De vraies rousses aux mèches qui embrasent les regards ça ne court pas les rues. À tel point que les brunes, les blondes et les noiraudes (on ne parle pas de vaches, merci) ont recours à des subterfuges ingénieux à forte concentration en colorant et autre henné pour mettre le feu à leur crinière. Parce que l’orange, c’est beau, c’est lumineux, c’est joyeux. Nous en avons rencontré une, une qui se décline par dizaines, une sensiblement reproduite aux subtiles différences. Elle se balade, décomplexée, dénudée, au fil de ses humeurs, la Petite Rousse.
Cette petite rousse n’a rien de petit et n’a rien de dénudé. En tous cas, elle avait enfilé quelques vêtements quand nous sommes venues lui rendre visite dans son appartement. Véritable galerie d’exposition, les murs retracent les périodes de création de Stefanie Bisso-Bloch. Jamais rassasiée, elle parcourt de nouvelles formes d’expression pour chaque présentation à son public. Du dessin sur papier kraft il y a deux ans, des carrés à l’encre de Chine et des galets peints ensuite. Margot, la grand-mère de Stéfanie, s’est mirée pour l’occasion dans une Marguerite à son image.
Passionnée de mode et de stylisme, Stefanie est passée par la section couture des Arts Déco avant d’en avoir ras l’ourlet et de bifurquer vers le graphisme. Aujourd’hui, c’est ce qui fait bouillir la marmite et lui permet d’explorer d’autres univers lors de son temps libre. Sa nouvelle marotte ? Elle collectionne des images découvertes en surfant sur le Web et les assemble par thématiques. Grands formats ensuite imprimés sur canevas de bois, ces collages virtuels s’affichent comme des mood boards.
La seule qui la suit depuis des années, c’est son clone sur papier, son image crayonnée, sa rouquine coquine. Elle traverse sa vie et ses périodes d’inspiration comme un fil rouge. Roux.
Elle sera à l’honneur pour la troisième exposition de l’illustratrice qui met en scène son personnage dans des décors photographiques. Des rues, des flaques, des champs fleuris, la petite rousse diaphane survole en transparence les paysages. En toute légèreté, elle exhibe ses longilignes courbes avec fraîcheur.
Nous ne sommes pas rousses, nous n’avons pas osé jouer avec la teinture, nous n’avons pas la jolie peau joliment laiteuse et puis nous avons finalement opté, au grand bonheur oculaire de tous, pour la version vêtue de nos personnes, alors nous n’aurons d’orange que la petite rousse sur nos murs. Et puis c’est tout.