Notre premier coup de coeur cinématographique de l’année, c’est lui. Enfin, c’est elle. Lui, le film. Elle, la reine et la favorite aussi, les favorites. Elles. Sans trop en divulguer, nous allons vous donner 5 raisons de vous donner envie de courir dans les salles pour découvrir The Favourite dès sa sortie.
L’histoire
Comment ne pas être séduit par l’histoire d’Anne, reine de Grande-Bretagne et d’Irlande, dernière de la maison Stuart à monter sur le trône ? N’ayant pas fait de recherches historique avant de voir le film, nous nous sommes plongées ensuite dedans tête la première, tant le personnage est romanesque et tragique. Elle en est touchante dans sa folie, risible dans ses caprices, repoussante dans ses intransigeances. Suivie par ses favorites, on se demande qui manipule qui, qui gagne, qui perd. La laideur humaine et tous ses vices est mise à nu dans un tableau historique cruel qui sent la fange.
Les actrices
Ce pan de vie de la reine Anne, dernière Stuart sur le trône, est magistralement interprété par Olivia Colman, détestable, enlaidie, capricieuse, tragiquement désespérée, naïvement enfantine, manipulée, malade, seule. Cette solitude que l’on ressent quand on est au sommet. Frappée par la vie, dans sa chair, par la maladie qui la ronge, la reine parcourt les couloirs de son palais, claudicante, à la recherche d’attention, d’affection, de joie.
Elle est accompagnée à l’écran par Rachel Weisz incarnant Lady Sarah Marlborough, femme de confiance de la reine, que nous avons énormément de plaisir à retrouver dans un rôle fort à la hauteur de son talent, et par Emma Stone, jeune cousine de cette dernière, qui va fomenter son ascension sociale et se créer une place au plus près de la reine avec ruse et malice.
Des images de femmes, des portraits de femmes qui traversent de leur puissance et de leur port altier les siècles et les livres d’histoire. Avec un grand H.
Sans conteste, la fière Academy des Oscars ne s’est pas trompée en nommant respectivement au premier ou aux seconds rôles les trois magnifiques actrices qui sévissent ici.
L’oeil du réalisateur
Découpé en chapitres, le film du réalisateur grec Yòrgos Lànthimos est une fresque sans concessions au rythme des robes qui traînent et des coups de feu qui claquent. Chaque scène est construite comme un tableau, les lumières se succèdent, chaudes, froides, crues, les cadres déforment visages et paysages, la caméra danse autour des acteurs et s’arrête nette pour sonder l’âme des personnages, sans artifices. Une oeuvre d’auteur assumée.
Le réalisme
Puanteur, crasse, laideur, le film suinte, comme l’époque. La beauté soyeuse et lourde des étoffes, des robes blanches et noires, blanches et bleu jeans, l’extravagance, sont ternies par la peau qui brille, le maquillage grossier, le teint rougeaud, la maladie qui déforme et salit, les corps qui sentent. C’est racoleur comme argument, non ?
L’homme
Il siège au Parlement, tente de prendre le pouvoir politique, guerrier, d’attirer l’attention de la reine. Laquais ou coquet. “A man should be pretty.” L’image parle pour nous. L’homme est en arrière plan, un brin risible, féroce, dans les lieux qui lui sont attribués. Le mélange des genres est rare.
En 5 points et une invective : Allez-y !
The Favourite
de Yòrgos Lànthimos
Avec Olivia Colman, Rachel Weisz, Emma Stone
Sortie le 6 février 2019