Soie d’araignée, protéine de lait, mycélium de champignon ou orties, les nouvelles matières des vêtements du futur arrivent sur le marché de la mode sous l’étiquette de Green Fashion. Issue de la nature mais (encore) loin de la production intensive (et exagérée), la mode de demain sera verte ou ne sera pas. Qui veut s’habiller de toile d’araignée ?
Écologique et verte ne signifie pas forcément vegan. Car les tissus et les nouvelles matières imaginées par les ingénieux ingénieurs de la mode proviennent de la nature et parfois, justement de leurs habitants. Or, il ne s’agit plus de tondre les moutons ou de déshabiller les lapins, mais de récupérer ce qui jusqu’alors ne nous semblait ni utile, ni pratique, ni même possible. On peut déjà imaginer les défilés de robes du soir en soie de toile d’araignée, les vêtements de sport à base d’ortie ou encore les chaussures en cuir de champignon. Nous avions déjà vu les sacs en liège, préparez-vous à lire les étiquettes de vos vêtements avec curiosité et même ébahissement.
Les nouvelles matières de la mode écologique et durable
Ceci-dit, c’est bien joli de nous vêtir de protéine de lait, mais est-ce vraiment plus écologique et durable ? Et qui nous dit que l’araignée n’est pas outrée que l’on récupère sa toile pour en faire des nippe ? Ce n’est pas parce que ses protestations sont silencieuses qu’elles n’existent pas… (à méditer pour tous les animaux dont nous méprisons un peu la vie et la souffrance sous prétexte qu’on ne les entend pas). Est-ce qu’effectivement ces matières technologiquement impressionnantes sont amenées à remplacer celles qui polluent, qui défrichent, qui torturent ?
Encore peu abordable en termes de prix pour certaines, on peut alors rêver qu’elles viendront toutes enrichir l’offre bio, durable, responsable de coton certifié, lin ou chanvre qui s’invitent désormais et de plus en plus dans nos armoires. Il n’est pas encore venu le temps du t-shirt Zara en toile d’araignée, mais on peut se surprendre inventer un monde nouveau qui saurait prendre soin de ses pièces indémodables et incontournables pour les faire durer le plus longtemps possible et ainsi semer loin derrière celle qu’on nomme la fast fashion qui, telle le lièvre de la fable, ne gagnera pas à la fin. Parce qu’on le sait, même si on s’enfouit la tête dans le sable pour ne pas trop le regarder dans les yeux, il faudrait réduire d’au moins 75% nos compulsions shopping. Argh ! Allez, on s’y met… demain ? Non ! Aujourd’hui !
Par intérêt, curiosité, ou même sans que vous vous en rendiez compte, quelles sont les innovations textiles, les nouvelles matières qui ont peut-être déjà croisé votre route ou attiré votre attention ?
Cuir de champignon
Pour sa tenue intégrale noire en cuir de champignon (et néoprène recyclé) ou pour son sac Frayme de la collection Printemps Été 2022, Stella McCartney adhère aux propriétés incroyables du champignon, du mycélium plus exactement, et en tire une forme de cuir résistant, doux et souple, plus vrai que le vrai et plus nature que possible. Un biomatériau, comme on dit, baptisé Mylo, qui respecte environnement et animaux tout en faisant le job. Les promenades dans les sous-bois vont tout d’un coup avoir un autre intérêt…
Cuir de cactus
Piquant, le sac né de la collaboration entre la marque Karl Lagerfeld et Amber Valletta. Mexicain du look à la fibre, le cabas K/Kushion a été imaginé d’après le coussin inséparable du Maestro Karl. Le cactus, ayant besoin de moins d’eau que l’hydrophile coton et qui est ici cultivé sans pesticide, est aussi une solution à la protection des ressources et à la mode intelligente de demain.
Protéine de lait caillé
Ça doit être la nouvelle matière la plus étonnante et la plus improbable. Parce qu’on imagine le lait comme un liquide, l’envisager comme textile demande un petit effort de concentration. Or, la protéine, la caséine, peut s’extraire du lait caillé sans en garder ni la texture ni, heureusement, l’odeur. On en crée alors une fibre qui n’a finalement rien de nouveau puisque le processus existe depuis 2000 ans…
Recycler le lait qui n’est pas consommé pour en fabriquer des vêtements biodégradables grâce à une transformation qui peut être entièrement naturelle nécessite très peu d’eau. Plus légère que la soie ou le polyester, résistante, absorbant l’humidité et ayant des propriétés hydratantes, la fibre de lait est idéale pour les vêtement techniques, de sport, le linge de maison et les personnes allergiques. Ou les mariées… plus blanches que le lait. Magique.
Toile d’araignée
Innovation textile biodégradable, la soie d’araignée évite la mort de l’animal comme pour les vers à soie et ne perturbe pas le bon fonctionnement environnemental. Il se trouve en plus que la toile d’araignée est une des structures fibreuses les plus solides que l’on puisse trouver dans la nature. Ceci-dit, l’araignée n’est pas encore prête à se domestiquer et rend donc l’exploitation à grande échelle compliquée. La marque North Face ou le créateur Yuimana Kazato s’y sont frottés… sans se faire piquer. C’est le prix qui pique encore un peu.
Fibre d’ortie
L’entreprise française de textile Velcorex a depuis quelques années lancé un jean entièrement conçu d’orties et est depuis imitée et égalée. Remplacer le coton dont les cultures sont trop gourmandes en eau et en transport est la gageure des créateurs qui innovent avec, notamment, des mauvaises herbes résistantes qui pullulent dans nos régions : les orties. Peu considérées, souvent insultées, les orties peuvent aussi sublimer les fesses sous forme de pantalon. La green fashion a de nombreux tours dans son sac… en cuir de champignon.