Elles nous irritent et nous fatiguent chaque année, véritable poison réveillonesque, et pourtant… Les traditions de Noël ponctuent de manière récurrente et rassurante notre mois de décembre. 2022 pourrait-il, comme 2021 et 2020 (ou presque, COVID oblige) et tous les autres avant eux, faire une tentative de réconciliation avec ces désuétudes ?
J’ai croisé la cousine Jocelyne devant la Fnac ce matin. Le brushing savamment échevelé, le sourire figé dans une attitude d’hystérie débordée, à deux doigts de la tachycardie ou de la crise d’asthme. Le sourcil épilé, maquillé, levé au-dessus de son masque étoilé, elle me souffle qu’elle court sans s’arrêter depuis 2 jours et qu’elle se réjouit d’être le 1er de l’an pour que la frénésie s’arrête, emmêlée et contrainte qu’elle est par les traditions de Noël, les repas et les cadeaux qu’elles imposent. Vraiment ?
Mensonge !
Elle adore ça la cousine Jocelyne ! La quintessence de notre contrôle de la situation extrême, le plaisir du moindre détail accompli, proportionnel à la complexité de la tâche !
“Une dinde cette année ? Non, nous voulons faire simple, on fait soufflé croquant fourré de mousseline à la brunoise crumbelée. Avec un petit jus réduit. Pour 40 personnes, comité restreint oblige, espérons que les voisins ne vont pas nous dénoncer. Mais on ne va pas s’embêter, tu vois. Sim-pli-ci-té.”
Pareil pour les décorations, la table, le sapin, les bougies, les serviettes. On pourrait se contenter de ressortir les anges de l’an dernier. Mais nooooooon ! Vous ne comprenez pas que la sublime idée de Noël tient aussi dans l’émerveillement qu’elle suscite ? Et que le déjà vu ne scintille pas aussi fort que la nouveauté ?
Les traditions, une usine à magie de Noël
Du neuf, évidemment, pour faire fonctionner notre impulsivité consommatrice et assouvir nos envies devant les paillettes installées dans les commerces depuis septembre. (Oh ça va, on exagère à peine !) Or, il faut que le mélange entre kitsch moderne et traditions prenne comme une mayonnaise.
La magie c’est aussi cette boule schtroumpfs sur le sapin, celle qui était là quand on était petit, ce petit Jésus en bois élimé, poncé d’avoir été trop tripoté, l’odeur des biscuits milanais, toujours la même recette, et la crèche identique. Le retour d’objets, de saveurs, cycliques, qui peuvent asséner les ans qui défilent mais aussi faire s’arrêter les horloges, le temps d’un réveillon.
Une atmosphère chaleureuse et familière. Retour en enfance. Souvenirs immuables que l’on ressasse. Un petit goût amer qui joue des tours. À quoi bon tout ce stress, toutes ces dépenses. Parce que si ce ne sont peut-être plus nos yeux qui brillent, ce sont ceux de nos enfants. Même si la dinde est sèche, même si le chapon c’est pas bon.
Serait-ce cela, la magie de Noël ? La transmission des traditions ? Ou le simple fait de se retrouver tous ensemble, d’oublier pour un instant les querelles, quelques secondes, avant qu’elles ne reprennent de plus belle ? Ce n’est pas possible partout, ce n’est pas possible pour tous, ça va être compliqué pour ceux qui doivent voyager pour se retrouver.
Traditions de Noël en 2022…
Or, c’est aussi une soirée, un matin, suspendus dans les effluves de brioche, de mandarine, de cannelle. De dinde aussi, oui, on sait. Elles ont la vie dure, les traditions et s’immiscent au sein des rapports familiaux les plus sereins pour les faire fulminer, au moins une fois par année. Il y a les pro farce aux marrons, il y a les fuyards qui sautent dans le premier moyen de transport disponible pour partir loin, il y a ceux qui n’en fichent pas une et ceux qui enchaînent les biscuits décorés.
Et il y a ceux qui ont senti leur coeur se serrer lors de la parenthèse (hein, ce n’est qu’une parenthèse) 2020-2021, à l’idée d’un plan de table rétréci, une chaise tous les deux mètres, sans les anciens restés en sécurité, ni le neveu étudiant. Trop risqué. Peut-être que ça a évité de s’engueuler à propos du masque, du vaccin, de la troisième dose, de politique aussi. Quelle joie ! Mais quel dommage…
… et coeurs serrés
Pas de belle-mère cette année ? Tu parles, elle est vaccinée ! Contre la grippe aussi ? Or, quoi qu’il arrive, la nostalgie est de mise. Parce que Noël et toutes ses oppressantes traditions maintiennent des liens et consolident notre appartenance, nos racines. Même Josette s’émeut à la lueur des bougies. Ne serait-ce pas un sourire sous sa perruque bleue ? Quand bien même elle sait qu’il va falloir affronter la foule des retardataires et des cousines Jocelyne en ville le 24, avant que les portes des commerces ne ferment sur son nez. À la der des der, comme chaque année… même si elle avait pourtant pensé à tout et tout acheté en amont, aux heures creuses.
Une fossette, malgré le dos qui tire à force de scotcher du papier sur des objets gigantesques et informes (Ils ne peuvent pas faire des cartons d’emballage symétriques les fabricants de jouets ?), à quatre pattes dans sa chambre fermée à clé, couverte de paillettes. Avec de la musique (de Noël évidemment, le Very Chilly Christmas de Gonzales par exemple), pour se donner du coeur à l’ouvrage.
Allez, avoue, tu adores ça. Parce que tous ces tracas (tout à fait relatifs à nos bienheureuses conditions privilégiées) s’effacent quand la fameuse lueur s’allume dans les yeux de celui que le Père Noël a gâté. À condition de tomber juste, question cadeau, évidemment, mais ça c’est une autre histoire…
Joyeux Noël les amis !
Dernier billet d’humeur de l’année, une occasion de vous souhaiter à tous, nos cocolets chéris, de merveilleuses Fêtes. Nombreux ou pas à table, la magie peut persister, la chaleur doit subsister. Nous vous remercions du fond du coeur d’être toujours plus nombreux, de parler de nous autour de vous, d’être de fidèles membres de JJSphere. À l’année prochaine pour d’autres surprises, d’autres coups de gueule, d’autres rencontres. Et puis des découvertes qui seront racontée dans le magazine et mises en vente sur le JJShop, où vous pouvez d’ailleurs encore trouver toutes nos idées de cadeaux de Noël.
Jingle Bells !