Pas sûr que les stations de ski voient leurs remontées mécaniques tourner inlassablement cette fin d’année 2020. Pas sûr que le petit vin chaud puisse couler à flot. Pas sûr que Jean-Eudes et Jeanne-Pomme fassent leur premier chasse-neige entre Noël et Nouvel-An. Mais pourquoi se morfondre ? C’est une bénédiction !
(Sauf pour les secteurs économiques saisonniers de la montagne, cela va de soi, ceci est un billet d’humeur qui ne souhaite se mettre à dos ni restaurateurs, ni personnel de tire-fesse.)
Chaque année c’est la même rengaine. Et chaque année, on se demande pourquoi. Si cette espèce d’horreur de Covid qui nous a plombé 2020 (on prie à genoux pour que 2021 soit plus lumineuse, sociale, culturelle, gastronomique, amoureuse, tactile, nomade. Et la santé, bien sûr.), on peut en tirer néanmoins, au moins une conclusion positive. Et nous ne parlons pas du Noël sans belle-maman – on nous a bien rabâché de protéger nos vieux, alors on protège. Non. Nous pouvons cette année nous passer du ski ! Peu importe les cris du cadet qui voulait absolument améliorer son schuss : c’est pas possible, c’est COVID !
Quoique nous en connaissions quelques-uns et surtout quelques-unes qui ne manqueront pas de rechausser les lattes malgré tout, se rabattant de France en Suisse et faisant réserves de masques polaires et de gel hydro-alcoolique anti engelures. (Celui de Mizensir par exemple, on ne sait pas pour les engelures mais il sent bon). Pourquoi ? Je vous le donne en mille : la mémoire fait défaut ! Alors pour toutes ces brebis égarées, voici un petit reminder/flashback de l’hiver dernier…

Le ski en famille, un rêve devenu réalité
Debout à l’aube et penser à tout. Crème solaire, lunettes, mouchoirs, lèvres, gants, masque, forfaits, bâtons, snack, col roulé. Masques et gel cette année aussi.
-“T’as fait pipi ?
Repasser pour remettre les chaussures, l’élastique de la combi par-dessus, fermer le zip, remonter le col, s’habiller, se chausser, se retourner, vérifier, sortir. Porter. Porter jusqu’aux remontées mécanique, macérer dans sa propre sueur sous les couches, se dire qu’on s’est trop habillée. Pester contre ce fichu masque qui nous donne des boutons, nous fait suinter de la bouche et respirer notre haleine. Joie.
Arriver en haut, pire, sur un télésiège, et mourir littéralement de froid, se dire qu’on ne s’est pas suffisamment habillée. Pester contre ce fichu masque qui a réussi, on ne sait comment, à laisser suffisamment de passage entre notre nez et nos lunettes de ski. Être aveugle.
Un week-end au ski, ce plaisir infini d’air pur et de plénitude au sommet
Rattraper un gant. Prendre sur soi quand on entend les gouttes de morve faire des allers-retours entre la narine et le menton d’un de ses enfants (ou d’un autre congénère humain), à grands coups de reniflement sonores. Prendre sur soi quand la cadette a besoin de faire pipi. Prendre sur soi en voyant les bretelles de l’aîné absorber le… liquide présent sur le sol des toilettes. Prendre sur soi quand son mari clame qu’il passe une excellente journée, la bière à la main. Prendre sur soi.
Mais pourra-t-il seulement boire une bière sur les pistes ? Et aller faire pipi ?
Et ce n’est que le début. Après, la fatigue se fait sentir, la piste alterne entre bouillasse et plaques de verglas. Avons-nous évoqué les gens ? Mais non, pas encore ! Comment décrire les gens de la manière la plus neutre possible ?
La sécurité et la distance sociale sur les pistes…
Quel plaisir finalement de partir en altitude avec un vieux fantasme d’air pur, de sérénité blanche et de se retrouver dans une station où les voitures sont aussi nombreuses que sur l’autoroute A7 le week-end du 15 août.
Quelle extase de risquer à chaque pas de se rompre le cou (et tout le reste) en maudissant les ingénieurs qui n’ont pas daigné passer plus de temps à réfléchir sur le concept des chaussures de ski. Le paradis, d’arriver au sommet et de se faire bousculer, insulter, passer sur les skis. Bonheur ! Et la descente ? Une promenade de santé entre incivilité et fous furieux (pas d’autres mots).
– “Tu suis derrière ? Ne croise pas tes skis ! Tu t’es fait mal ? Tu ne veux plus descendre ? Tu veux que je te prenne entre mes skis ?”

Trop vieilles pour ça ?
C’est à ce moment qu’on a la pensée pugnace que ce n’est plus de notre âge et que ça n’aurait pas été un mal d’être plus assidue au Pilates cette année. Résultat : fourbue, décousue, déconfite, malade, souffrant de lombalgie aiguë, on se demande, très sérieusement, si on ne va pas arrêter de s’infliger ce genre de chose.
Ne pensez pas vous soustraire à la première partie de la description. Le réveil à l’aube et l’ajustement de l’élastique sur la chaussure après avoir bien entendu bien placé la chaussette au-dessus du collant en prenant bien soin de ne pas faire de plis, ça sera encore pour vous. Mais une fois les trolls partis (avec leur père, un ami, un prof, un chien, peu importe, on s’en fiche, qu’ils s’en aillent !), à vous le café ! Enfin, après avoir débarrassé la table du petit-déjeuner, fais la liste des courses, fait les lits, ramassé les vêtements, passé l’aspi…
Conclusion
Le ski, en fait, c’est pour les jeunes, entre potes, quand montagne rime encore avec champagne. Ou pour les plus âgés qui peuvent décider le jour-même, hors vacances, hors week-end, en fonction de la température extérieure, de l’ensoleillement et de la qualité de la neige, de se faire quelques descentes, seuls sur les pistes, avant une fondue sur les cimes.
Conclusion : nous irons skier quand nous serons vieilles ! À moins que nous ne sautions directement à l’étape fondue… Même si cette année, elle a lieu à domicile.