Sur le point de reprendre la route pour une série de concerts en Suisse avec un show inédit, à Lausanne, Schaffouse, Lucerne du 8 au 10 octobre 2021, Zurich en décembre, Guillaume de Kadebostany nous parle de création et de sa République fictive dans le cadre rosé de son appartement lausannois.
Prélude du deuxième acte de Drama, le single Take Me To The Moon marquait en avril 2021 le retour de Kadebostany sur la scène pop mondiale. Loin des planches pendant le confinement, le DJ compositeur et producteur en a profité pour essorer ses cahiers de notes et mettre ses idées en mélodie. Il nous a offert un premier titre lumineux, élégant et délicat en duo avec une princesse moldave, Valeria Stoica. Kadebostany et se prépare aujourd’hui à se produire sous les projecteurs pour un Swiss Tour qui promet des concerts, nombreux et d’anthologie. Kadebostany nous raconte en interview ces temps étranges et la présidence ludique, créative et libre de son alter égo à moustache.
L'interview vidéo de Guillaume de Kadebostany pour la JJTV
Voyage brumeux vers la lune en duo
Comme il l’a déjà fait à de nombreuses reprises pour des tubes qui ont été écoutés partout sur la planète, Kadebostany façonne encore une musique qui n’appartient qu’à lui. Défiant son propre genre, ses propres acquis, il vise des contrées encore inexplorées. De la pop, oui, mais aux teintes libres et multicolores qui s’affranchit de ses prédécesseurs et trace sa route résolument moderne. Take Me To The Moon. Et pourtant on le reconnaît.
Dans les images du clip, Kadebostany met en scène sa propre mort dans un camaïeu rétro aux arrières plans brumeux. Tourné en Suisse l’automne dernier, ce morceau annonce le prochain EP du compositeur, Drama – Act 2 à paraître bientôt. L’atout charme de ce titre : une voix. Celle de Valeria Stoica co-compositrice de Take Me To The Moon. Chanteuse et musicienne, elle apporte rondeurs et chaleur aux rythmes électro qu’elle envoute de quelques litanies en roumain. Jusqu’aux sommets enneigés d’une République onirique.
L'interview intégrale To The Moon de Kadebostany
Bonjour ! Est-ce que vous pourriez vous présenter à votre manière ?
Kadebostany : Bonjour à tous ! Je m’appelle Guillaume de Kadebostany et je suis le Président de la République de Kadebostany.
Tout d’abord, comment allez-vous ? Et comment se porte le « Pop Empire » ?
Kadebostany : Tout va bien, merci ! Je suis content parce que mon nouveau single avec Valeria Stoica vient de sortir, il s’appelle « Take Me To The Moon », un single accompagné d’un vidéo clip qu’on a tourné en Suisse. Ça marche super bien, il y a un réel engouement. Et c’est un titre dont je suis très fier. Donc, ça me met bien.
Pour ceux qui auraient le mauvais goût de ne pas vous connaître (rires)…
Kadebostany : (Rires) Ça arrive !
… Ou qui ne pourraient pas voyager jusqu’à vous en ce moment, pourriez-vous décrire les principales caractéristiques de votre République ?
Kadebostany : C’est une République fictive que j’ai créée il y a une dizaine d’années pour, en tant qu’artiste, avoir une sorte de canevas, une base pour développer toutes mes idées artistiques. Donc je me suis autoproclamé Président de cette République fictive. Et c’est vrai que c’est un concept qui m’aide énormément en tant que créatif à justement avoir une ligne directrice visuelle et sonore. En même temps, ça me permet beaucoup de liberté, le fait d’avoir un pays. Je peux aller où j’ai envie, je peux faire de la folk comme de l’électro. Au gré des sorties des albums, c’est toujours très différent.
Où est-ce que vous en êtes dans votre conquête du monde ?
Kadebostany : Alors, en ce qui concerne la conquête du monde… Avec Kadebostany ça a toujours été global, on a sorti notre musique dans plein de pays. En fait, ce qui est intéressant avec « Take Me To The Moon » c’est qu’il y a vraiment énormément de pays qui ont suivi ce single. Et j’en suis super fier. Il y a des distributions qui ont été faites un peu partout. Plein de gens talentueux, de labels, dans le business de la musique, qui ont travaillé sur ce titre et ont eu un gros coup de cœur.
Conquête du monde, ça fait un peu peur, mais quelque part, la finalité de tout ça c’est quand même de propager une musique qui fait du bien et qui est assez ouverte.
Il y a d’ailleurs un indice sur votre prochaine conquête… Mais avec quoi et surtout avec qui partiriez-vous sur la lune ?
Kadebostany : C’est marrant… C’est un morceau que j’ai écrit avec Valeria Stoica, une artiste qui vient de République de Moldavie. Un ami m’a conseillé d’aller écouter ce qu’elle faisait et j’ai flashé sur sa voix, son univers. Elle est plutôt dans la folk. En 2020, juste avant le confinement, je l’ai invitée à Lausanne pour essayer d’écrire de la musique ensemble. On y a passé 3 jours et, entre autres, on a écrit « Take Me To The Moon ».
Entre les autres morceaux, il sortait vraiment du lot. Je ne sais pas, j’imagine qu’il y avait cette envie d’écrire sur le désir de s’extraire de la planète Terre et d’aller vers quelque chose de plus grand. L’inspiration venait aussi de « Space Oddity » de David Bowie. Il y a des images dans cette chanson qui m’ont inspiré le thème de « Take Me To The Moon ».
Quand j’ai raccompagné Valeria Stoica à l’aéroport, les frontières fermaient. C’était fou.
Est-ce que justement cette période de confinement a été productive pour vous ? Peut-on espérer un album qui fera suite à ce Single ?
Kadebostany : Ouais, ouais ouais ! J’ai beaucoup composé, j’avais du temps, parce que d’habitude je fais beaucoup de tournées. Entre 80 et 100 dates par année. C’est assez intense. Donc, j’ai profité de ce temps pour être dans mon studio, inviter du monde à travailler et oui, il y aura un album. Je pense plutôt développer le format EP. J’avais déjà sorti l’année dernière « Drama – Act 1 » avec différents titres. Et puis là, je vais faire « Drama – Act 2 » et « Take Me To The Moon » en fait partie.
J’aime bien le format EP, parce que ça me permet de, quelque part, raconter une histoire, mais sur 20 minutes. Pour l’auditeur aussi je trouve que c’est intéressant, parce que 20 minutes, ça passe quand même assez vite, ça demande moins d’investissement qu’un album d’une heure à l’écoute. Je trouve que, sans vouloir suivre les tendances et faire du marketing, c’est plus adapté à la période dans laquelle on vit, où les gens zappent facilement. En 20 minutes, on a le temps quand même de raconter une histoire avec un début, une évolution et une fin.
C’est effectivement de plus en plus comme ça qu’on “consomme” la musique.
Kadebostany : Oui, et je ne suis pas contre une évolution des modes de consommation. Je ne dis pas que c’était mieux avant. J’ai connu l’époque où on faisait des albums. Après, avec « Drama », c’est en deux actes. Si je fais encore 2 actes, à la fin je les réunirai tous pour former un grand album, c’est sûr. Mais en tout cas, je trouve assez intéressant de les sortir par épisodes.
Vous avez mentionné des invités venus composer avec vous dans votre studio, que pouvez-vous nous dire de vos prochains featuring, de vos prochaines collaborations musicales et artistiques ? Avez-vous des rêves dans ce domaine qui ne se seraient pas encore réalisés ?
Kadebostany : En fait, je ne travaille pas forcément avec de « grands noms ». Concernant la créativité, je suis quelqu’un d’assez spontané et pur. Je ne dis pas que si quelqu’un de très connu me proposait une collaboration, je n’en serais pas content. Mais je suis plutôt dans le coup de cœur artistique et musical. Et puis surtout dans l’échange. Le fait de se dire qu’on va passer du temps ensemble pour voir si on réussit à créer quelque chose de magique. Donc, oui, je collabore avec des gens qui sont très connus, plutôt sur d’autres territoires que la France et la Suisse, et je vais souvent là où on ne m’attend pas.
En l’occurrence, je collabore pour les prochains morceaux avec trois filles, chanteuses ukrainiennes, qui chantent un peu sur un mode folklore ukrainien et c’est hyper prenant, hyper puissant. Comme sur « Take Me To The Moon » où on entend du Roumain, j’essaie d’incorporer des passages qui ne sont pas forcément chantés en anglais. J’essaie d’avoie cette teinte… Je ne sais pas comment dire, je déteste le mot « ethnique »… Mais j’essaie de ne pas être cantonné uniquement à de la pop chantée en anglais. Et j’aime bien quand il y a des éléments apportés de manière hyper sincère qui permettent de voyager et d’amener d’autres couleurs à la pop et à la musique que je crée.
On se réjouit ! Vous êtes aussi un maître du show, dans quel décor avez-vous envie d’installer votre prochaine mise-en-scène ?
Kadebostany : C’est vrai que j’ai développé un nouveau spectacle, qui s’appelle « Drama », évidemment, qu’on a commencé à tourner. On a fait 4 dates, notamment en France, et on a dû arrêter à cause de la pandémie. Ça commençait hyper bien, c’est triste, on a fait de super beaux shows. Et la petite spécificité, c’est que puisque je collabore avec plein d’artistes différents au niveau de la discographie en studio, alors pour assurer le show, je travaille aussi avec d’autres artistes qui interprètent les titres de mon répertoire.
Ça veut dire que j’ai travaillé avec quelqu’un qui s’appelle Fang (Fang The Great), un jeune homme qui vient de Paris qui a une voix incroyable et une super présence sur scène. Et puis une jeune femme qui s’appelle Célia (CÉLIA) qui, elle, est basée en France mais vient d’Italie. J’ai une mise en scène comme ça, avec un homme, une femme, et aussi un groupe sur scène avec des cuivres, etc. Un show de Kadebostany est assez différent de celui d’un groupe traditionnel parce qu’on essaie d’aller très loin dans la mise en scène.
On reconnaît les morceaux. Si vous aimez un morceau de Kadebostany, quand vous venez nous voir en live, clairement, on vous joue le morceau, mais j’essaie d’aller plus loin, de raconter une histoire, d’avoir des projections… Sans aller jusqu’au théâtre, il y a quand même quelque chose d’hyper immersif. C’est ça ma volonté par rapport au live.
Qu’est-ce qui vous motive le plus justement quand vous vous lancez dans un nouveau projet ? Des images ? Des sons ?
Kadebostany : C’est un peu difficile à dire. J’ai l’impression, de base, que c’est l’ennui qui me pousse à faire des choses. Parce que je me lasse très vite d’un spectacle, je n’aime pas répéter toujours la même chose. Alors quand on parle d’une tournée, la « Tournée Monumentale », avant « Drama », c’est 3 ans avec en moyenne 80 dates par année un peu partout dans le monde. Au bout d’un moment, au bout de 3 ans, il faut que je passe à autre chose. Donc, je change un peu les équipes, ça évolue au niveau des instrumentistes sur scène et de la mise en scène.
Mais voilà, j’aime bien développer de nouvelles choses. J’ai un carnet, comme ça, et je note toujours plein d’idées, toute la journée. Puis, après, quand c’est le moment de créer quelque chose de nouveau, je vais fouiller dans mon carnet. Il y a des mots clés, des fois, ce ne sont pas forcément des choses très précises. Pour « Drama », il y avait comme ça l’idée d’aller à l’opéra et de découper le travail, le spectacle, en actes. Ce sont des images, des sensations, que j’ai ressenties en voyant tel ou tel film et que j’ai notées sur un coin de table. Après, j’ai envie de les développer et de les transformer en spectacle.
En parlant de film, est-ce que de créer une bande originale serait quelque chose qui vous plairait ?
Kadebostany : Oui. Justement, je me sert un peu de cette période pour développer d’autres activités, liées à mon activité principale qui est de composer de la musique. Et je me rapproche vraiment de la musique à l’image, ce côté-là est vraiment passionnant. C’est vraiment une autre activité mais j’aime bien me mettre au service de quelqu’un d’autre.
Des fois, les gens sont un peu étonnés et me disent : « Tu es un Président, tu as créé ton État, tu as envie de tout contrôler». Mais en fait, non. Alors, je sais ce que je veux, mais s’il faut se mettre au service de quelqu’un d’autre, je suis le meilleur soldat. Je sais où est ma place dans un projet, j’aime savoir ce qui est attendu de moi. C’est vraiment une activité que j’adore et que je développe à fond en ce moment.
Vous êtes un faux mégalo, en fait.
Kadebostany : Ouais… Je suis un timide déguisé en mégalo. En fait, c’est ça le truc. Mais je crois que les gens des fois confondent un peu l’ambition avec la mégalomanie. C’est clair que je suis ambitieux, que je travaille beaucoup et que je place la barre très haut pour moi. Mais ce n’est pas forcément négatif d’avoir envie d’aller loin. Et c’est un moteur ! Je travaille avec des équipes qui, je pense, aiment être motivées à aller toujours plus loin. Si je peux être un moteur pour des gens, si je peux les inspirer à se surpasser, je vais me coucher heureux.
C’est votre personnage qui est mégalo.
Kadebostany : Oui, et comme vous dites, c’est un personnage. J’ai dû aussi grossir le trait quand j’ai commencé pour installer le personnage. Dans les médias, il faut beaucoup répéter les mêmes choses, forcer un peu le trait pour arriver un peu comme un uppercut.
Maintenant, je peux me permettre de me relâcher un peu, d’expliquer un peu plus qu’il y a une différence entre le créateur et l’alter ego. D’ailleurs, j’ai lancé ma chaîne de télé qui s’appelle Kadebostany Télé, qui est un prétexte pour expliquer ce que je fais, comment je le fais. Mettre aussi en avant les différentes personnes avec lesquelles je collabore. Il y a déjà 4 épisodes qui sont sortis et qui abordent différents sujets : la création de morceaux, comment faire un vidéo clip… Voilà, j’aime bien.
J’ai une certaine légitimité maintenant au bout de 10 ans. Les gens connaissent les morceaux. J’ai un certain savoir-faire que je mets à disposition des gens si ça les intéresse. Libre à eux d’en faire ce qu’ils veulent et éventuellement même de me poser des questions. Je réponds facilement aux messages Instagram. Quand c’est sérieux et que c’est motivé par une envie d’apprendre… ou même des idées… je suis vraiment hyper ouvert à ça.
Le JJQuiz de Kadebostany, questions-réponses POP !
Photos : ©Kadebostany / NSK