Pourquoi Simone ? Parce que c’est Elle. Pourquoi pas. Simone n’est et ne sera jamais une mauvaise idée. Et puis c’est aussi parce que son visage dur et doux à la fois, combattant, son sourire discret et téméraire a été souillé dernièrement que nous avions envie de le remettre sur le devant, sur le haut, tout en haut, sans tag et sans reproche. Une image contre l’oppression, d’où qu’elle vienne, peu importe son origine ou sa cause obtuse et débile. Parce que nous sommes fières de partager les mêmes valeurs, d’être ses “petites-filles”, d’avoir éventuellement un dixième du quart de sa détermination et de sa force.
Aujourd’hui, c’est le 8 mars. 2019. Encore un. Et que dire pour ne pas entrer dans les clichés bateau de cette journée ? Qu’écrire qui ne soit pas redondant ou juste opportuniste, quels arguments supplémentaires, quelles phrases pour imager oh combien la situation d’inégalité entre hommes et femmes est évidemment révoltante ? Que n’avons-nous pas encore mis sur le tapis du débat ? Qu’ajouter à tous les combats menés avec courage par des héroïnes qui agissent au quotidien pour nous toutes, pour nos filles, partout dans le monde ? Une toute petite pierre à l’édifice, un message d’appartenance, une épaule, un biceps qui se dresse.
Qu’additionner aux sempiternels emails qui remplissent nos boîtes depuis une semaine déjà, ridiculement titrés : “Pour la fête de la femme, recevez un bon cadeau pour des fleurs”, bla bla ? Une voix.
On a parfois l’impression de surfer sur une vague qui noie la cause. À l’image des bêtes violentes qui se rappellent un semblant d’humanité le jour de la Saint-Valentin. Aujourd’hui n’est pas une fête. Nous ne célébrons rien. Ce n’est pas une date à la gloire du rimel, des cheveux soyeux ou du dernier stiletto à la mode. Non. On ne lâche rien.
Si l’on s’en tient uniquement aux mots, la lutte devient fête et les droits disparaissent. Comme c’est étrange. Tout est là, toute l’incompréhension, toute l’inégalité, toute l’ampleur du problème contenues dans l’intitulé (qu’il soit correct ou erroné) et son interprétation faussée, son appropriation multiple. Quel temps perdu, passé à justifier, expliquer, jouer de pédagogie, d’exemples chocs, de preuves par A plus B. Alors que tout se joue dans l’action, tous ensemble ! Alors que le rêve ultime, le but de la bataille, réside dans l’abolition de ce rendez-vous. Une journée mondiale pour le respect des droits humains ? Avec la notion sur-entendue et acquise que ces droits existent et qu’ils sont les mêmes, sans distinction, hommes, femmes, filles, enfants, tous humains ? Chiche.
En attendant que notre baguette magique soutienne les poings d’une soeur, les cris d’une battante, les combats d’une résistante, nous vous souhaitons une bonne fête Mesdames ! La lutte reprend dès demain…
Et pour toujours, merci Simone.
©Photo : Couverture ELLE, juillet 2017