Agir avant qu’il ne soit trop tard. De petites actions pour chacun qui ont un énorme impact pour tous. Portraits en bande-dessinée de super humains, des héroïnes et des héros qui tracent un chemin vertueux au quotidien pour sauver faire un monde meilleur. Rien que ça.
Vous les connaissez, vous, les 17 objectifs de développement durable pour 2030 ? L’ONU a répertorié les grands thèmes qui peuvent faire un monde meilleur. Dans tous les sens du terme. De la pauvreté aux inégalités en passant par l’éducation, l’eau potable, la santé, la justice et les infrastructures innovantes et durables, de beaux et grands enjeux qui demandent l’engagement de toutes et tous.
Car, oui, évidemment, la préservation de la planète par la modification de nos comportements destructeurs représente le cœur du combat environnemental. En être conscient, c’est bien. S’investir et agir, c’est mieux. Surtout si c’est à la portée d’un enfant ! Les 17 objectifs de développement durable concrétisés en portraits de super-héroïnes et de super-héros, tous compilés dans une BD pratique et motivante pour rendre le monde meilleur, c’est possible et ça existe ! On commence par quoi ?
Ne vous faites pas d’illusion. La planète n’a pas besoin d’être sauvée. Elle continuera ses circonvolutions séculaires bien après notre disparition. Comme elle le faisait avant l’Homo Sapiens, d’ailleurs. Alors quoi ? On ne fait rien ? Bah… Et si on se sauvait, nous ? Pas en s’enfuyant ou en faisant l’autruche, la tête bien enfoncée dans le sable grignoté par les eaux qui montent. Non.
Si on se décidait à donner une seconde chance à l’humanité, une chance à nos enfants de s’épanouir et de se reproduire dans un cadre ni trop chaud, ni trop froid ? Si on se motivait à rendre le monde meilleur pour y vivre plus longtemps et dans de meilleures conditions ? C’est, en bref, le défi global du développement durable. Ils sont référencés par l’ONU dans son agenda 2030 en 17 objectifs majeurs. Ils semblent lourds et pompeux mais sont pourtant entre les mains de chacun, du plus petit au plus grand, et dépendent de nous tous. Ainsi, leur connaissance et leur mise en œuvre semblent représenter un chapitre d’importance dans l’éducation de nos enfants…
Et si on agissait pour un monde meilleur ?
En 2018, la musicienne et photographe Valérie Martinez bifurque, traverse la route, choisit un nouvel embranchement sur son rond-point. Elle fonde l’association Un Monde Meilleur et décide de consacrer son temps à la sensibilisation et à la pédagogie à partir de thèmes divers, qui ont tous en substance l’espoir en l’humain et en la vie.
Son cheval de bataille, fleur au fusil, est devenu alors le développement durable, ses objectifs. Sa mission est alors de les faire découvrir au plus grand nombre. Notamment aux plus jeunes qui pourraient se décourager à force d’entendre que leur avenir n’est pas très rose (ni leur présent d’ailleurs). Alors ? Concrètement ? Que faire ? Une BD, pardi !
Medium de prédilection des enfants et des jeunes ados, la bande-dessinée permet une vulgarisation et une proximité avec les lecteurs. Sans en avoir l’air, les objectifs de développement durable s’insinuent dans les cerveaux jusqu’à… devenir des évidences ? On espère.
Par ailleurs, l’inclusion dans le projet d’artistes comme Peggy Adam et Pierre Wazem aux crayons enrichit le propos et ajoute de la vie aux pages qui auraient pu être rébarbatives. Ils dessinent de la magie et des ailes. Celles des femmes et des hommes qui pourraient sembler ordinaires et qui accomplissent l’extraordinaire quotidiennement.
La BD Un Monde Meilleur, on en pense quoi ?
Le résultat est enjoué, simple sans être puéril, plein de joie et d’optimisme. Le but n’était pas du tout de mettre l’accent sur ce qui ne va pas mais vraiment de mettre en avant des personnalités de proximité qui consacrent leur vie à changer la nôtre ou à faire de petits pas dans la bonne direction. Ne fut-il pas dit à une certaine époque : Un petit pas pour l’homme, un grand pas pour l’humanité ?
Nous avons demandé à Valérie Martinez de nous parler de ce beau projet initié par Un Monde meilleur, l’association, qui, devenu BD, est à mettre entre toutes les mains des 8-12 ans et de tous leurs parents.
Questions à Valérie Martinez, artiste et fondatrice de l’association Un Monde Meilleur, à l’initiative de la BD du même nom
Comment est née cette bande-dessinée, Un Monde Meilleur, qu’elle en a été l’impulsion ?
Valérie Martinez : Le but premier était de trouver entre 15 et 20 super-héroïnes/héros pour faire une série de portraits, que je souhaitais ensuite exposer en plein centre-ville (sans savoir si cela serait possible). Je pensais les interviewer et relater leur parcours et leurs actions dans un livre qui accompagnerait cette exposition. À ce moment-là, je ne connaissais pas du tout les 17 objectifs de développement durable.
C’est lorsque j’ai pu interviewer Jonathan Normand, directeur de B-Lab Suisse et l’un de nos portraits, que le lien s’est fait. Jonathan m’a dit : “Pourquoi ne relierais- pas chaque portrait à l’un des objectifs ?”
Je me suis alors renseignée sur ces objectifs et j’ai pris conscience oh combien ils étaient méconnus de la population. L’idée d’en faire une bande-dessinée s’est développée en chemin. J’ai frappé à la porte des différentes institutions pour leur présenter le projet en leur demandant de me conseiller sur certains choix, notamment pour que les contenus soient adéquats, aussi bien scientifiquement que pédagogiquement parlant. Ils ont tous été motivés et ont dit oui, quasiment dès le début.
Voilà, j’étais lancée dans un projet qui allait me prendre tout mon temps durant 2 ans. L’association est donc née ainsi et j’ai aussi pu bénéficier du soutien de super ami.e.s ou de personnes qui le sont devenues en chemin. Maintenant nous sommes une petite équipe, dont Isabelle Muller qui collabore avec moi depuis bientôt 1 an.
À qui s’adresse cette Bande-dessinée ?
Valérie Martinez : Cette bande-dessinée s’adresse à tout le monde mais plus particulièrement aux enfants entre 8 et 12 ans. Je me posais régulièrement la question de ce que pouvaient ressentir les enfants face à toutes ces nouvelles dramatiques dans le monde et au sentiment d’impuissance qu’elles provoquent.
On ne parle pas assez de ce qui va bien. C’est pourtant tellement important de prendre soin du moral des gens. Je voulais aussi réagir face aux images que la société met en avant, aux différents référentiels affichés un peu partout (beauté, argent, surconsommation) qui, à mon avis, sont trop souvent hors-réalité et génèrent un mal-être chez les jeunes comme chez les adultes. La consommation remplit finalement un vide créé par ce même système qui nous pousse à être quelqu’un d’autre.
Or, l’idée de mettre en avant des personnalités locales qui œuvrent pour le bien commun, tels des super-héroïnes et des super-héros ne quittait plus mes pensées. Comme lorsque une musique vient à nous.
Pourquoi l’adresser aux plus jeunes ? Ne pensez-vous pas que ce sont les adultes qu’il faut majoritairement sensibiliser ?
Valérie Martinez : C’est une question que je me suis posée à plusieurs reprises, au début. Ce qui se passe, n’est évidemment pas de la responsabilité des enfants. Mais c’est eux qui continueront à vivre dans ce monde plus tard et c’est par l’éducation que l’on peut profondément changer les choses.
J’ai récemment entendu que la jeune génération avait le sentiment d’être une «génération sacrifiée». C’est extrêmement triste. Il est de notre devoir de leur redonner confiance. Cette confiance passe aussi par le fait de se sentir «puissant» en tant qu’individu pour changer les choses et c’est le message que cette BD souhaite transmettre.
Nous pouvons toutes et tous agir pour le bien commun. Je pense aussi sincèrement que si un enfant prend conscience de certaines choses concernant son environnement et qu’il en fait part à ses parents, ce message aura bien plus d’impact positif. Il donnera davantage l’envie d’agir aux adultes. Cette BD est donc axée sur les solutions déjà existantes et sur des valeurs de résilience, de confiance en ses propres capacités, de solidarité et de créativité.
Comment avez-vous choisi les deux artistes Peggy Adam et Pierre Wazem ? Était-ce une évidence ?
Valérie Martinez : Je n’avais aucune culture de la BD. Les seules bandes-dessinées que je pouvais lire, enfant, étaient Picsou et Lucky Luke… Ce projet s’est construit sur des rencontres. À chaque fois que je collaborais avec quelqu’un, cette personne me parlait de quelqu’un d’autre qui pouvait aussi participer au projet. En l’occurrence, pour le choix des dessinateurs, c’est notre graphiste Vincent (lui-même conseillé par un autre ami) qui m’a suggéré de prendre Pierre (Wazem). Ensuite, Pierre m’a proposé de faire cette collaboration avec Peggy (Adam). Ce sont deux dessinateurs merveilleux et très à l’écoute. C’était une joie de pouvoir bosser avec eux.
Comment s’est constituée votre collection de super héroïnes et héros ?
J’habitais juste à côté de l’ASL (la Sauvegarde du Léman) et je passais régulièrement devant en me posant la question du comment et de qui avait pu initier le projet du nettoyage du Léman. Lorsque j’ai eu l’idée d’Un Monde Meilleur, je me suis dit qu’en tout premier lieu j’allais aller le présenter à l’ASL. Je n’avais encore parlé à personne de cette idée. Le pari était : Si l’idée leur plaît, je ferai tout pour la réaliser. Ce fût le cas !
Alors, j’ai rencontré l’incroyable Amanda Melis qui a initié le projet Net’ Léman. Cela m’a donné confiance et j’ai commencé à en parler tout autour de moi. Plein de gens connaissaient des personnes qui œuvraient, souvent dans l’ombre, pour un monde meilleur… Il y en a beaucoup !
J’ai aussi eu l’aide des institutions pour essayer d’être au plus juste dans ces choix. C’était difficile de n’en sélectionner que 17, car ils sont vraiment beaucoup à réaliser des choses formidables.
17 objectifs… c’est trop… ou pas assez… lequel vous semble le plus « facile » à réaliser et lequel vous semble le plus mal barré ?
Valérie Martinez : Je n’arrive plus à les voir comme trop ou pas assez. Ils sont tellement liés les uns aux autres. Chaque objectif fait sens avec tous les autres, a un impact sur un autre. Je crois que c’est une vision globale que l’on doit avoir de ces objectifs pour être sûr d’arriver à transformer les choses à temps.
Mais le plus important me semble l’objectif 16, l’objectif lié à la Paix. Chaque pays, chaque individu, est maintenant concerné par cette urgence climatique. Nous sommes obligés d’agir toutes et tous ensemble. Pouvoir communiquer pacifiquement pour trouver des solutions communes est donc primordial.
Que souhaitez-vous que cette BD accomplisse ? Quel serait votre rêve le plus fou ?
Valérie Martinez : Quelle puisse inspirer les enfants et leur dire que tout est encore possible. Qu’ils peuvent aussi agir à leur niveau et découvrir que le partage, la solidarité et la créativité peuvent rendre bien plus heureux qu’un nouveau gadget. Et puis, que nous avons le droit d’être différents et que c’est une richesse. Qu’ils puissent trouver de la joie et de la confiance en lisant cet ouvrage et que cela puisse leur permettre de développer leur propres idées, oser. Si cet bande-dessinée peut réussir à inspirer ne serait-ce qu’un seul enfant, alors ça en valait tous les efforts.
Pouvez-vous nous dire deux mots de vos futurs projets artistiques et pédagogiques avec l’association Un Monde Meilleur ?
Valérie Martinez : Nous allons maintenant essayer de réaliser des contes pour enfants avec la dessinatrice Isabelle Muller ainsi qu’une BD pour les plus grands. Voire même une BD mondiale mettant en avant 17 super-héroïnes et héros dans différents pays. Nous avons aussi le souhait de réaliser «La maison du développement durable» à Genève, ce qui nous permettrait d’organiser des ateliers pour les enfants autours de l’art et du développement durable.
Créer, agir, éduquer. À travers l’art, inspirer, innover et donner envie d’inventer. Lire et apprendre pour le bien commun. De la pédagogie pour changer de paradigme. C’est tout ? Quelques valeurs qui pourraient changer le monde…