Si vous allez, traversez, faites une étape dans le Piémont italien, pas question de ne pas faire une halte au centre de la petite ville de Casale Monferrato. Pas pour faire du tourisme, uniquement pour aller acheter des biscuits. Mais pas n’importe lesquels : des Krumiri Rossi !
Quand on nous propose des biscuits secs, on fait la tronche. Comme leur nom l’indique, ils sont secs. Synonymes : étouffe-chrétien, étouffe-bougre, étouffe-mémé (c’est pas pisse-mémé pour la tisane, ou mémé dans les orties ?), étouffe-gens, étouffe-jj. Résumé : on ne veut pas de biscuits secs. C’est sec ! Mais… Comme nous ne sommes pas des imbéciles (parfois, pas toujours, bande d’insolents), nous sommes tout à fait capables de changer d’avis. Dites : Krumiri Rossi ! Nous répondrons : Ouiiiiiiiiiiii ! Avec à peu près tous ces “i”, méfiez-vous, ça risque d’être strident.
Faire une virée en Italie, dans le Piémont
Dans une petite ville de la province d’Alessandria (on file toujours tout droit vers le centre, alors elle est peut-être grande cette ville, on n’en sait rien), du nom d’une sortie d’autoroute, Casale Monferrato, il y a une place. Sur la droite de cette place (si on vient du parking à ciel ouvert du centre), il y a une petite ruelle avec un magasin de chaussures. Si vous levez les narines, vous pouvez déjà humer dans l’air ambiant la délicieuse odeur de vanille, de pâtisserie qui cuit, une odeur de dimanche, une odeur de goûter chez mamie, une odeur qui trouble, une odeur qui donne faim.
Dans la ruelle, après les chaussures, il y a un immeuble un peu décrépi, un peu planqué, mais vers lequel les passants se pressent. Sur la façade, on peut lire “Krumiri Rossi”, dans la vitrine, une multitude de boîtes en fer rouge. Si nous n’avions pas suivi la trace de l’odeur, nous ne nous serions même pas arrêtées. Et ça aurait été un vrai drame.
Sur la trace des Krumiri Rossi
Accueillies par Dorotea Potinaro, héritière d’une grande lignée de gourmands, nous pénétrons dans le repère du seul et unique biscuit. Seul et unique parce qu’il n’y en a qu’un ! Pas de variante, pas de dérivé, pas d’édition spéciale, dans la famille Rossi, dans l’atelier à l’arrière de la boutique, on fabrique la même corne crénelée depuis 1878. Quand on a une recette qui gagne, pas besoin de chercher midi à quatorze heures !
Au poids dans un petit sachet directement puisés dans un grand tiroir, pour les déguster dès la sortie de la boutique, on peut aussi acheter les fameuses boîtes rouges, vendues dans différents formats. Les biscuits se gardent plusieurs mois à l’abri de leur emballage de papier de soie et de fer. Nous les préférons d’ailleurs (et c’est le comble !) un peu plus sec, sortis de la boîte à l’heure du thé… Un délice qu’il faut tenir hors de portée des enfants. Sinon, ils disparaissent trop vite.
Alors ? Un biscuit ma Jo ? Non. Un Krumiro.