinvolture de ton et de comportement qui ne faisait pas friser les moustaches de quiconque, qui faisait de mal à personne. Du moins en France, capitale de l’irrévérence classieuse et de l’insolence. Sans pour autant être nostalgique, nous diront les auteurs du livre Incorrect. Or, ce recueil de coudées franches nous donne vraiment l’impression d’une régression, de parole et de libre-arbitre, dont la liberté d’expression est le symptôme visible. Dans sa remise en question et par les violences qu’elle suscite. Un lambeau qu’il s’agit de défendre bec et ongles.

Une marche arrière, disions-nous. Une inversion, un auto-reverse qui s’est amorcé sans que nous ne nous en rendions compte, ou si peu. Car, il est possible aujourd’hui de librement insulter, injurier, blâmer, juger, majoritairement sur les réseaux sociaux, mais également dans la rue. Des pratiques abjectes qui se répandent de plus en plus largement dans une impunité qui laisse pantois.

A contrario, est-on encore vraiment libre d’imprimer, de dessiner, de filmer, d’écrire, de partager ses opinions sans risquer l’opprobre, voire pire, des sanctions innommables de radicalisés de tous bords ? La création n’a plus son mot à dire, l’irrévérence a changé de camp. Et s’est perdue en route, enterrée par la grossièreté, l’indécence, la vulgarité et la bêtise. Triste monde.

Et la femme dans tout ça ?

 

La liberté d’expression se limite, oui. Au respect d’autrui. Du moins en est-ce la règle de base régie par la loi. Ainsi, aussi libre qu’on puisse l’être dans l’expression de ses opinions, il est interdit de tenir des propos sexistes, racistes ou homophobes… Hum. Immédiatement une pensée fuse : la liberté d’expression est-elle la même pour tous ? Ou pour toutes, devrait-on dire ?

Quand un président, que nous ne saurions nommer et qui ne l’est plus pour très longtemps, use de sa tribune publique et médiatique pour affirmer que les femmes s’attrapent par leur sexe, et que, dans un même temps, les femmes rament à libérer leur parole, où en est-on de ladite liberté ?

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Sexiste, la liberté d’expression ? Force est de constater que pour être libérée, la parole doit être en premier lieu empêchée, emprisonnée. Elle n’est par conséquent ni facile, ni acquise pour les femmes. Comme pour les minorités et les discriminés de ce monde. Une liberté d’expression à deux vitesses donc, qu’il convient de préserver, de protéger et d’étendre à tous et toutes, nous semble-t-il.

Il est d’ailleurs plutôt intéressant de noter que les figures emblématiques de la liberté d’expression citées par Jean-Paul Delahaye dans son guide pratique La Liberté d’expression expliquée à nos enfants sont deux femmes qui ont défendu les droits et les libertés des citoyennes, Olympe de Gouge et Simone Veil. Doivent-elles être courbaturées les pauvres à force de retournements forcés dans leur sépulture respective !

Savoir reconnaître les termes pour être libres de les utiliser

Propres à chacun, les croyances, mais nécessaires, les connaissances, comme le mentionnait Jules Ferry dans sa Lettre aux instituteurs de 1883. L’éducation, le développement de l’esprit critique et de la libre expression est au centre de tout. Comme la compréhension de ce que sont les fondamentaux d’une société, telle que l’égalité, la fraternité, la liberté. Ça vous dit quelque chose ?

Pour l’égalité, peut-être qu’un petit tour dans l’Abécédaire joyeusement moderne du féminisme de Clarence Edgard-Rosa ferait du bien à beaucoup d’entre-nous… Slutshaming, mansplanning ou encore… féminisme. C’est un soulagement de savoir que l’on peut prononcer des gros mots à l’envie !

Or, nous pourrions invoquer la vigilance. Un petit signal d’alarme dans notre esprit quand on commence à douter de la pertinence des dessins de Charlie Hebdo. Ou quand on sent une pointe d’exaspération poindre après la Xième parole qui se libère. Par exemple.

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Livre-Incorrect-Nicolas-Bedos

INCORRECT : PARCE QUE L’IRRÉVÉRENCE EST TROP PRÉCIEUSE POUR ÊTRE LAISSÉE AUX IMBÉCILES

 

Livre Collectif, Éditions du Cherche-Midi, Collection Beaux-Livres, 2020

Livre-LesGrosMots-Clarence-Edgar-Rosa

LES GROS MOTS, ABÉCÉDAIRE JOYEUSEMENT MODERNE DU FÉMINISME

 

Livre de Clarence Edgard-Rosa, Hugo & Cie, Les Simone, 2016

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