L’avenir après le coronavirus est encore incertain. Or, il dépend de nous de ne pas revenir à nos vieilles habitudes de confort destructrices. Comme dirait l’adage : Demain nous appartient. Juliette Binoche et Aurélien Barrau lancent un appel auquel près de 200 personnalités ont répondu. Et demain ?
En écho à leur appel de septembre 2018 dans le journal Le Monde, avec également 200 illustres signataires, Juliette Binoche et Aurélien Barrau remettent le sujet de l’urgence climatique et environnementale sur le tapis. À l’aube du déconfinement, presque général, artistes et personnalités scientifiques tirent la sonnette d’alarme : Non à un retour à la normale ! Please, let’s not go back to normal ! Et repensons nos habitudes, notre manière de vivre, nos systèmes économiques et sociaux. Pour demain, parce qu’indubitablement, notre avenir nous appartient.
Il est en effet opportun de profiter des conséquences de la pandémie de coronavirus pour imaginer un avenir plus juste et plus équilibré, notamment pour la santé de la planète. À l’aune de ce que nous avons tous vécu, à travers le monde entier, de notre capacité d’adaptation et de résilience aux changements de vie drastiques qui se sont imposés, pourquoi ne pas rêver des lendemains meilleurs ?
Demain nous appartient : Repenser le monde d’après le coronavirus
Le monde, sa production et sa consommation effrénées se sont mis temporairement sur pause. Sans nier les conséquences dramatiques que cet état de fait à provoqué dans de nombreuses familles, les drames, les violences, la précarité, nous pouvons aussi nous réjouir. Nous pouvons nous dire que c’est faisable de ralentir. D’être solidaires. Regardons autour de nous : des gestes d’humanité, des propositions d’aide, des collectes de nourritures et de fonds, du temps mis à disposition des plus touchés. On a foi. En nous, et en l’humanité. Il nous semble possible que nous nous dressions contre la catastrophe écologique en cours comme nous le faisons face au coronavirus.
Bien sûr, rien ne peut être si simple et si facile. Il y a et il y aura toujours des gens qui penseront autrement et voteront pour Donald Trump. Soit. Mais nous sommes quand même nombreux à avoir raisonnablement conscience que nous sommes à la croisée des chemins. Que nous pouvons faire basculer notre avenir et celui de nos enfants. La tribune dans Le Monde du 6 mai 2020 rédigée par l’actrice Juliette Binoche et son comparse de combat, l’astrophysicien Aurélien Barrau, va dans ce sens.
Juliette Binoche, Aurélien Barrau, des artistes et des scientifiques, tout autour de la planète
Oui, les signataires de cette tribune sont privilégiés. Mais ont-ils tort pour autant ? N’avons-nous pas tous un énorme défi à relever ? Ne sont-ils pas eux aussi des invités sur cette planète dont l’avenir leur appartient aussi ? La peur du virus, les conditions de vie et d’éloignement social drastiques arrivant à leur terme, d’une certaine manière, nous pouvons décemment libérer un peu de notre cervelle pour réfléchir à demain. Pour nous engager à vivre autrement. Pour encourager notre entourage, nos voisins, nos aînés, nos enfants, nos élus de proximité à faire leur part. À ne pas accepter un retour à la normale, sans rien dire, sans rien faire. Des petits moyens, des petits pouvoirs certes. Mais qui, accumulés, peuvent sans aucun doute accomplir de grandes et belles choses.
Refusons donc de nous jeter à nouveau à corps perdu dans un avenir qui ressemble à hier mais construisons un demain. L’exagération, ça, c’était avant. Non à un retour à la normale. Changeons la norme. En est-on capable ? On pourrait au moins essayer. C’est à nous qu’appartient que tout ça ne soit pas que des mots finalement. Voici ceux de Juliette Binoche et Aurélien Barrau.
“Non à un retour à la normale”, la tribune parue dans le Journal Le Monde
“La pandémie de Covid-19 est une tragédie. Cette crise, pourtant, a la vertu de nous inviter à faire face aux questions essentielles.
Le bilan est simple : les « ajustements » ne suffisent plus, le problème est systémique.
La catastrophe écologique en cours relève d’une « méta-crise » : l’extinction massive de la vie sur Terre ne fait plus de doute et tous les indicateurs annoncent une menace existentielle directe. A la différence d’une pandémie, aussi grave soit-elle, il s’agit d’un effondrement global dont les conséquences seront sans commune mesure.
Nous appelons donc solennellement les dirigeants et les citoyens à s’extraire de la logique intenable qui prévaut encore, pour travailler enfin à une refonte profonde des objectifs, des valeurs et des économies.”
Point de rupture
“Le consumérisme nous a conduits à nier la vie en elle-même : celle des végétaux, celle des animaux et celle d’un grand nombre d’humains. La pollution, le réchauffement et la destruction des espaces naturels mènent le monde à un point de rupture.
Pour ces raisons, jointes aux inégalités sociales toujours croissantes, il nous semble inenvisageable de « revenir à la normale ».
La transformation radicale qui s’impose – à tous les niveaux – exige audace et courage. Elle n’aura pas lieu sans un engagement massif et déterminé. A quand les actes ? C’est une question de survie, autant que de dignité et de cohérence.”
Nous nous abstiendrons pour les signatures qui sont au nombre de 200. Robert De Niro, Madonna, Pedro Almodovar, Marion Cotillard, Joaquin Phoenix, Cate Blanchett, Ralph Fiennes, Isabelle Adjani, Alexandre Desplat, Angèle, Javier Bardem, Mélanie Laurent, Mikhail Baryshnikov mais aussi Nicolas Hulot ou le Prix Nobel de physique Albert Fert.
On pourrait, si les 200 ne suffisent pas, noter l’absence de Leonardo DiCaprio, artiste-activiste le plus engagé pour la planète ou de Bertrand Piccard qui signait d’ores et déjà un texte du même acabit sur le site de SolarImpulse au début de la crise. Par exemple. Il manquait aussi ma cousine Jocelyne. Et puis nous, Josiane et Josette. Et toi.
Alors ? Allons nous, nous aussi, dire non au retour à la normale ? Ne serait-ce pas le moment le plus juste pour se réapproprier le slogan “Le changement, c’est maintenant” ou “Demain nous appartient” ? Où sont-ils trop galvaudés ?
#LeTempsEstVenu
#DemainNousAppartient