… et le sable ça brûle, et le sel, ça pique. C’est tout. La plage en été, ce n’est pas toujours la sinécure, mais on ne peut pas dire qu’on n’est pas prévenu !
Ça vous est déjà arrivé de vous imaginer observer l’humanité par au-dessus ? De vous prendre pour Dieu ou un géant intergalactique en somme, c’est ça, et de regarder tous ces petits humains qui gravitent sur Terre, avec vous aussi, le petit vous qui est là et qui se prend pour Dieu. Non ? Jamais ? Sachez que nous pratiquons fréquemment cet exercice, notamment parce que nous avons une haute estime de nous-mêmes, souvent lorsque nous avons du mal à saisir l’absurdité de certains comportements de nos congénères. Et les nôtres par la même occasion. Pensez aux boîtes de nuit. Est-ce que ce n’est pas complètement dément d’aller s’enfermer dans une pièce borgne, la plupart du temps microscopique, suant et trébuchant (ça c’est à cause de l’alcool, mais on ne le voit pas d’en-haut), pour se trémousser sauvagement pendant des heures par petits groupes en secouant les bras et en hurlant comme des sonnés ? Comportement de dingues. Maintenant, la plage. Est-ce qu’on peut évoquer la plage en été ?
Le plaisir absurde de la plage en été...
Dès qu’un banc de sable, plus ou moins caillouteux, offre ses mètres carrés, plus ou moins nombreux, à proximité d’un parking ou d’un lieu de villégiature (on ne va pas commencer à marcher !), le voilà envahi par des bancs (eux aussi) de chair humaine en mal d’exposition solaire (et dont, en plus, on doit se protéger ardemment). Allez M’sieurs Dames, on se serre, on se serre !
Du haut de notre perchoir lunaire, nous voyons tous ces petits insectes sur deux pattes tirer des traits entre leur serviette et la mer (en principe quelques mètres dans l’eau, pas trop loin, pas pour nager malheureux, juste pour la trempette et un p’tit pipi discret) et puis parfois des traits le long de la grande bleue pour une promenade bronzette-observation-potins. Toute la journée. En troupeau. Est-ce qu’on a peur de se perdre en s’éloignant un peu des sentiers battus ?
... Et on remet ça chaque année !
Un ballon dans la tronche, du sable sur la serviette, un troll qui hurle, re-sable sur la serviette. Un peu de calme ? Ah non ! Chichis, chouchous, bello coco fresco, foot massage, robes, lunettes, joujoux, merdouillons, shit ou autre, nous faisons la joie de vendeurs courageux qui crament leurs dorsaux pour récolter trois ronds et soumettre à la tentation nos joyeux drilles adeptes de la consommation.
Ensuite, le soir venu, il y a le resto ou la promenade sur le quai, où l’on croise les mêmes visages (pour ne citer qu’eux), rougis, sur des corps habillés cette fois, évitant de se regarder dans le blanc des yeux parce que s’étant trop observés de haut en bas toute la journée. Tiens, voilà le Monsieur poilu et la dame aux varices ! Étrange plaisir que celui de l’estivant.
Tout ça parce que l’eau, ça mouille, le sable, ça brûle et le sel, ça pique. C’est tout. Dément.