Culture

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L’amour à l’indienne

Coup de coeur pour SIR, premier long-métrage intense et coloré de Rohena Gera. Rencontre.

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Quand on évoque la comédie romantique, on a tout de suite des titres qui nous viennent en tête comme Notting Hill, Love actually ou, bien évidemment, Pretty Woman. Par exemple. On a d’ailleurs l’impression qu’il faut être anglais, américain ou s’appeler Richard Curtis pour être capable de parler d’amour avec ce petit sel d’humour, d’improbable et de happy end qui font de ces films des classiques incontestés que nous sommes capables de voir plusieurs fois (des centaines) dans une vie  sans pour autant se lasser. Et bien figurez-vous que nous avons fait la découverte joyeuse d’un petit bijou du genre et qu’il nous vient d’Inde. SIR est un film issu de l’imagination d’une femme (une fois n’est pas coutume) Rohena Gera. Cinéaste qui a démarré sa carrière en tant que scénariste et documentariste, elle se plonge pour la première fois dans la réalisation de fiction en racontant un pan de vie d’une jeune demoiselle positive, pleine de vie et emprunte d’une grande force de caractère dans un contexte social et culturel de castes rigides. Histoire d’une tresse, histoire d’un coup de coeur JJ.

 

©XenixFilm
©Semaine de la Critique – Cannes 2018

 

Rohena fait tout ! Scénario, réalisation et production, elle porte son film sur ses épaules et, sous ses mèches flamboyantes, se dessine un sourire ravageur et une douceur joyeuse. Profondément intéressée par les rouages amoureux et les sentiments humains, les tensions entre les êtres, elle dessine un conte. Pas vraiment celui d’une fée, pas complètement celui d’une super héroïne. Un, dont le prince est certes charmant mais pas chevaleresque, au courage ténu mais présent. Parce que se défaire de carcans inflexibles inculqués, tatoués dans les veines depuis des générations, c’est plutôt valeureux.

Le conte ? Un homme, plutôt aisé, plutôt jeune, plutôt beau gosse, qui se retrouve seul dans son appartement de Mumbai. Seul, pas tout à fait, puisqu’il bénéficie des services de Ratna, sa bonne, qui rêve de tissus, de couture, de stylisme. Ces deux personnages que tout oppose, à la faveur du huis clos de l’appartement, vont s’observer et se rapprocher. Ils vont apprendre pudiquement à se connaître malgré les différences et les moeurs qui ne supporteraient pas qu’une aide de maison, aussi intelligente, belle, volontaire et ambitieuse soit-elle n’entre dans le champ des possibles d’un riche Monsieur cultivé, aussi triste,  seul et perdu soit-il. Ainsi soit-il ?

Le couple que forment Tillotama Shome et Vivek Gomber fonctionne si bien à l’écran que quand on voit les photos des acteurs à la Semaine de la Critique cannoise, on pourrait se croire invité à un mariage princier. Dans leurs regards, l’étincelle qui brille est contagieuse et, foi de Josette, nous étions prêtes à maudire le ciel si ces deux-là ne finissaient pas ensemble à la fin de l’histoire ! Ainsi soit-il ? Courrez le voir pour le savoir !

Pour parfaire totalement notre plaisir cinématographique, nous avons eu la chance de rencontrer l’instigatrice de ce chef d’oeuvre de simplicité et de vérité. Rohena Gera s’est prêtée au jeu des JJ, permettez-nous de vous la présenter…

 

 

Rêves de grandeurs, envies d’ailleurs, qu’ils soient géographiques ou uniquement mus par une impérieuse volonté de liberté, celle de suivre le chemin que l’on se choisit, ni imposé par la naissance ni par les circonstances, ce sont les sentiments qui nous submergent une fois la dernière lettre du générique passée. En y ajoutant une palette de couleurs vives et innombrables, des images esthétiques, un rythme modéré maîtrisé et des personnages touchants, drôles, riches, nous pouvons classer ce film dans la boîte douillette de nos coups de coeur. Et c’est bien entendu sans même prendre en compte le regard lumineux et la gentillesse de Rohena, le plaisir que nous avons eu à croiser sa route. Merci de nous avoir fait rêver, rire, pleurer, de nous avoir émerveillées, de nous avoir offert une parenthèse de vie sans futilité, de pure humanité, une beau conte dont la forme soutient le fond, qui ne manque pas de profondeur. Une carte postale de Mumbai qui ouvre une porte vers un cinéma que nous connaissons mal mais qui regorge de pépites. Merci Rohena et bravo à ses talentueux acteurs, la brillante Tillotama Shome et le charismatique Vivek Gomber. À suivre, sans hésiter.

 

 

SIR de Rohena Gera
avec Tillotama Shome et Vivek Gomber
en salles depuis le 9 janvier 2019

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