Quand on sait que le prochain conflit mondial pourrait être celui de l’eau, il n’est pas anodin de participer à l’effort commun pour que tous aient accès à l’eau potable. Par exemple en prenant connaissance des actions de l’ONG 1001 Fontaines.
Il est parfois bon de se rappeler qu’on a de la chance. Il y a des journées pour ça. Qui servent de pense-bête, de dépoussière-mémoire. Comme la Journée mondiale de l’eau du 22 mars. C’est tellement banal, quotidien, d’avoir de l’eau potable qui jaillit de nos robinets à l’envi, par une simple pression du doigt. Ça coule de source, n’est-ce pas ? Sans pression du tout parfois, même, juste par un mouvement, une esquisse de geste qui déclenche un mécanisme et hop ! L’eau fût. L’eau est. Imaginez le nombre de gestes, d’actions, de rituels et d’habitudes qui demandent leur déci, leur litre, leur bidon d’eau pure et propre. Imaginez maintenant que l’eau est sale, que l’eau est maronnasse, que l’eau est chargée de bactéries. Qu’il n’y a pas d’eau potable. Ça remet en perspective le petit bain-bougies-verre de blanc, hein ?
Sous nos clémentes latitudes, comme le chantonne Jacques Dutronc, on y pense et puis on oublie. Presqu’aussi vite. Or, il existe des organismes, des initiatives de gens généreux, courageux, ingénieux qui se propagent, agissent sur le terrain et arrivent jusqu’à nous, rendant leur cause un peu plus prégnante dans nos esprits. C’est le cas de l’ONG 1001 Fontaines. En cette Journée mondiale de l’eau, nous avons voulu allumer un spot, diriger nos lumières vers cette très belle action humaine et humanitaire qui repousse de quelques pas la guerre de l’eau.
Les débuts de l’ONG 1001 Fontaines
Une idée c’est très souvent une rencontre. Ici, c’est celle de Chay Lo, un cambodgien plutôt doué, et de Virginie Legrand, française qui va le soutenir pour qu’il puisse faire des études, par l’intermédiaire de l’organisation Enfants du Mekong. Des études d’ingénieur qu’il va brillamment terminer et qu’il va mettre à la disposition et au profit de sa communauté. Même si les plus grandes entreprises lui déroulent leur tapis rouge, Chay Lo veut amener l’eau dans son village. Depuis 2004, avec Virginie et rejoints par François Jacquenoud, ils lèvent des fonds pour implanter des water kiosques partout dans les territoires ruraux du Cambodge et puis de Madagascar, ensuite.
Un water kiosque, c’est une mini usine de purification de l’eau qui fonctionne à l’énergie solaire à l’aide de filtres, de micro-filtres et de lampes UV. L’eau y est surveillée, régulièrement vérifiée, pour s’assurer de sa qualité et de sa potabilité. La première station voit le jour en 2005 et est rejointe au fil des ans par quelques 200 frangines. L’objectif ? 240 water kiosques au Cambodge et une autogestion par des ressources locales qui leur assurent une parfaite autonomie. Et l’ouverture du programme dès que possible au Vietnam et en Birmanie. Ce n’est que le début…
Un projet durable
L’idée n’est pas uniquement d’apporter des structures dans le pays concerné, mais aussi et surtout, de former ses habitants à les gérer entièrement. C’est ainsi qu’un entrepreneur choisi au sein de la communauté du village va avoir la responsabilité professionnelle de son water kiosque. Il gèrera la vente de l’eau aux habitants à un prix raisonnable (pas plus de 3% du revenu). Il alimentera en eau gratuitement les écoles qui dépendent de son kiosque. Enfin, il reversera une partie de son revenu à la structure régionale qui elle s’occupe de former les entrepreneurs et de surveiller la qualité de l’eau sur tout le territoire.
Comme une micro-franchise, chaque antenne dans chaque village participe au bon fonctionnement du système à plus grande échelle. Au centre, il y a l’individu dont la vie change, dont les frais de santé diminuent, dont les enfants se portent mieux, vivent. Au final, le pays s’auto-suffit et 1001 Fontaines se retire.
1001 Fontaines en Suisse
En Suisse, plus qu’une association, 1001 Fontaines, c’est un visage. Celui d’Anne-Christine Bervillé qui porte l’action de 1001 Fontaines en Suisse romande avec Chrystèle Jacqmarcq. Dans les écoles particulièrement. Très souvent, ce sont les enfants les déclencheurs de la sensibilisation des adultes. Trop occupés, trop sollicités, nous sommes effectivement plus enclins à tendre une oreille attentive lorsque ce sont nos enfants qui évoquent un sujet qui les touchent.
C’est ainsi qu’Anne-Christine a monté des partenariats avec 12 écoles de Suisse romande au sein desquelles sont apparues des fontaines-tirelires. 20 litres de pièces de CHF 2.- pour autant d’enfants qui boiront à leur soif sainement pendant une année au Cambodge ou à Madagascar. Les enfants parrainent les enfants. À l’occasion de la Journée mondiale de l’eau, certains se mettront à courir pour récolter plus de fonds avec la Run 4 Water, d’autres se rassembleront en centaines de gouttes bleues pour une photo vue du ciel.
Comment participer à leur action
En donnant, évidemment. Pas de panique, cela dit, personne ne vous demande de retourner vos poches. Il suffit de 2 CHF pour offrir une année d’eau potable à un enfant du Cambodge. Une goutte d’eau dans l’océan peut faire la différence. N’hésitez pas à vous rendre sur les sites Internet de 1001 Fontaines, en Suisse comme en France, pour partager ce qui pour vous va de soi. Pour mettre “des petites gouttes d’eau dans votre coeur“, comme dirait Anne-Christine. Et si vous êtes enseignant, directrice d’établissement, membre du Département de l’Instruction Publique, vous pouvez faire un pas de plus en faisant participer votre école, votre classe, au programme de sensibilisation de l’association 1001 Fontaines. Contactez-les, elles sont fantastiques d’enthousiasme et de générosité.
Parce que l’eau n’est pas une évidence. Pas encore…