Le mot de l’année ? Conscient. C’est du moins celui que nous hisserions sur un podium qui comporterait certainement aussi populisme et dab, ce ne sont pas toujours les meilleurs qui gagnent. Conscient, parce que c’est la mouvance du bien, du bon, du bio, du sain. Dans notre société où rien ne doit être laissé au hasard sous peine d’être affublé d’un sobriquet du genre négligé-négligeant, la conscience est maîtresse de tout. La pleine conscience pour certains, l’attention pour certains, pour soi, pour les autres, pour être sur le droit chemin (vers quoi ?) il faut consommer conscient.
Ce n’est pas nous qui blâmerions cette mouvance qui, si elle n’était pas un rien méprisante envers ceux qui ne la suivent pas, est positive et semble bénéficier à un retour raisonnable à l’essentiel. Loin d’être parfaits, tous autant que nous sommes, nous essayons. Consommer mieux, consommer moins. Et, si l’achat devient inévitable, même si on n’ose plus compter le nombre de sacs remisés au fond de son armoire, même si c’est superflu, même si c’est une compulsion superficielle vers le beau, même si trop faible pour résister on craque, il y a des créations qui en valent la peine. Il y a des projets qui valent l’attention. C’est le cas de Kariaa.
Kariaa, un projet solidaire
Des sacs et des pochettes, oui, mais pas uniquement. Surtout, pas que ça. D’abord parce qu’ils sont fabriqués entièrement à la main dans des coopératives indépendantes du nord du Maroc, du début à la fin pour certains, à partir de pièces tissées (kilim) il y a plusieurs dizaines d’années et réhabilitées par des doigts de fées pour d’autres. Ensuite, parce que 10€ par sac sont reversés directement à l’Association Solidarité Marathon des Sables pour l’alphabétisation des femmes, l’équivalent de 3 cours. Ainsi, tout le système économique et social du quartier d’Isfoutalil à Ouarzazate est valorisé et le savoir-faire ancestral de la région reconnu et commercialisé.
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La femme derrière Kariaa
Cette belle initiative a été lancée il y a quatre ans par Emma Step. Tombée totalement amoureuse de la région du Haut Atlas lors d’une mission humanitaire, elle y rencontre des femmes. Nombre d’entre elles n’ont pas accès aux études et, par conséquent, au travail. Touchée par leur histoire, elle lance Kariaa, une marque de sacs tissés qui met en lumière l’artisanat tout en participant à l’indépendance des femmes dans une entreprise en circuit court. Et puisque la liberté n’existe qu’avec l’éducation, elle crée un partenariat avec l’association Solidarité Marathon des Sables qui l’a hébergée lors de son premier séjour à Ouarzazate. Kariaa contribue ainsi avec le fruit de la vente de ses produits au financement du programme Femmissima pour l’alphabétisation des femmes.
La lumineuse Emma espère pouvoir ouvrir son projet à d’autres régions, d’autres pays et ainsi encourager l’entreprenariat dans des parties du monde où il y a encore beaucoup à faire pour que les filles deviennent des femmes émancipées.
Quand l’instruction est devenue une telle évidence qu’on en oublie que c’est une chance, c’est qu’on est né du bon côté du globe. Il serait temps de le… conscientiser. Et puis faire un petit pas, un tout petit pas dans le bon sens.
En définitive, n’oublions surtout pas l’essentiel : c’est qu’ils sont magnifiques ces sacs, les cocolets ! Impossible de vous retrouver dans la situation embarrassante où votre voisine de bus porte le même pull, le même jeans, la même veste, le même sac, les mêmes chaussures que vous (Ah bon ? Vous aussi vous êtes une adepte de Zara ?) ! Unique, éthique, ethnique, pratique. Tout simplement humain et fait à la main.
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