… Et guiliguili ! Quand on écrit un article sur une humoriste, on se demande à juste titre s’il faut qu’il soit drôle. Le sujet est sensé susciter quelques fossettes, mais sinon, la présentation, l’exposition, le doivent-elles ? Est-ce efficace, comme un contre-emploi choc, d’être sinistre en évoquant l’humour ? A-t-on besoin de truffer le texte de calembours et de gaudrioles pour que la forme soutienne le fond ? Nous aurions envie de vous répondre que non, que l’on peut être lyrique, poétique, excessivement documenté et obséquieusement pointilleux en traitant d’éclats de rire. Cela dit, rien ne nous empêchera de glisser quelques glissades dans le verbe, on est JJ ou on ne l’est pas.
Notre sujet du jour est une sujette. Frimousse mutine, grands yeux marrons et sourire large, Marina Rollman est une usine de bons mots à haut débit . Et comme il est toujours possible d’allier qualité et quantité, ce n’est pas la vitesse qui saurait prendre le pas sur la finesse. Même si sa grand-mère devient chèvre. Genevoise d’origine, Marina partage son temps entre les cieux romand et le soleil parisien. À l’affiche de son tout premier (il y en aura sans aucun doute d’autres) one woman show depuis quelques mois déjà au Théâtre du Marais, elle est en tournée pour faire rire La France, la Navarre sans oublier la Suisse, quand elle n’est pas aux côtés de Nagui et de Leila Kaddour sur les ondes de la Bande Originale. Marina nous a fait le plaisir de croiser notre micro lors de son passage à Genève pour le Festival du Rire d’Estelle Zweifel et Tony Romaniello.
Enfin… Elle a bien croisé notre micro, certes, si ce n’est qu’un problème technique a rendu notre vidéo inaudible. Bien. Très bien même. On ne vous en dira pas plus à ce sujet, si ce n’est que c’est dans ces moments-là que la phrase culte de Sylvie Testud dans Sous les jupes des filles revient en flèche dans nos esprits bouillonnants de désarroi : “J’m’en peux plus !”. Pas de son ? Portrait muet ? Transcription ! En attendant ses prochaines dates genevoises, dont nous ne manquerons pas de vous parler, et peut-être la générosité de Marina pour un second entretien, voici le portrait brossé d’une artiste qui manie avec adresse un verbe franc et frais qui ne se prend pas au sérieux.
La trentaine à peine amorcée, élevée au bon grain d’Elie Kakou, Marina est une touche-à-tout. De la radio elle passe à la scène, de la scène à la télé, de la télé à son fauteuil dans le TGV, de France en Suisse. Avec Un spectacle drôle, elle remplit sa promesse sans artifices ni superflu en enchaînant les réflexions percutantes sur le monde et ses habitants, ses absurdités et ses travers. Observatrice, elle ne manque pas de pincer l’actualité et les tendances qui fleurissent autour de nous.
Elle ne fait pas d’humour suisse. Il n’y a pas d’humour suisse. Il peut y avoir des Suisses qui font de l’humour, Mauro Poggia peut être très drôle à ses heures, en revanche, à son avis, la géographie n’a pas tellement d’emprise sur l’humour. Elle pencherait plutôt pour définir des sensibilités communautaires. Le fait qu’elle soit une femme lui ouvre un champ des possibles, même si l’humour est un domaine, comme tant d’autres, au sein duquel en avoir n’est pas toujours simple. Les thèmes qu’elle aborde sont d’ailleurs aussi variés qu’elle a de facettes, de casquettes, de pommettes et son exercice hebdomadaire d’écriture pour la radio lui construit une langue ciselée mais tendre, pertinente sans être cynique, sans ambages ni tabous mais avec malice.
Si vous ne la connaissez pas encore, branchez vos podcasts, suivez-la sur Facebook et notez ses dates de tournée. Que vous dire d’autre ? Qu’elle n’aime pas le mot “moite”, qu’elle adore les journées de vieux (dormir, se promener un peu, manger, dormir) et que si vous la croisez en terrasse cet été, n’hésitez pas à lui offrir un Hugo (variante de Spritz sans Apérol mais avec du sirop de sureau, de la menthe et du concombre, pour les novices).
Suivez Marina Rollman sans attendre…
