Les stations de ski voient leurs remontées mécaniques tourner inlassablement, comme une sorte de GIF hivernal. Jean-Eudes et Jeanne-Pomme font leur premier chasse-neige et le petit vin chaud coule à flot. Mais pourquoi ? Oui, pourquoi s’infliger chaque année l’épreuve du ski (quand on est mère de famille) ?
Chaque année c’est la même rengaine. Et chaque année, on se demande pourquoi. Espérons que 2023 (sans cette espèce d’horreur de Covid qui nous a plombé 2020 et un peu 2021 et beaucoup moins 2022 – mais ça serait quand même bien de garder le masque dans les oeufs) soit plus lumineuse, sociale, culturelle, gastronomique, amoureuse, tactile, nomade. Et la santé, bien sûr. Cela-dit, on pu au moins en retirer une conclusion positive… Nous avons pu, ces deux dernières années, nous passer du ski ! Ou presque ! Peu importe les cris du cadet qui voulait absolument améliorer son schuss : c’était pas possible, c’était COVID ! Mais maintenant…
Nous voilà repartis, prêts (on ne parle pas de motivation) à rechausser les lattes. Pourquoi ? Je vous le donne en mille : la mémoire fait défaut ! Alors pour toutes ces brebis égarées, voici un petit reminder/flashback de l’hiver dernier. Et de celui d’avant… et de celui d’avant…
Le ski en famille, un rêve devenu réalité
Debout à l’aube et penser à tout. Crème solaire, lunettes, mouchoirs, lèvres, gants, masque, forfaits, bâtons, snack, col roulé. Masques et gel cette année aussi, les virus traînent.
-“T’as fait pipi ?
Repasser pour remettre les chaussures, l’élastique de la combi par-dessus, fermer le zip, remonter le col, s’habiller, se chausser, se retourner, vérifier, sortir. Porter. Porter jusqu’aux remontées mécanique, macérer dans sa propre sueur sous les couches, se dire qu’on s’est trop habillée. Pester contre ce fichu masque qui nous donne des boutons, nous fait suinter de la bouche et respirer notre haleine. Joie.
Arriver en haut, pire, sur un télésiège, et mourir littéralement de froid, se dire qu’on ne s’est pas suffisamment habillée. Pester contre ce fichu masque qui a réussi, on ne sait comment, à laisser suffisamment de passage entre notre nez et nos lunettes de ski. Être aveugle.
Un week-end au ski, ce plaisir infini d’air pur et de plénitude au sommet
Rattraper un gant. Prendre sur soi quand on entend les gouttes de morve faire des allers-retours entre la narine et le menton d’un de ses enfants (ou d’un autre congénère humain), à grands coups de reniflements sonores. Prendre sur soi quand la cadette a besoin de faire pipi. Prendre sur soi en voyant les bretelles de l’aîné absorber le… liquide présent sur le sol des toilettes. Prendre sur soi quand son mari clame qu’il passe une excellente journée, la bière à la main. Prendre sur soi.
Mais pourra-t-il seulement boire une bière sur les pistes ? Et aller faire pipi ?
Et ce n’est que le début. Après, la fatigue se fait sentir, la piste alterne entre bouillasse et plaques de verglas. Avons-nous évoqué les gens ? Mais non, pas encore ! Comment décrire les gens de la manière la plus neutre possible ?
La sécurité et la distance sociale sur les pistes…
Quel plaisir finalement de partir en altitude avec un vieux fantasme d’air pur, de sérénité blanche et de se retrouver dans une station où les voitures sont aussi nombreuses que sur l’autoroute A7 le week-end du 15 août.
Quelle extase de risquer à chaque pas de se rompre le cou (et tout le reste) en maudissant les ingénieurs qui n’ont pas daigné passer plus de temps à réfléchir sur le concept des chaussures de ski. Le paradis, d’arriver au sommet et de se faire bousculer, insulter, passer sur les skis. Bonheur ! Et la descente ? Une promenade de santé entre incivilité et fous furieux (pas d’autres mots).
– “Tu suis derrière ? Ne croise pas tes skis ! Tu t’es fait mal ? Tu ne veux plus descendre ? Tu veux que je te prenne entre mes skis ?”
Trop vieilles pour ça ?
C’est à ce moment qu’on a la pensée pugnace que ce n’est plus de notre âge et que ça n’aurait pas été un mal d’être plus assidue au Pilates cette année. Résultat : fourbue, décousue, déconfite, malade, souffrant de lombalgie aiguë, on se demande, très sérieusement, si on ne va pas arrêter de s’infliger ce genre de chose.
Ne pensez pas vous soustraire à la première partie de la description. Le réveil à l’aube et l’ajustement de l’élastique sur la chaussure après avoir bien entendu bien placé la chaussette au-dessus du collant en prenant bien soin de ne pas faire de plis, ça sera encore pour vous. Mais une fois les trolls partis (avec leur père, un ami, un prof, un chien, peu importe, on s’en fiche, qu’ils s’en aillent !), à vous le café ! Enfin, après avoir débarrassé la table du petit-déjeuner, fais la liste des courses, fait les lits, ramassé les vêtements, passé l’aspi…
Conclusion
Le ski, en fait, c’est pour les jeunes, entre potes, quand montagne rime encore avec champagne. Ou pour les plus âgés qui peuvent décider le jour-même, hors vacances, hors week-end, en fonction de la température extérieure, de l’ensoleillement et de la qualité de la neige, de se faire quelques descentes, seuls sur les pistes, avant une fondue sur les cimes.
Conclusion : nous irons skier quand nous serons vieilles ! À moins que nous ne sautions directement à l’étape fondue…